Haute Saone chasseur et agriculteur contre le ragondin

Face à la surpopulation des ragondins dans les cours d’eau haut-saônois, la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles (Fredon) de Franche-Comté a organisé une réunion départementale, mardi à Vesoul, afin de mettre en place un plan de lutte contre cette espèce. Car les dégâts aux cultures ne cessent d’augmenter.

Depuis son intrusion en Europe, au début du siècle dernier, le ragondin ( myocastor coypus) ne cesse de proliférer et l’évolution croissante de sa population est très inquiétante. En effet, loin de son territoire d’origine (l’Amérique du Sud, contrairement au castor qui vient d’Amérique du Nord), il ne connaît pas de prédateur naturel en Franche-Comté et n’entre dans aucun cycle biologique. En outre, il jouit d’une grande capacité d’adaptation, dans un environnement où il trouve des ressources nécessaires et suffisantes en eau et végétaux pour vivre. « En 1960, le ragondin était présent dans seulement 20 % des départements français. Aujourd’hui, 80 % du territoire sont infestés. Les conséquences de cette évolution sont désastreuses, en termes de dégâts causés aux cultures, aux ouvrages hydrauliques et en termes de santé publique », affirme le président de la Fredon.

Selon la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles (lire ci-dessous) et la Fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles de Haute-Saône (FDGDON 70), le ragondin, classé nuisible, a atteint le maximum du seuil de tolérance dans le département haut-saônois. Devant ce constat, les deux associations ont organisé une réunion mardi à Vesoul avec chasseurs et agriculteurs pour élaborer un plan de lutte collective. Les deux organismes proposent donc de lancer une réflexion avec différentes instances territoriales, notamment la préfecture de Haute-Saône, afin de réduire les dégâts causés par ces mammifères.

Des lieutenants de louveterie du Pays graylois ont affirmé au cours de cette réunion avoir tué 150 ragondins en deux mois (janvier/février), un chasseur d’Amance, pour sa part, reconnaît avoir tué 60 rongeurs en 2011, 12 depuis le début de l’année. Un autre explique qu’il a piégé 18 ragondins en 15 jours et que l’on voit même courir ces animaux sous les fenêtres des HLM à Vesoul ou à Gray. Selon Geoffroy Couval, chef de projet à la Fredon, « 250 ragondins auraient été tués de fin 2011 à début 2012 ». À l’issue de la réunion, il a été décidé d’organiser des rencontres départementales afin d’élaborer des plans qui seront soumis ensuite au préfet afin qu’il puisse prendre un arrêté préfectoral de lutte collective contre les ragondins, afin de permettre de le traquer ou de le piéger toute l’année.

En attendant, il faudra vivre avec ce fléau. Le ragondin étant classé comme gibier nuisible, les chasseurs peuvent le tirer durant toute la période de chasse.

Cousin du castor

Le ragondin est un mammifère de l’ordre des rongeurs. De grande taille (70 centimètres à un mètre, six kilos), il a le corps recouvert d’une épaisse fourrure imperméable et terminé par une queue cylindrique écailleuse. Ses pattes postérieures palmées, ses narines obturables placées, comme ses yeux, très haut sur la tête, en font un animal amphibie parfaitement adapté à la vie aquatique. On le trouve dans les zones d’eau douce et calme, les marais, étangs et canaux bordés de végétation. Dans les berges, il creuse des terriers de quelques mètres de profondeur, avec plusieurs entrées dont l’une est immergée.
Le ragondin a un régime herbivore, constitué de feuilles et de tiges de végétaux aquatiques ou terrestres, de racines et d’écorces de jeunes arbres. À l’occasion, il ne dédaigne pas de consommer du blé, du maïs ou des carottes.
La femelle a deux ou trois portées par an, de cinq petits en moyenne. Les jeunes atteignent leur maturité sexuelle vers six mois. Dans la nature, un ragondin peut vivre quatre ou cinq années.

Le ragondin étant classé comme gibier nuisible, les chasseurs peuvent le tirer durant toute la période de chasse.