Raymond.....Ou Robinson. Comme vous voulez

Cette aventure est déjà assez ancienne. Certains des protagonistes sont aujourd’hui malheureusement  disparus, mais l’histoire amuse toujours autant l’assemblée,  lors des repas de chasse. Certains l’ont même, parait-il fait évoluer en corsant certains détails. Moi je ne vous raconterai que l’histoire originale…………
        Je vous ai déjà parlé de Raymond. Pour ceux qui découvrent, Je ne vais pas me répéter, vous pourrez vous faire une idée du personnage dans ces deux autres récits

https://www.passionlachasse.com/t26619-voila-raymond-c-est-mon-copain
https://www.passionlachasse.com/t28443-ouverture-sans-frontieres


Il est plus de Minuit. Après plusieurs tentatives, les coups répétés sur la porte et les aboiements du chien finissent par faire leur effet.

A l’étage, les volets de la chambre s’entrouvrent. Guy pointe son nez à la fenêtre.
- Hé ben ! qui qui vous arrive, les gars.
- Guy……Y faut que tu nous prêtes ton bateau.
- Quoi don ?............. L’bateau ? Maintenant ?............
Hélas !  Nous avons aussi réveillé Martine et ça ne la rend pas gracieuse d’être tirée du sommeil au beau milieu de la nuit :
- Guyyyy…… C’est quoi c’te comédie?....
- C’est Nanar et Thierry qu’ont besoin du bateau
- Le bateau ?  A minuit passé !  Non mais y doivent ben être fin saouls, ces deux-là.

Guy descend et ouvre quand même sa porte. Toujours  en pyjama.
- Bon ! Les gars, à l’heure qu’il est, allez don vous coucher, vous serez mieux au lit ! Non ? Pour l’bateau on verra  ben ça demain.
- Mais non Guy ! C’est Mond……
- Quoi Mond ?
- L’est coincé à la pointe du prieur. Faut qu’on aille le chercher.
- Quoi don qui fout su’ les iles à c’t’heure ?
- On était à la passée aux canards et………
- A la chasse aux canards ? A minuit passé ?.....Dites don, ça serait pas pûtot au bistro de la place que vous  auriez resté coincés?
Pas facile de faire comprendre notre histoire à un gars qu’on tire du sommeil en pleine nuit…Ca a mis du temps……..

  Une histoire en fait, très simple qui avait commencé la veille de ce jour de décembre vers 14h30 au comptoir du bar de la place.  J’attendais deux évènements. Premièrement que mon café refroidisse, et deuxièmement  l’arrivée de mon pote Raymond avec qui je devais aller faire la passée du soir sur la Loire.

Dringgggggg !!!!!!!!!!!!!!!
La porte du bar qui s’ouvre dans mon dos.
- Salut tout le monde
Je reconnais la voix de Thierry, notre facteur
- Ça va Thierry ?
- Ma tournée a l’est finie, alors ça va…..Odile un expresso s’il te plait….Et toi Nanar qui que tu deviens ? On te voit pu ! T’es toujours à la chasse en ce moment !
- Ben tu vois, j’attends justement Raymond pour aller faire la passée
- Haaa ! Mais dis don, ma journée  a l’est finie….. J’irais ben faire un tour avec vous !
- Si ça t’ dit…..
- Bon, j’ va vite fais me changer et j’vous r’trouve  aux « Mattes ». C’est ben là qu’vous allez… Non ?
- Oui ! Mais prend ton temps, on y s’ra pas avant une p’tite heure.
La dessus il avale son expresso et avant qu’il n’ait réglé :
- Laisse Thierry !  C’est pour moi
Il s’éclipse.

Un quart d’heure passe…… j’ai fini mon café, La 4L de Raymond passe devant le bar ; Un petit  coup de klaxon ; J’ai compris le message : Raymond n’a pas l’intention de s’arrêter. D’ailleurs il est déjà reparti. Je règle les consos et je le suis…….
    Thierry arrive presque en même temps que nous au lieu de rendez-vous.
    De là ou nous laissons les voitures, nous avons environ cinq cent mètres à faire pour gagner les bords de Loire. En chemin nous discutons le coup. Thierry ira se poster sur un bras mort en aval, moi je resterai sur le banc de sable caché dans les branches des verdiaux(1) et Raymond avec sa barque gagnera l’ile du prieur  et se cachera dans les buissons sous les saules, juste en face de moi à environ deux cent mètres. En procédant de cette manière, nous avons toutes les chances de nous renvoyer mutuellement les oiseaux.

  Il est environ 16h quand j’arrive à mon poste, Raymond est encore dans sa barque à lutter contre le courant pour rejoindre l’ile.  Ensuite, pendant presque une heure, c’est le calme plat…… vers 17h Un coup de feu fait résonner le val…C’est Thierry qui vient d’ouvrir le bal.

 Dix minutes plus tard un vol de sarcelles passe à environ soixante mètres de moi…..Dommage ! Trop loin ! Un instant plus tard, je les vois revenir droit sur moi pour finalement  passer vingt mètres au-dessus de ma casquette.
L’occasion est trop belle dès mon premier coup de feu un des oiseaux passe cul par-dessus tête et tombe sur le sable comme un caillou ; Par contre, je rate lamentablement le doublé.

Alors que mon épagneul revient avec l’oiseau dans la gueule, deux colverts arrivent pour se poser sur l’eau à côté de moi……Trop tard ! La  tache blanche que fait mon chien sur le banc de sable est trop visible. Les canards font volteface et filent doit sur Raymond.

Raymond, qui  les repère un peu tard, réussi quand même à en tomber un. J’en ai la confirmation quand je vois son drahthaar se précipiter dans l’eau
Ensuite c’est à nouveau le calme plat pendant une demi-heure. La nuit tombe rapidement……

Je suis prêt à abandonner quand une canne colvert que je n’avais pas vu approcher se pose à quelques mètres de moi dans le courant. Elle se renvole illico dès que je lève le fusil. Elle n’a pas le temps de prendre de la hauteur, mon coups de fusil la fauche au raz de l’eau et elle glisse inerte à la surface. Un instant je crains même de la perdre car bien que mon chien se lance à sa poursuite, la Loire monte et le courant est très fort…..Non! Il revient un moment après, tout fier, avec son gibier dans la gueule.

Une caresse au chien et nous partons. Quand j’arrive au placier, il fait déjà nuit. Je constate que Thierry ne nous a pas attendus ; Il est déjà parti.
J’attends une dizaine de minutes mais Raymond n’arrive toujours pas. Ma parole il va jouer les prolongations ce soir. J’ai encore entendu une détonation alors que j’étais sur le chemin du retour.

Il commence vraiment à faire frisquet. Le ciel est clair. Il va geler cette nuit. Tant pis! Je n’attends pas. Je rentre….

Ensuite du classique, rien de bien spectaculaire…….Le diner…..C’est mercredi. Il y a du foot à la télé. Je regarde le match. Mon épouse, pas fan du ballon rond, préfère aller  se coucher.

Cependant, vers 22h, elle revient en râlant.
- Combien de fois je vais te le répéter ?  Ne laisse pas ton portable allumé dans la chambre. Quand ça sonne  à cette heure-là, j’ai tout le mal du monde à me rendormir.
- C’était qui ?
- C’était Aline. Elle cherche son mari. Il n’est toujours pas chez lui à l’heure qu’il est. Elle t’appelait pour savoir si tu n’étais pas avec lui. Je lui ai dit que tu étais rentré depuis longtemps. A mon idée, le Raymond, il va se prendre une sérénade en rentrant.

Sur ces belles paroles elle retourne se coucher….. Sur le coup je ne réagis pas, mais petit à petit je suis assailli par le doute…….Au bout d’un moment je suis même vraiment inquiet. Si Raymond avait eu un pépin, en revenant avec la barque. S’il était tombé à l’eau glacée. Ce serait un coup à y rester.

 Je veux en avoir le cœur net !  Ma femme doit s’être rendormie, je sors sans bruit de la maison et je prends la direction du placier des «  Mattes ». Quand j’y arrive, j’ai un haut le cœur. Dans les phares, je vois que la 4L de Raymond n’a pas bougé. Au pas de course, dans la nuit, au risque de me casser la g…..e je rejoins le bord de Loire.

Horreur, la barque n’est pas à sa place non plus. Là j’ai vraiment un gros coup de blues, mais dans le même temps, une lueur d’espoir…… Sur l’ile, quelqu’un a allumé un feu….. Tout cela en fait, n’est peut- être  pas trop grave !
Je hurle :
- Mond…, t’es là ? Mais le vent du nord s’est levé et je n’obtiens aucune réponse…. Que faire ?

    Je sors mon portable et j’appelle Thierry. Comme moi, il était devant sa télé. Au fur et à mesure que je lui expose la situation je sens également l’inquiétude le gagner.

C’est lui qui trouve la solution : Il faut que Guy nous prête son bateau et qu’on aille jusqu’à l’ile. Ce feu, il ne s’est pas allumé tout seul. Ça ne peut être que Raymond.
Dans mon fort intérieur j’espère vraiment qu’il a raison.
Je pense que maintenant, chacun aura compris notre situation……D’ailleurs Guy aussi a fini par comprendre :

- Bon, les gars, j’va avec vous…..J’passe au garage prend’ l’ moteur, pasque d’ici au prieur, Il faut pas loin d’une heure.
 Dix minutes plus tard, au clair de lune nous sommes trois, à bord d’une barque poussée par un moteur hors-bord pétaradant, à lutter contre le courant.
Après trois quart d’heure de navigation, nous sommes en vue de l’ile.  De loin, nous voyons que le feu a été entretenu. C’est bon signe.

En effet Raymond nous a entendus et il gesticule comme un beau diable devant son feu.
Je saute sur le sable.
- Alors Robinson qui que tu fous. Ca fait des heures qu’on cherche après toi.
- M’en parle pas….Quand j’suis arrivé,  j’ai ben échoué le bateau su’ l’sable. Mais la flotte l’a du monter sans que j’m’en aperçoive. Au moment de partir N..de D… pu de bateau. L’était parti au courant, la vache.
- Ptain…….Tu nous a foutu une trouille mon salaud…… Bon aller,  arrive. On va pas s’éterniser ici.

Et nous voilà repartis vers la rive……. A l’heure qu’il est, nous décidons de laisser le bateau sur place et de rentrer avec la 4L de Mond. Nous reviendrons demain récupérer l’embarcation et tenter de retrouver l’autre, si la Loire ne l’a pas emmenée trop loin

……….Tout aurait pu s’arrêter là. Mais le destin en avait décidé autrement……...
Au moment de débarquer, le chien qui en avait lui aussi, probablement ras le bol de cette situation, se précipite entre les jambes de son maître. Un cri…. C’est Mond qui vient de basculer dans l’eau glacée……Jusqu’au cou……
Dans le noir nous appelons
- Mond ? Ça va ?......Il ne peut même pas répondre, il a le souffle coupé. Guy lui tend une perche et le hisse sur la rive.

C’en est trop Thierry commence à péter les plombs :
- Toi alors, tu les collectionnes….Ptain tu vas nous amuser encore longtemps avec tes conneries ? Fait gaffe N..de D…
Raymond n’a même pas le souffle pour répondre. C’est Guy qui tranche :
- Allez les gars, c’est pas la peine de s’engueuler, on va vite fais à sa bagnole et on le ramène au chaud à la maison avant qu’y chope la crève.
Tempé, cinq cent mètres à marcher dans le vent glacé, quand nous arrivons à la voiture, Mond est au bord de l’évanouissement.

Un peu plus tard……..
      Guy a ranimé le feu dans l’insert dont il a  laissé la porte grande ouverte. Raymond toujours grelotant, complètement nu juste une couverture sur le dos,  est collé au foyer au risque de se griller les poils du c... Ses habits sont étendus sur un sèche-serviette.

             Guy est allé dans la cuisine, préparer du café  pour réchauffer le naufrager. En attendant, il lui a aussi servi un grand verre ballon d’eau de vie de prune. Mon avale ça comme du lait et d’autorité se ressert une deuxième tournée

            Ce remue-ménage a de nouveau réveillé Martine qui descend pour voir un peu ce qui se passe. Elle manque de s’étouffer quand elle découvre Mond à poil dans son salon.
             Elle n’attend même pas nos explications. Elle repart en haussant les épaules :
- Bonne mère, c’est pas possible! Qu’est-ce qui m’a foutu une pareille collection de berdins(2).

Guy arrive de la cuisine avec grand bol de café fumant dans lequel il rajoute encore une bonne rasade de goutte. Petit à petit Raymond reprend des couleurs.
Une heure et quelques coups de gnole plus tard il est même carrément guilleret.
  Le sèche-serviette électrique de martine a fait des miracles les fringues sont presque sèches. La bouteille de goutte est usée. Mon a retrouvé la forme ; Enfin….Une certaine forme…

Il est donc grand temps d’envisager de rentrer chez nous………

  Quand j’arrive à la maison, ma femme dort comme une bienheureuse……Je me glisse dans le lit. Elle n’a même pas dû se rendre compte que je m’étais absenté.
 Le lendemain…Enfin non le matin même, c’est jour de marché. J’y accompagne mon épouse. Une des premières personnes que nous rencontrons, c’est Aline. Ma femme engage la conversation alors que je fais mine de m’intéresser à l’étalage du pépiniériste et à ses plants d’arbustes

- Bonjour! Comment ça va Aline? Alors tu l’as récupéré ton saltimbanque?
- M’en parle pas de cet ours-là ! Il est rentré ce matin à plus de quatre heures et demie, raide comme un passe-lacet. Y puait l’alcool, pire qu’un alambic. Et v’la pas qu’il a le toupet de me raconter une histoire à dormir debout. Comme quoi y serait allé à la chasse aux canards sur les iles et qu’y aurait resté coincé là-bas en attendant toute la nuit que Nanar y vienne le récupérer.

Ma femme d’une voie assurée réfute d’emblée cette possibilité :
- Non ! C’est impossible! Bernard a passé sa soirée devant la télé.

Moi ! Vous savez….. Quand les femmes discutent entre elles, j’ai pour habitude de ne jamais intervenir dans leurs conversations……

1. Verdiaux : Petits arbustes qui poussent sur les bancs de sable dans le lit de la rivière
2. Berdin : Fou, idiot

Superbe bluy 45! Comme d'habitude tu nous régales avec tes histoires! Je ne me lasse pas de les lire et le re-lire. Un grand merci à toi de nous faire profiter de ta belle plume. Vivement la prochaine!

J'adore ton histoire merci du partage

Merci Bluy!
Pas d'avion à prendre cette fois-ci, alors j'ai pu apprécier ton histoire en toute quiétude! En plus elle m'a vraiment bien fait rigoler!
Quand est-ce que tu nous fais un petit recueil de tes histoires de chasse?
Encore merci de partager ton talent avec nous!

mdr trop bien l'histoire

bien raconté celle là, j'en pleure, t'es trop bon, vivement la prochaine.

Je suis fan aussi !!!

Tout simplement excellent, l'histoire est géniale, le narrateur juste exceptionnel, l'accent berrichon maitrisé à la perfection !      
j'éspère ben qu't'en a d'aut' à nous raconter, pis fais ça vite pasqu'on en veut encore !!!
Si mon grand-père était encore du monde, je pourrais vous en raconter du même acabit, il m'en racontait tout le temps quand j'étais gamin mais je m'en rappelle plus exactement (y'a une vingtaine d'années de ça), j'vais quand même demander aux oncles et tantes et à la m'man parce que je sais qu'il avait écrit un recueil, j'éspère qu'il ne s'est pas perdu dans les déménagements, en plus il avait un certain talent pour écrire et raconter, ça me permettrait de ne pas être trop ridicule à côté de ta si fine et talentueuse plume @bluy45  

Je vous prie d’excuser ma réponse tardive. Je tiens, tout d’abord à vous dire que je suis très heureux que mes histoires vous plaisent.
Pour répondre à AFONDEBALLE36 : Le parler Berrichon, je suis tombé dedans quand j’étais petit. Ma famille du côté de mon père est fixée sur quelques villages limitrophes Cher Indre (Lignières, Saint Hilaire, Prunier, La Berthenoux) aussi loin que je puisse remonter (plus de quatre siècles). Et du coté de ma mère, dans Les environs de Bourges. (Ma ville natale).
Pour des raisons professionnelles, je me suis exilé à l’autre extrémité du Berry (limite Cher Loiret) sur les bords de Loire (depuis plus de vingt-cinq ans). J’ai d’autre part (pour la chasse) écumé toute la Sologne Berrichonne pendant des années.
Au cours de ma vie j’ai donc eu l’occasion d’entendre le parler, l’accent et les mots spécifiques du Berry dans différentes parties de cette région. Je me suis aperçu que les Berrichons du sud n’avaient pas vraiment le même accent et les mêmes expressions que ceux du nord et qu’un Sancerrois s’exprimait avec des mots différents de ceux d’un solognot. Moi-même quand je suis arrivé dans la région où je vis actuellement j’ai dû m’adapter. Ma femme ( une méridionale) qui au début avait besoin d’un interprète pour discuter avec les locaux s’y est aussi bien habituée, Vingt-cinq ans plus tard, les restes de son accent méditerranéen sont émaillés d’expressions berrichonnes….Plus fort encore, elle a appris à danser la bourrée et à cuisiner la galette au pommes de terre. C’est vous dire….
Pour ce qui est de nouvelles histoires je n’ai en ce moment que peu de temps pour écrire. Vous savez bien à quel point les retraités sont débordés. Mais je vais essayer bientôt, si l’inspiration est avec moi de  partager avec vous une nouvelle aventure.
J’ai d’autres part, des histoires qui sont parues dans d’autres forums, si l’inspiration n’est pas au rendez-vous, je pourrai toujours vous servir du réchauffé. C’est parfois même meilleur quand c’est réchauffé
Merci encore pour vos encouragements

@bluy45 , l'accent berrichon, je suis né dedans, ça fait bientôt trente ans que je l'entends, je ne l'ai pas, du moins pas comme peuvent l'avoir nos anciens, mais je travaille dans le sud de la France et mes clients me disent que je l'ai. C'est un parler dont je connais bien les expressions et les spécificités et je ne peine absolument pas à communiquer avec ceux qui l'ont de manière très franche, à couper au couteau, et j'ai plaisir à l'entendre, il m'arrive même de me mordre la langue pour ne pas rire au nez d'un interlocuteur à l'accent bien prononcé et qui utilise les expressions qui vont avec. Seulement, réussir à le retranscrire à l'écrit comme tu le fais, je trouve cela vraiment très bon (peut-être est-ce parce que je le connais mais quand je te lis, je l'entends parfaitement)

Super sympa cette histoire!

Je compatis à la douleur de Raymond. J'ai personnellement quelques dossiers que ma Aline a moi ressort aux réunions de famille.....merci à bluy45

Sympa l'histoire .

J’adore magnifique Histoire