Ain Dégats causés par les corvidés

L’ombre du corbeau freux -et autres corvidés- plane sur le département. Si le volatile est moins visible en ville (lire repères), même s’il cause certains dégâts, sa présence dans les campagnes génère d’importantes pertes.

Au point de réveiller, en 2009, une association d’agriculteurs en sommeil. La FDGdon (Fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles), à l’initiative de son président, Gérard Raphanel, compte bien prendre le problème à bras-le-corps. « Que ce soit sur la Côtière ou dans le Bugey, le corbeau est partout. Il n’est plus seulement dans les plaines céréalières. Il s’en prend à toutes les cultures. Des silos ont même été attaqués dans le Bugey. Et quand vous avez plus de trois cents oiseaux qui s’attaquent à un champ, l’affaire est vite entendue. »

Le cas est avéré, surtout dans les secteurs Dombes, Bresse, plaine de l’Ain, Côtière. Claude Barbet, céréalier à Thil, dépense une énergie folle à préserver ses champs, « surtout au printemps, quand le maïs germe ». « Je passe plus de trente heures par semaine à essayer de faire fuir les corbeaux. Je suis obligé d’agir avant qu’ils ne se regroupent par centaines. » Perte de temps, mais aussi perte d’argent.

« Sur 50 hectares, 3 hectares sont sacrifiés, soit 5 à 6 % de semis à refaire. Un manque à gagner de 2 000 euros. »

« Seul, isolé, un agriculteur a beaucoup de mal à agir efficacement, explique Gérard Raphanel. Nous employons toutes sortes de stratagèmes pour les effrayer : par le bruit, au moyen de lasers ou par la menace d’oiseaux prédateurs. Mais les corbeaux sont malins. Ils comprennent vite que le danger n’est pas réel. »

L’effarouchement, le fait d’apeurer l’oiseau, n’est pourtant pas le seul moyen à la disposition des agriculteurs : « Nous sommes aussi agréés pour poser des cages. Tout se passe dans le respect de l’animal. Mais c’est plus ou moins efficace. On repousse souvent le problème chez le voisin. »

Le diagnostic de la FDGdon est clair, la stratégie à adopter aussi. « Pour nous, il s’agit de mettre en place une action coordonnée, à l’échelle du département. Nous voulons des résultats à court terme. Mobiliser tous les acteurs du terrain. » Au rang desquels : l’Association départementale des piégeurs de l’Ain (ADPA) et la Fédération départementale des chasseurs de l’Ain, présidée par Daniel Rousset. Si ce dernier est d’accord avec Gérard Raphanel quant au dispositif à mettre en place, il ne part pas la fleur au fusil, jugeant « complexe de régler le problème rapidement ».

« Nous pourrons atténuer les nuisances, notamment grâce au piégeage (photo ci-contre), mais nous n’avons pas les moyens de quadriller tout le département. » Le président de la fédération de chasse relève les difficultés aussi bien que les pièges. « La chasse privée, par exemple, est un obstacle notoire sur le territoire de la Dombes. Nous ne pouvons pas agir partout. Et puis il y a les pièges que l’on pose et que l’on retrouve détruits. C’est décourageant. »