La tenderie aux vanneaux

Un mode de chasse typiquement ardennais Tendeurs, tant d'heures…
ENTRE Givry et Amagne, quelques dizaines de personnes sont venues découvrir la tenderie aux vanneaux ou en reprendre une dose.
Certains arrivent de l'Aisne, de la Somme ou de la Seine-Maritime. Bien obligé, la tenderie aux vanneaux, c'est ici.
L'étendue autrefois régionale de la tenderie aux vanneaux se limite aujourd'hui à dix-sept communes du Sud-Ardennes : Amagne, Ambly-Fleury, Brécy-Brières, Challerange, Corny-Machéroménil, Ecly, Falaise, Givry-sur-Aisne, Monthois, Novion-Porcien, Novy-Chevrières, Rilly-sur-Aisne, Sorbon, Terron-sur-Aisne, Vandy, Voncq et Vouziers.
Le principe de cette chasse est simple. Une vaste « glauye » (une « étendue d'eau », pour les non-Ardennais), souvent artificielle, entoure une petite bande gazonnée, appelée le « parc ».
Autour de ce parc, véritable piste d'atterrissage pour les oiseaux, sont attachés des « appelants », des vanneaux vivants, attachés par la queue à un cordon relié à une tige de fer.
Dans une hutte située à proximité, le chasseur, nommé Vagnoli, est à l'affût. Il lui suffit d'actionner les ficelles pour déclencher le cri des appelants.
Ce cri a pour effet d'attirer les congénères dans un vrai piège.
En effet, sous l'eau de la glauye, des filets tendus sont prêts à se refermer sur plusieurs oiseaux, à la commande du Vagnoli là aussi.
Des traces de cette chasse ont été retrouvées qui remontent à 1578 : une gravure montre le système pour des oiseaux sauvages.
Aujourd'hui, moins de 60 personnes, accompagnants compris, pratiquent la tenderie aux vanneaux. Leur quota annuel est de 2.000 pièces.
Menace sur février ?
Leur combat ? Maintenir la période de chasse, qui ne s'étire plus que d'octobre à février (elle commençait auparavant dès août).
« Nous faisons 85 % de nos prises en février, expliquent Yves Guérin, président d'Ardennes gibier d'eau et Sylvain Debrielle, directeur de la fédération des chasseurs. Si demain, on nous interdit février (au-delà du 31 janvier, le régime est dérogatoire), la chasse aux vanneaux est morte. »
Mais ce vendredi, les passionnés étaient là, même s'il fallait être patient pour espérer vivre une prise.
Reste, pour ceux qui ne seraient pas 100 % acquis à la chasse, un sentiment de pitié pour les oiseaux pris dans les filets, puis achevés avec une pince qui leur broie le cou.
« Et le bien-être animal ? » demande justement un gaillard d'un air grave… avant de s'esclaffer.
Pour lui, c'est juste une blague. Mais bon, là, c'est plus cynique que cynégétique.