Le poste à couillonville....Vous connaissez?

Cette histoire date de la saison 2014
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Je présente à l’avance, mes excuses aux puristes, car dans ce récit, j’emploie volontairement le mot cochon pour désigner les sangliers. C’est comme cela dans les chasses Berrichonnes et Je n’arrive pas à m’imaginer parlant autrement avec mes amis.
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Tu fais ch… ! Robert.
Je suis en train de parler tout seul en me rendant à mon poste, englué dans un labour bien glaiseux et sous une pluie battante……
- Y faudrait qu’un jeune, enfin…un gars qui marche bien et qui connait le coin, il aille se poster au bord de la rivière, vers le gué des «Angelis». Là où qu’ ça passe en retour. Qu’il avait dit Robert.
Ah oui ! Au fait, Robert, c’est notre président
Un jeune….Qui marche bien….. Vu le ramassis de papis qui étaient aux consignes ce matin-là, au moment, avec mes 59 ans j’étais un gamin.
Il y avait bien aussi deux autres bambins qui approchaient juste la cinquantaine, mais des nouveaux venus, qui ne connaissaient pas encore bien le territoire.
Robert lui, a 78 ans, il s’est rangé une bonne fois pour toutes dans la catégorie des vieux. Donc à lui les postes faciles ou on est rendu en moins de cinq minutes et ou on attend la chasse assis sur un siège de battue.
J’ai tout de suite eu un pressentiment en l’écoutant.… La balade merdique vers ce poste isolé aux cinq cent diables, allait être pour ma pomme.
Ça n’a pas loupé.
-Tiens ! Toi, Nanar, tu l’ connais c’ passage ?!
-Boff oui ! Je crois….Enfin…. J’ vois à peu près ou que c’est.
En fait, je le connais même très bien et je sais que pour m’y rendre, je vais galérer cinq cent mètres sous la flotte dans une terre fraîchement labourée, avant de traverser une roselière inondée, dans laquelle j’ai toutes les chances de remplir mes bottes ; Pour ensuite me poster sur une butte qui surplombe la coulée en question.
Un poste à l’écart, d’où je n’entendrais rien de la chasse et où j’ai toutes les chances de me faire ch… toute la matinée.
-Mais si, tu l’ connais ! ben sûr! Bon! Tu vas avec ta voiture jusqu’au pont, après tu coupes à pieds à travers la plaine vers l’peuplier qu’est au bord de la rivière. L’ passage, il est là. Tu peux pas l’manquer.
Et voilà ! C’est comme cela que Robert avait déjà mis un pigeon au tableau……..
……..Ca y est enfin, je sors de ce maudit guéret. Je descends le talus et j’arrive dans la roselière qui comme je l’avais prévu, avec la flotte de ces derniers jours, est entièrement noyée.
Je ramasse donc une branche qui traîne par là pour sonder au fur et à mesure de ma progression. Pas question, non plus, d’avoir les pieds au frais pour le reste de la journée.
Finalement j’arrive à mon poste sans complication et les pieds secs.
L’avantage sur ce monticule, c’est que si par hasard, ça vient vers moi à travers la plaine, je vois arriver de loin. Enfin……si ça vient. Et ça, ce n’est pas gagné d’avance !
Je charge quand même la carabine. Au cas où….Et l’attente commence…..
Une heure... La pluie redouble de violence. Je me plaque contre le tronc du peuplier pour m’abriter un peu. Avec ce vent ça tombe presque à l’horizontale. Je ruisselle de partout. Franchement je me demande ce que je fous là.
Je peste contre ce temps de m…… Contre Robert et ses idées à la noix. Contre moi aussi ! Quel c… je suis. C’est sûr que si on proposait de me payer pour rester là, je refuserais.
Une heure et demie.... Une accalmie. Tant pis pour l’odeur! J’en profite. Je vais m’en griller une. En plus il parait que ça n’y fait rien du tout. J’en connais plein qui fument au poste, certains même la pipe et ça n’empêche pas le gibier de venir à eux. J’extrais une Marlboro de mon paquet. J’ai du mal à l’allumer avec le vent qui s’acharne sur la flamme de mon briquet
Cinq minutes…. La clope colle sur mes doigts humides. A peine le temps de la finir que la flotte recommence à crépiter sur mon ciré. J’écrase le mégot du pied. Boff…avec ce temps pas de risque de provoquer un incendie. Il est onze heures. Le ciel est tellement couvert qu’on se croirait à la tombée de la nuit….
Quelque chose m’alerte. Dans les bourrasques, j’ai perçu un bruit étrange. On dirait que ça patouille dans la rivière derrière moi……
J’attends, j’observe, j’écoute…. Rien. Voilà maintenant que je deviens gaga. J’ai des hallucinations……..
Une minute plus tard….. Non! Là j’ai pas rêvé, ça bouge vraiment derrière moi….
Mais la chasse est sensée arriver par devant N… de D…
Je distingue soudain une masse sombre qui file dans les roseaux puis escalade le talus à 40m de moi.
- Vain Dieu! Mais c’est qu’il arrive en sens interdit le bougre !
Je vise. Mes lunettes dégoulinent, j’y vois rien. P’tain….Faudrait des essuie-glaces !
J’arrive malgré tout à distinguer suffisamment pour tirer : Pan!… Aucun effet ! Une gerbe d’eau a giclé dans l’herbe, à côté de lui………. Ça c’est un coup de doigt. Il faut dire que dans ces conditions…Pan!... Deuxième balle en haut du talus……. Là ça l’a secoué un bon coup, il a piqué du nez dans le labour
-N….de D….Le v’là qui r’part ! J’va être obligé d’y mettre la troisième….
Non ! il s’arrête Il s’assoit.
Vite je recharge. Il faut que j’y aille pour assurer le coup au cas où il reparte !
Je traverse la roselière sans précaution particulière cette fois, et je rempli bien mes bottes.
Quand j’arrive à côté de lui, il est toujours assis et tente désespérément de redémarrer. Ses pattes ne parviennent plus à le porter. S’engage alors, dans ma tête, une intense discussion avec moi-même. Hé oui! Quand je suis seul, c’est souvent comme ça…
- J’va pas quand même y remettre une balle. Un coup de dague c’est mieux…..
-Quand même, Nanar, si ça tourne mal, t’es tout seul et loin de tout
-Holà! Tu vieillis. V’là ben qu’t’as peur d’un cochon à présent.
-Mais non j’ai pas peur !
La lame lui perce le cœur. Un long couinement quelques soubresauts et c’est fini. Je retourne à mon poste.
Il faut maintenant que j’appelle les autres pour m’aider à le ramener à la route. C’est qu’il doit bien faire dans les 80kg pépère.
Mais voilà, je suis dans le trou du c.. du monde et mon portable ne capte rien.
Si je veux trouver de l’aide Je suis quitte pour une nouvelle traversée du no man’s land. ; Tout en sachant qu’il va falloir revenir récupérer l’animal et se le charrier dans la terre molle jusqu’à la route. Pffffffffff……
Du coup, j’ai comme un regret : En fait personne ne l’avait vu ce sanglier. Il arrivait de chez nos voisins….Si je ne l’avais pas tiré…… Bon mais maintenant qu’il est mort, c’est trop tard.
Il est midi et demi quand j’arrive tout crotté au rendez-vous. Tout le monde est déjà à l’apéro. Certains sont même venus se mettre au sec depuis un bon moment semble-t-il. Et moi qui suis resté, comme un c.., à me faire saucer ! Je l’ai mauvaise.
Robert m’accueille avec un pastis
- Alors Nanar, t’as vu quoi ? C’est toi qu’a tiré ? On a entendu deux coups de carabine.
- C’te question, pour sûr qu’ c’était moi, qui que tu veux ça soye d’autre? Y avait que moi par-là! Et même qu’y faut aller récupérer un cochon aux « Angelis »
- On va y aller ! Ou don-qu’il est resté?
Là je me dis que j’ai peut-être l’occasion d’éviter de retraverser ce p….n de labour. Avec un sourire en coin, je réponds:
- C’est facile Robert, tu vas jusqu’au pont avec ton 4x4, et là tu traverses la plaine vers le peuplier, fait gaffe c’est un peu mou. Tu verras, le cochon, il est là au bord du labour, tu peux pas le manquer. Emmène donc les nouveaux avec toi pour t’aider ; Comme ça ils le connaîtront, le passage au gué des « Angelis » pour une prochaine fois.
Robert ne répond pas.
Et toc ! Je venais moi aussi de mettre trois autres pigeons d’un même coup au tableau. Pas mal, en plus du sanglier.
Finalement Robert négocia, l’après-midi, contre un morceau de sanglier, les services d’un paysan et de son tracteur. C’est un fin stratège notre président….

Bravo...Le vécu,ça ne s'invente et ça nous est arrivé à tous(sauf le tir) avec des explications diverses et variées....

Trop bien ton recit

tu as eu de la chance ce jour la !
être a couillonvile , et finir en beauté .
bravo

Bien raconté, merci du partage.

Très bien raconté , bravo ! ce genre de situation j'ai vécu aussi mais sans le tableau , ah les boules !

C'est un plaisir à lire, j'avais l'impression d'y être

le poste dont on rêve tous !
tu vois rien, t'entends rien, un moment tu te demandes même si les gars se sont pas barré a l'apéro ou pour une autre traque et t'on laissé tout seul

Bien belle aventure ! Pour Noel pour ton cadeau choisis une paire de bottes de sept lieux !! lol

Superbe récit!!!
Jeune chasseur de "cochons",depuis seulement 2 saisons,(malgré mon 50 ème permis), j'ai prélevé mon premier il y a quelques jours après avoir expérimenté  aussi la belle place de Couillon-ville un joli bord de route où, en plus du bruit des bagnoles je me suis fait   traiter de tous les noms par des anti-chasse qui passaient par là! Bien sur, à l'apéro (avec modération), je me suis fait chambrer... mais, à la deuxième fois au même poste, le piqueux me dit, vas-y, je vais attaquer à l'envers et,  c'est à moi que le cochon est passé et là,au comble du bonheur, un automobiliste s'est arrêté pour ........ me féliciter, c'était un chasseur..

le poste couillon ville moi je connait c'est année je me le suis payé plusieurs fois et la saison n'est pas fini

moi ça fait un moment qu j'y suis abonné trés souvent plaçé au fond d'un trou avec le ruisseau a coté et ses cascades tu n'entends meme pas tirer au poste a coté du tien la derniere fois je leur ai dit que dorénavant je prendrai plustot la canne a peche.Je sais pas si ça a porté mais j'ai eu droit a un poste au soleil et loin de l'eau avec le passage d'un sanglier que j'ai pas tiré dans de bonnes conditions .J'espère pour la prochaine fois avoir un bon poste

@armand 09 ,
Vous ne tirez pas les postes au sort ?
Ça fait chier certains mais c'est équitable

Encore une belle histoire superbement contée @bluy45. C'est vrai que chez nous, personne ne dit sanglier, c'est cochon ou goré, j'avoue l'appeler comme ça aussi, sinon tu es pris pour un garde

domdu79 a écrit:@armand 09 ,
Vous ne tirez pas les postes au sort ?
Ça fait chier certains mais c'est équitable

surtout pas je l'ai proposé plusieurs fois mais c'est toujours non

renard81jm a écrit:

domdu79 a écrit:@armand 09 ,
Vous ne tirez pas les postes au sort ?
Ça fait chier certains mais c'est équitable

surtout pas je l'ai proposé plusieurs fois mais c'est toujours non

Je suppose que le reste doit être a l'avenant, sécurité, partage,.......

domdu79 a écrit:

renard81jm a écrit:

domdu79 a écrit:@armand 09 ,
Vous ne tirez pas les postes au sort ?
Ça fait chier certains mais c'est équitable

surtout pas je l'ai proposé plusieurs fois mais c'est toujours non

Je suppose que le reste doit être a l'avenant, sécurité, partage,.......

Pas du tout quand je chassais dans le Var les postes n étaient pas tiré au sort mais par contre les consignes étaient donné et stricte le patron ne rigolait pas avec ca et la venaison était tiré au sort

non pour la sécurité c'est bon et pour le partage c'est le tirage au sort

Très bien raconté.

C'est ça qui me gave en battue, ce genre de poste "eud'brin" c'est toujours pour ma poire !!

Ou alors des postes où tu te demandes si par miracle il venait à l'esprit d'un gibier de sortir par là, comment tu pourrais le tirer ??!! Genre t'as un layon de 2m et derrière toi c'est un véritable mur végétale donc si tu respectes ce fameux angle de 30° il faut que le gibier te sorte dans les 5 premiers mètre pour espérer pouvoir balancer une balle dans ce layon de 2m !! Problème, t'as 50m qui te sépare de ton voisin soit 40m de boulevard pour le gibier !!

 C'est pour ça que pour ma part, au saut du layon, je me mets au pied d'une coulée, soit il sort ici et je le tente, soit c'est ailleurs, et je m'abstient. Mais bon le saut d'allée, c'est pas fait pour le chasseur de plaines berrichonnes, il est bien trop lent, c'est des postes de chasseurs de lapins du maquis

Et ben voilà, ce matin petite chasse au chevreuil entre amis et postes répartis équitablement (on fait tourner) et je me retrouve encore là où je ne voudrais pas être alors, tant pis,faisons contre mauvaise fortune bon cœur et au bout d'une heure, après avoir vaguement entendu une menée dans le lointain.... ça redémarre à une centaine de mètres et ça lance fort, je l'entends arriver dans le bois, tous muscles tendus, le cœur battant la chamade(et oui, même au bout de 50 ans...) je me dis, ça y est, j'ai bien noté la coulée, ça va sortir là et.... belle montée à l'épaule... c'est bon mais!!!!!!!!!! m...e! ça ne pète pas  j'étais à la sûreté. La place était bonne et le couillon est toujours le même A+

Merci pour vos histoires

Moi j'ai toujours l'impression d'être à Couillonville là où je chasse ! Je suis sur la ligne du haut, ça sort en bas ! Je suis sur la ligne de droite, ça sort à gauche ! Etc...
Ca s'est encore confirmé sur 2 traques ce dimanche. Désespérant !  

Heureusement que je peux tirer de temps quand je suis invité...