Votre plus beau sanglier.

Il fait froid en ce lendemain de Noël , le thermomètre affiche -12 . Le réveil sonne à 7h , la nuit a été courte et j'ai du mal de me lever ( et oui hier c'était Noël, et en plus chez le beau papa alors attention ! ) . Pourtant ce matin j'ai un précentiement ! Je décide donc d'aller à la chasse .

Je me lève , me prépare et charge les affaires dans le 4*4 , puis bois un café . Et nous voilà parti , mon beau père , ma copine et moi . Nous arrivons à la cabane a 8h 20 . Nous ne sommes pas beaucoup aujourd'hui , juste 6 dont 2 traqueurs . Il faudra donc placer sur les passages stratégiques .

Nous buvons un café , pendant que le chef fait les pas . Il revient au bout de 40 minutes et nous dit qu'un joli sanglier à voyagé cette nuit sur la chasse . Il décide donc d'attaquer par l'endroit où il pense trouver l'animal . Les consignes sont données je vais me placer pour la première battue de la matinée .

Il est 9h30 lorsque j'arrive à mon poste . Je suis placé au fond d'une combe assez dégagée , j'ai ma copine placée sur ma gauche à environ 200 m , elle aussi sur un bon passage . La battue commence , mais c'est très calme . J'en profite pour regarder autour de moi le beau paysage recouvert de neige . Une demi heure après le début de battue , un brocard descend le coteau d'en face pour venir s'arrêter à 50 m de moi . Je ne le tirerai pas même si son tir était autorisé . La fin de traque est sonnée , j'aurais vu encore 4 autres chevreuils trop loin pour être tirés .

Nous allons nous reposter pour la deuxième battue , où rien ne sera levé .

A 12h10 , nous arrêtons et allons manger . Pendant le repas , le chef de traque décide de faire le seul endroit qu'il reste comme remise pour les sangliers que nous n'avons pas fais ce matin . C'est un grand traque, et pour le fermer correctement à 4 postés cela est impossible !
Mais on ne sait jamais . Les postes sont distribués et nous partons .

Je ne connais pas mon poste , on m'explique afin que je ne me trompe pas . Je me retrouve alors seul sur une tranchée de 3 m de large , je fait un aller-retour sur celle ci , et repère un passage de sanglier fréquenté de la nuit , je me place donc à 20 m sur la droite . J'ai maintenant en face de moi grand bois clair qui part sur ma gauche . A droite la visibilité beaucoup moins bonne car le bois est composé de petits arbres d'environ 1 m de haut , si quelque chose arrive par-là il faudra faire vite , mais je peux me déplacer si il le faut .

Devant. A gauche.

A droite.

La battue commence , il est 13h50 , je n'entend rien . A 14h 30 , un craquement assez fort me surprend , j'enlève la carabine de l'épaule, allume le point rouge et regarde à droite , à gauche . Mais rien . Soudain mes yeux se portent sur une masse noire qui passe à travers les petites perches sur ma droite . J'identifie tout de suite un sanglier , il n'est qu'à 15 m du chemin . Le temps de lever la carabine , le sanglier est déjà sur la tranchée mais le point rouge est sur l'épaule . La Bronwing Acera , prêtée pour la journée , parle . L'ogive de 300WM vient frapper le sanglier qui s'écroule à droite de la tranchée , propulsé par son élan . Je réarme instantanément la carabine lorsque je vois le sanglier se débattre fortement . Étant seul sur cette tranchée je me déplace afin de mieux voir le sanglier .

Arrivé au pied du sanglier , il se retourne vers moi en claquant des dents. Je recule de 2 pas , colle le point rouge sur la base de l'oreille du sanglier et presse sur la détente . C'est fini , le sanglier tombe et ne tarde pas à pousser son dernier souffle . La première balle est assez haute derrière l'épaule du sanglier , elle lui brise la colonne .


Vue de mon poste ( marque verte ) depuis où le sanglier est tombé .

La fin de traque est sonnée peu de temps après , tout le monde arrive près du sanglier . Je suis félicité , et je réalise enfin que je viens de tuer mon premier sanglier ! Le lendemain de noël . Je l'avais commandé , le père noël a juste un jour de retard mais je ne lui en veut pas .

Voila le sanglier une fois ramené , il accusera 110 Kg sur la bascule . La distance du tir était de 65 / 70 m .

Mardi 18.12.2007.
Invité sur une propriété privée (en milieu ouvert), je sais que je ferais partie des "petits chasseurs", un des seuls à avoir une modeste carabine, et des fringues géologic.
La personne qui m'a invitée me dit "tu peux te faire plaisir, maxi deux sangliers et un chevrillard", seul le tir des bêtes de tête et laie suitée est proscrit.
Je suis posté en même temps que de nombreuses huiles qui, pendant le trajet parlent des 3 sangliers qu'ils ont tué hier, un autre d'un grand cerf.... bref, je ne suis pas dans mon monde.
Mon copain me place sur une chaise haute, au carrefour de plusieurs grandes allées, il me donne les consignes, et me précise que je suis seul sur le secteur.
Je monte à l'échelle, et premier recris des chiens..... une vingtaine de sangliers me passent à portée de carabine, mais je m'abstient, il sont en "paquet", je m'en mets plein les yeux quand une autre compagnie d'une trentaine d'animaux me passe. Je vois deux chevrillards, mais je n'ai pas le coeur a tirer... je suis comme un gosse... 50 sangliers en 5 minutes, c'est trop beau.
Cinq minutes passent, quand derrière moi, une masse noire se dérobe.... pas de doute pour moi, c'est un gros mâle qui se dérobe après que les compagnies soient passées sans un coup de feu.
Je le vois qui avance, il va passer assez loin, mais j'ai le champ totalement libre, je le mets dans la croix, ça fait quand même pas gros...
Je sais que je n'ai pas cinq minutes pour me décider. Je me rappelle de la phrase, "tu as le champ totalement libre".
Il avance toujours, je me cale bien, le sanglier est rectiligne dans sa course, je ne pourrais tirer qu'une balle.
Dans ma tête, je me dis "grand, tu es sur un mirador, vise haut car ta balle va être basse sinon".
Il est là, près du layon. Sans réfléchir plus longtemps, je mets la croix à hauteur des oreilles, le dépasse jusqu'au groin, et sans l'entendre, le coup de carabine part.
Le sanglier s'étend de tout son long et s'écroule dans le fossé. Il est loin, très loin. Je le vois se redresser une dernière fois, s'en est fini.
Je suis comme un gosse... Il fait froid (presque -8°C), et du coup, je bois une lampée de "poire de la grand-mère" pour me réchauffer.
D'autres sangliers passent, je n'ai pas envie de tirer. Mon copain arrive pour voir si tout se passe bien... aucun problème, il ajoute "tu peux encore tirer", mais je n'ai plus vraiment l'envie, je me remplie la tête des nombreux sangliers, chevreuils et daims que je vois. J'attends la fin de chasse.
Les trois coups de cornes me font descendre de la chaise haute. J'ai hâte de voir "mon" sanglier.
Il est là, étendu, c'est un mâle au poids et au trophée respectable. Mais c'est loin de la chaise, environ 160 mètres, j'aurais peut-être dû m'abstenir.

Les traqueurs viennent ramasser le gibier, et là, surprise, les défenses du côté sur lequel le sanglier était couché sont la face cachée de l'iceberg. Quand on le retourne, le sanglier est très armé. Tout le monde est bouche bée.

Viens le moment de la présentation du tableau.
Toutes les "huiles" sont là. "Mon" sanglier est l'attraction du jour. Tout le monde se demande qui a prélevé cet animal, je n'ose rien dire. D'autres "petits chasseurs" que je connais, me regardent et sourient. Tout ces grands s'en vont, il ne nous reste plus qu'à vider les animaux et à manger une bonne choucroute entre traqueurs et "petits chasseurs". La journée s'est bien passée et s'est bien terminée.
Pour conclure, voici des photos de "MON GRAND" comme je l'appellerais.



@micalement.
Le Goupil.