Argonne Le prix du bracelet du sanglier flambe

L'an dernier, en Argonne centre, les dégâts causés par les sangliers sur les terres agricoles ont coûté près de 100 000 euros d'indemnités. Du coup, le tarif du bracelet s'est envolé. Les petits chasseurs craignent de ne plus pouvoir payer le prix de leur passion.

EN Argonne centre, la chasse s'est ouverte il y a une dizaine de jours dans une drôle d'ambiance. Chez les petits chasseurs - du moins ceux que l'on nomme ainsi par opposition à ceux qui fréquentent les grandes chasses privées - l'inquiétude fait place à la colère.
Cet été, ils ont été un certain nombre à « faire le bazar » auprès de la Fédération marnaise des chasseurs.
Motif du vent de fronde qui a soufflé sur l'Argonne centre : le prix du bracelet de sanglier s'est envolé.
Lutte des classes
De 65 euros l'an dernier, il est passé à 115 euros. Une somme colossale que toutes les sociétés de chasse ne sont pas en mesure « d'éponger ».
D'où, déjà, quelques défections. « J'ai perdu six actionnaires cette année », confirme le président de la société de chasse de Verrières, Bernard Lebel. Il a fait partie de ceux qui ont contesté l'augmentation unilatérale du prix des bracelets décrétée cette saison.
Son idée, largement répandue dans les sociétés de chasse modestes, est que les « grandes chasses » devraient payer plus cher que les petites.
Un vieux combat qui divise l'Argonne depuis des lustres.
Petit retour en arrière. Il y a une vingtaine d'années, on manquait de sangliers dans le secteur.
Les chasseurs, en évitant notamment de tuer des laies en âge de se reproduire, ont favorisé un renouveau des populations. Aujourd'hui, ils sont encore nombreux à appliquer ce type de règle alors que le nombre de sangliers a littéralement explosé. En outre, la pratique de l'agrainage - autrement dit le fait de nourrir les animaux sauvages avec du grain - a également favorisé la multiplication des sangliers.
« Cela fait deux-trois ans qu'on sait que ça va déborder, indique Bruno Lebel, technicien à la Fédération des chasseurs de la Marne. Aujourd'hui, la règle est simple : on doit aller à l'inverse de ce qu'on faisait il y a 20 ans. »
Car la surpopulation de sangliers se traduit par des dégâts considérables pour les terres agricoles voisines des massifs forestiers.
Or les agriculteurs sont indemnisés par la fédération des chasseurs qui récolte l'argent via les boucles de sanglier. L'an dernier, près de 100 000 euros ont été versés aux paysans de l'Argonne centre à titre de dédommagement pour des cultures ou des pâtures détruites.
Laminer les petits chasseurs
Si l'ambiance est régulièrement tendue entre agriculteurs et chasseurs, elle l'est aussi de plus en plus entre « gros » et « petits » chasseurs. Car la surpopulation d'animaux ne déplaît pas foncièrement aux grandes chasses.
« Quand on paye cher, on veut tirer du sanglier ! » résume à sa manière Xavier Jourde, l'un des actionnaires de la société de chasse de Verrières. Or de son point de vue, augmenter le prix du bracelet ne conduira pas à faire baisser le nombre de sangliers. En revanche, il mènera, à coup sûr, à la disparition des petits chasseurs.
« Moi je chasse depuis que je suis gamin. C'est la première fois que, pour moi, cette ouverture de la chasse n'a pas été pareille. » En fait, elle a comme un goût de dernière fois. Prêt à raccrocher le fusil au râtelier ? Pas loin. « L'action de chasse coûte 630 euros et le permis 135. Si les prix des boucles continuent à monter, on ne pourra plus chasser ! »
Actionnaires à la Grange-aux-Bois, Gilles Adam craint lui aussi de ne plus pouvoir suivre. « Dans notre société, nous sommes tous des ouvriers. Aujourd'hui, l'action est à 240 euros. Si on est autour de 300-400 à l'année, ça va. Mais encore, c'est parce qu'on a la chance de trouver des particuliers qui louent des bois à bon prix. »
Même inquiétude pour l'avenir du côté de la société de Villers-Châtrices présidée par Jean Notat. « Déjà 65 euros c'était cher mais 115 ! On va digérer l'augmentation cette année mais il ne faudrait pas qu'on ait ça pendant trois ans ! »
Il n'est pas sûr en effet que les 40 actionnaires actuels puissent financer une action dépassant les 450 euros.
Frappés au portefeuille, les petits chasseurs regardent plus que jamais les « gros » de travers. D'abord parce qu'ils les jugent plus responsables qu'eux du phénomène de surpopulation. Mais aussi parce qu'ils les accusent de ne pas chercher à faire diminuer ces populations. Au-delà de cela, ils craignent par-dessus tout d'être contraints de ne plus chasser pour des raisons financières.
Décidément, la lutte des classes existe toujours.
Elle fait même rage chez les chasseurs de l'Argonne centre.

JP2 a écrit:Là, je ne suis absolument pas d'accord ! La taxe à l'hectare s'applique à tous, même ceux qui ne voient et donc ne tirent jamais de Sangliers, il est quand même beaucoup plus logique de faire payer celui qui tue du Sanglier, car s'il en tue, c'est qu'il y en a et ça a également l'avantage d'éviter la tentation de l'élevage à ciel ouvert afin de fabriquer de belles porcheries avec de nombreux animaux à trucider.

Amicalement, JP2.