Le jour du mamba en Namibie

Vendredi 13 en Namibie .




Pourtant, tout avait bien commencé . . . . . un Steebock , un impala , un Eland du cap et un vieux Phacochère avaient déjà succombés aux "redoutable" chargement que j'avais développé pour ma 9,3x62 avec balles DL1 à noyau soudé chimiquement de 18,5 gr  que j'ai fait venir de chez DEGOL en Belgique et baptisé pompeusement : " Namibie express" (745m/s )  pour ce deuxième séjour en Namibie sur la concession de Uta et Peter Clausen à OKOSONGORO . Voyage booké par l'intermédiaire de
Patrick Mathey du Haut-Rhin qui s'est plié en quatre pour faire de ce périple cynégétique  une réussite de tous les instants .J'avais aperçu 3 chacals les jours précédant près d'un trou d'eau , mais la distance de tir me paraissait trop lointaine à partir du mirador installé classiquement dans l'éolienne . . . bon, j'étais capable de tirer aux alentour des 200 m , mais le chacal est une petite cible , et donc pourquoi ne pas nous rapprocher dans la construction semi-enterrée au milieu de la digue et qui paraissait à première vue plus " vintage " ???
Se rapprocher de 50 m n'étant pas négligeable, je posais la question à John  mon sympathique guide de chasse namibien ,et évidemment il me confirmait la chose, surtout que l'autre groupe de chasseurs y avaient effectué un affut fructueux 3 jours auparavant , en y voyant une foule de Koudous, phacos et autres bubales . . . . mais moi, je cherchais avant tout à tirer du chacal  !
Le matin , nous avait vu faire une belle promenade en compagnie de mon épouse et de ma petite fille Louna et ses
10 ans plein d'enthousiasme  et nous avions débusqué un groupe de rhinocéros blancs, forts de 7 femelles et jeunes et chaperonné par un gros mâle à la corne d'une longueur étonnante , nous avions aussi croisé une bande d'Eland du cap, une famille de koudous et une foultitude de phacochères . . . . j'en profitais donc pour proposer à ma petite famille de rester au camp pour l'après-midi à venir , vu qu'un long affut silencieux n'allait pas leur convenir et que somme toute  un peu de farniente au soleil  leur ferait le plus grand bien .
Sitôt dit , sitôt fait , et nous voila partis john et moi en ce chaud début d'après midi à la rencontre des chacals . . .
Après un vingtaine de minutes , nous voila devant l'éolienne , garons le 4x4 à l'ombre des acacias, et avançons à pas
feutrés vers le "bunker" comme je l'ai appelé . . . . c'est une construction assez ancienne , recouverte de tôles
rouillées , et quand on arrive à passer l'ouverture exigûe , on s'assoit sur une planche et on ne bouge plus . . . comment diable a fait l'autre groupe , assis à 3 dans cette "boite" ????
Nous calons les carabines devant nous, j'enlève ma veste en me tortillant ,et john me sourit , ravis de voir le grand
chasseur blanc recroquevillé et quasi plié en deux dans le réduit . . . . . . ceux qui me connaissent , savent que je suis large des épaules (?) et tout en muscles (! ) surtout au niveau du ventre et des fesses , hum !. . . . . je réprime un fou rire et me concentre sur l'extérieur .
Effectivement ,le point d'eau nous est devenu beaucoup plus visible , et l'attente commença .
Au bout d'une demi-heure , le vent se leva , et nous souffla dans le dos  . . . notre odeur se trouva emmenée devant nous . . . . mauvais ,pas bon  pensais-je .
Un phaco apparut  et à 100 m devant nous , s'arrèta net ,puis demi tour droite et s'éclipsa à toute vitesse ,confirmant mes craintes . je murmure à John que si le vent persiste à souffler devant nous, nous allons lever le camp . A ce moment, un bruissement se fait entendre , venant de la gauche du "bunker" , John jeta un coup d'oeil sur l'exterieur et je vis clairement son visage palir et se figer . . . . une demi seconde plus tard un serpent se glisse à l'interieur et se mit immédiatement à tourner comme un furieux . . . john cria : mamba ! . . . je me précipite sur l'ouverture, me cogne contre le montant droit , reprends mon élan et me catapulte à l'exterieur , me receptionne comme je peux sur les genoux et les mains et glisse sur la pente en m'écorchant la peau . . . derrière moi , John plus agile , saute comme un diable de sa boite et saisit un bout de bois qui trainait. .  nous nous regardont interrogatif , aucun de nous deux n'a été mordu . . . . par contre le mamba est toujours à l'interieur et se cache à moitié dans ma veste , essaie de sortir, mais nous apercois à l'exterieur et rentre à nouveau dans la cahute . . . les carabines sont à l'interieur, j'ai mon couteau à la main et John son bout de bois  . . . nous devons vraiment faire peur ! ! !
Au bout de quelques minutes, le reptile sort à la vitesse de l'éclair  salué par le jet du morceau de bois , et à une
vitesse incroyable se glisse vers le couvert des herbes sèches et disparait à notre vue . . . il avait dans les 2,50 m de long Nous n'osons pas prendre nos affaires de suite dans la cabane , et avec précaution , je prends ma veste du bout des doigts et la secoue comme si un reptile s'y cache encore . . . les carabines sont vite saisies et enfin on se laisse aller à rire jaune et à plaisanter  ! ! ouf,  nous sommes indemne et reprenons nos esprits, je prends des photos et nous filons illico à l'abri du 4x4 .Nous venions d'échapper à une catastrophe , et ces secondes de tension m'ont parrues une éternité . . . . je me vois encore me cogner contre le montant de la porte comme au ralenti , et john me montre de la main que le mamba lui a glissé le long de sa veste . . .Tout le monde sait que le mamba noir est un reptile extrêmement agressif et rapide ,une morsure de sa part et il vous reste
juste assez de temps pour faire votre prière . . . en plus il mord parfois plusieurs fois sa victime ! ! !
je présume qu'il a été aussi surpris que nous , et que cela a surement sauvé la vie à l'un de nous deux . . . .une bonne étoile nous a gardé , à moins que ce soit le vendredi 13 qui nous a porté bonheur ! !

Rigole pas avec ça !

Sur le moment je n'ai absolument pas eu le temps d'avoir peur ! C'est après coup quand je pense aux conséquences si en plus de nous deux , j'avais emmené ma femme ou ma petite fille dans le réduit , nous n'aurions pas eu la place pour nous extirper  . . . . . le reste du séjour s'est passé le cul collé dans le 4x4  . Mais ce qui est paradoxal , c'est que j'ai eu un pressentiment qui m'a empêché d'emmener une autre personne et d'ailleurs John le guide en entrant dans la cahute a de suite regardé sous le banc pour voir s'il n'y avait rien ! On ne pouvait pas savoir que le serpent était descendu dans les herbes vers la mare et qu'ensuite avec la chaleur il a voulu se mettre au frais !

D'ailleurs j'ai été confronté 3 fois à des serpents : d'abord  le mamba en Namibie , puis au Cameroun un naja noir qui a slalomé entre les pieds du groupe de chasse à l'arrêt quand nous observions un phaco au loin et là ma femme était présente , et puis une vipère à corne au Bénin , mais celle là n'a pas eu de chance car les pisteurs l'ont tuée pour la manger ( peau comprise ! ) et ont juste gardé la tête pour faire le " gri-gri " chez le sorcier du coin . . . . .

Mais non , ce sont des bébêtes tout ce qu'il y a de paisibles .  

J'oubliais , en Norvège c'était les vipères : pas mal d'écrasées sur les routes et une que j'ai entraperçue en cueillant des myrtilles . . . . . . en Ardèche je n'en parle même pas , en Creuse une couleuvre dans un massif de fleurs , mais celle là j'étais obligé de la tuer sinon ma femme ne sortait plus dans le jardin ni dans le potager ! Et pour une recherche au sang en Alsace , le chien avait passé par dessus une souche d'arbre et a marqué le sol juste derrière , je me suis couché par dessus la souche et j'ai entendu un bruit comme un crachement ou sifflement , c'était aussi une couleuvre et j'ai vite enlevé ma tête . . . . . .

De toutes façons les serpents nous évitent le plus possible , sauf s'ils sont acculés ou pas encore assez réchauffés par le soleil pour fuir plus rapidement .

Aussi : au Cameroun on m'avait dit qu'il y avait un serpent dans la paille du toit du boukarou et qu'il servait à attraper les souris  mais je ne l'ai jamais vu ni entendu , il faut dire qu'on dormait très très bien à la fin de la journée , juste que ma femme avait une tendance naturelle à se coller à moi dans le lit  et ce jusqu'au petit matin  !  Donc conclusion : emmener votre femme dans un boukarou avec un toit de paille qui abrite un serpent , cela vaut tous les conseillers conjugaux du monde

Non , c'est bien un mamba noir sur la photo ! Il a aussi la faculté de gonfler un peu son cou .

Pourquoi ce nom de mamba noir : c'est que l'intérieur de la bouche est entièrement noire mais le serpent en lui même est gris , voire légèrement verdâtre parfois. Il grimpe aux arbres aussi et se déplace sur terre aussi vite que l'on coure.

Difficile de lui échapper quand il est fâché très fort . . . . .

Une autre précision : suite à cette rencontre et au rapport du guide à son patron , le " bunker " a été arraché une semaine plus tard et il ne reste à que l'affut sur la cabine de la structure de l'éolienne . Moins bien placée mais tant pis .

Il faut dire que nous étions à 1h30 de chemins de la ferme , et en cas de morsure par exemple sur John le guide , je n'aurai jamais retrouvé le chemin tout seul ! Il y avait bien la radio dans le 4x4 pour me guider , mais ça aurait forcément ralenti le retour à la base . . . . . .