Tuer un âne à coups de figues molles !

Au village, il était connu pour cette expression qu’il disait à tout va !...une sorte de bégaiement automatique parce que quelque que soit le sujet, on avait droit au

« c’est comme tuer un âne à coups de figues molles » !

Avec ça, bien entendu il n’était pas question d’organiser avec ce grand couillon aux jambes de grive et à la figure de poulpe une quelconque entrevue avec Brigitte Bardot !

Parce qu’en plus, au lieu d’aller se jeter aux Goudes ou de fréquenter assidument le bistrot du village, cette bestasse était un assidu des collines et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il avait le cul bordé de nouilles !

Il n’était pas rare en effet de le voir rentrer à la ferme avec le panier d’osier plein de sanguins et il prenait bien soin de passer par le centre du village…
Il ne serait venu à dégun l’idée de l’en empêcher car de toute façon quand il avait une idée en tête, il ne l’avait pas ailleurs… et on aurait eu le temps de « tuer un âne à coups de figues molles » pour le convaincre de passer au plus court pour rejoindre la ferme.

Car le bestiau était un gros m’as-tu vu !!!

Comme on le dit chez nous, il faisait le Mac !

Et que je t’étale à la vue de tout le monde les champignons, et que je te baratine de ci et de ça, bref, cet emplâtre faisait l’article au coin de la rue du bistrot et attirait les 4 petits vieux qui trainaient ainsi que les 3 touristes perdus en ce lieu.
Mais pas pour longtemps car il emboucanait sérieusement et la fuite des curieux s’avérait être la solution de replis d’urgence car cet ensuqué ne connaissait pas plus le savon de Marseille que la Brigitte Nationale la meilleure façon de « tuer un âne à coups de figues molles ».

Le maire ne pouvait quand même pas prendre un arrêté municipal spécialement pour ce jobastre et rouvrir à son attention les bains-douches publics afin qu’il puisse enfin prendre un bain…

La seule solution fut trouvée par le chef de battue.

Sauf que l’andouille n’avait pas pour habitude de fréquenter l’équipe de battue et courait la garrigue en solo à la recherche de menus gibiers.
Il avait été décidé de lui offrir pour la saison sa part pour participer aux battues de gros.

Evidemment on l’avait régulièrement placé en bout de ligne, à l’abri de toute possibilité de débuché de sanglier.
Comme il ne comprenait pas grand-chose à cette nouvelle chasse pour lui, il accepta sans broncher que le fait de ne jamais voir un sanglier passer à proximité de son poste provenait exclusivement des émanations olfactives qui se dégageaient de sa personne et que les sangliers n’appréciaient pas à leur juste valeur…

C’est ainsi qu’au moins une fois par semaine le grand fada à l’expression « c’est comme tuer un âne à coups de figues molles » se mit à s’astiquer le poil au savon de Marseille avant la battue dominicale.
Dans l’espoir de voir enfin un sanglier passer à son poste.

Somme toute, une fois bien lavé et récuré, l’ « artiste » était finalement presque sociable et lors des repas de chasse il était arrivé à se faire apprécier petit à petit par les membres de l’équipe.

Jusqu’au jour où…

Jusqu’au jour où à force de rabâcher à tout va, « c’est comme tuer un âne à coup de figues molles »ce qui devait arriver…arriva !

L’équipe se retrouva pour la première grande battue de la Chaine des Côtes, secteur qui avait brulé il y a quelques années et que l’on venait juste de ré-ouvrir.

Du sanglier, il devait y en avoir un sacré paquet et il n’était pas question de placer l’ensuqué à un poste stratégique, il fut relégué en fond de vallée à des kilomètres des places chaudes et des passages supposés de fuite.
Il avait beau sentir la bonne odeur du savon de Marseille, c’était le jour de tous les espoirs de faire « un gros coup » et il n’était pas question de laisser faire les amateurs…

C’est surement le Robert qui avait été un véritable amateur ce jour là car s’il avait bien fait le pied, les traces indiquées ne devaient pas être de grande fraicheur, les chiens ne démarraient pas la chasse.
Les sangliers en profitèrent pour s’éloigner encore un peu plus du secteur présumé et c’est un véritable troupeau qui se dirigea droit sur le poste à l’endormi…

Son voisin de poste, qui était à quelques encablures de là, a vu un nuage de poussière dévaler la colline et passer tout près du poste du fada.
Le fada a assisté au spectacle la langue pendante, a finit par viser l’un, puis un autre plus gros, puis encore un autre mieux placé …puis a tiré à perpette, une seule fois, le dernier petit sanglier qui franchissait la ligne.

Le pauvre petit goret atteint au cul s’est mis à gueuler tout en essayant vainement de se trainer plus loin et le fada, nul se sait pourquoi, a lâché son fusil et s’est mis en tête d’achever la bête au couteau.

Pendant qu’il s’agitait encore sur le petit sanglier, un deuxième gros troupeau passa tranquillement au petit trot au poste de l’imbécile et sur les dizaines de sangliers qui se sont succédés et sont passés près du poste, un seul, un tout petit, figurait au « tableau »!!!

Alors depuis l’expression « ça lui prend autant de temps que de tuer un âne à coup de figues molles »a un gout amer au village…

…Un gout beaucoup plus amer que celui des figues, aussi molles soient-elles !

encore une bien sympa, merci Jean-Paul.

Sympa ! Merci du partage !

T'en as beaucoup par chez toi des comme ça ?....

Sinon, BB, elle leur lance pas des figues aux ânes, elle leur coupe les "olives"....

En ce qui concerne la chasse aux sangliers, chez moi ce n'est pas une tradition, les équipes se sont formées avec le développement des populations, beaucoup n'avaient pas de carabine, n'avaient pas l'habitude des battues. On avait alors beaucoup de tireurs manchots, maintenant c'est fini, celui qui fait les battues est équipé, ils ont bien pris le coup, ça ne passe plus au travers aussi facilement!

BB ne les a pas tous coupés ... les olives, alors on a encore beaucoup d'ânes, au sens propre et au sens figuré...et encore beaucoup qui ne sont pas toujours propres (comme partout ,sauf qu'ici avec le soleil ça ne passe pas inaperçu!)

J'avais un camarade à l'armée (quand on faisait 1 année qui nous sortait du chômage) qui n'avait pas été réformé, on l'appelait Boch, comme les bougies, mais il manquait la lumière là haut, dommage qu'il ne chassait pas celui là, ça en aurait fait des histoires!!!

Ton camarade c'était un ca...boch tous les deux vous formiez une sacrée boch..ette  

heureusement que bb ne s'occupe pas du chien de setter ,il n'aurait plus besoin de bains rafraichissants

armand 09 a écrit:heureusement que bb ne s'occupe pas du chien de setter ,il n'aurait plus besoin de bains rafraichissants

Laissez les "olives" de mon pépère où elles sont, elles peuvent encore servir...

Pour son maitre, par contre, c'est foutu, surtout depuis que j'ai pris le statut monacal...

Merci du partage Jean-Paul.

Merveilleuse histoire comme toujours et contée avec beaucoup d'humour
Y en a beaucoup des comme ça dans le sud car tu nous en as présenté une brochette !!!

Pas que dans le Sud qui partent ... en couilles.
Les olives on les préfère à l'apéro... ceci dit j'aimerai bien avoir une photo du toutou qui va se les rafraîchir, ça permettra d'avoir une idée des talents artistiques du patron, de quoi se faire la main !
bon w.e.je vais retaper mon appart.
a+
jp

Le toutou en question est celui de mon avatar... Mais je ne vais pas te faire une photo de ses couilles !...

C'était pour avoir un cliché du bain de siège ... à la manière de Rica Zaraï

Pour en revenir à mon histoire, j'aurai bien vu pour illustrer un dessin d'un petit bonhomme couché sur un goret à la manière des cow boys qui dressent un mustang, ou une photo (floutée s'il le faut !) d'un sanglier qui culbute un chasseur , j'ai vu des videos comme ça mais pas de photo, personne a ça ?
Le jour où on mettra sous presse pour PLC les histoires méridionales, extraordinaires et inouïes, faudra du visuel pour faire les sous !