- Jean-Paul13Cerf1000 Messages
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Le renard à Jules
Jeu 11 Aoû 2022 - 16:39
Cette histoire avait du être postée il y a quelques années déjà, puis à ma demande enlevée, c'était en l'honneur de Neltir, je la remet pour ceux qui sont des " jeunots" sur le site et qui vont découvrir que les cartouches faites maison de mon ami Neltir pouvaient faire de gros dégâts...
Jules avait le regard fixé, on aurait pu dire figé, crispé.
On aurait pu croire qu’il rêvait, qu’il pensait encore à cette dernière chasse, l’année passée dans le massif de la Salève, au gros sanglier du matin, aux écureuils joueurs qui lui avaient tenu compagnie pendant la longue attente l’après midi, assis sous le grand chêne du bois de la Salette.
Mais on se serait trompé.
Il suffisait de distinguer le léger va et vient du regard, l’extrême tension des muscles, la goutte de sueur qui perlait sur le front, la caresse de la paume sur le bois de la crosse pour comprendre que Jules ne rêvait pas le moins du monde.
Il était à sa tâche, tout entier à son but…
Et son but, c’était le renard.
Jules habitait cette maison à flanc de montagne, on voyait tout entier le massif de la Salève.
On voyait le monde, le monde de Jules.
Maintenant qu’il était à la retraite, il avait bien du temps : le bricolage, l’entretien des armes, le poulailler au fond de la petite prairie, le dessin, écrire encore quelques histoires de chasse, comme du temps du Chasseur Français, du temps de l’armurerie, du travail à l’atelier, du temps des cartouches à la poudre T.
Mais il y avait le rouquin, le mal incarné, la bête malfaisante, pas celle qui se nourrit et tue pour ses petits, non, la bête tueuse et vicieuse qui tue pour rien.
Un soir il l’avait bien aperçu, sortant du poulailler, bien en face, une fois de plus, une fois de trop. Les derniers rayons de soleil qui parvenaient encore à filtrer jusqu’au pied du massif s’étaient posé sur la fourrure du Goupil, roux jusqu’à plus roux que possible, beau comme un Dieu, planté là, immobile, pendant une ou deux secondes, la poule dans la gueule, le soleil qui aveuglait les yeux…
De la fenêtre de l’atelier à l’entrée du poulailler il y avait plus de 80 mètres, mesurés parcimonieusement, pas à pas, comptés et recomptés.
Alors Jules avait fait des croquis, mis en équation les incertitudes de trajectoire, il avait refait les calculs, remesuré la poudre, il avait même eu un coup de génie : il suffisait de mettre la bourre à l’envers, de rajouter un peu plus de poudre, de mettre un peu moins de plomb mais de charger avec du plus gros…
Bref, toutes les connaissances apprises du travail de l’atelier d’armurerie, année après année, fusil après fusil, livre après livre des maitres armuriers de Saint Etienne, tout cela mis en pratique dans le seul et unique but…
Et ce but, c’était le renard.
Cette bête était belle, mais imbue de sa force et de sa magnificence elle en avait oublié la prudence qui caractérise son espèce.
Dès le lendemain soir, elle était revenue.
Jules l’avait guetté, espéré.
Le matin il avait fabriqué une seule et unique cartouche, la cartouche faite maison, celle avec la bourre à l’envers, la cartouche spéciale à Jules.
Il avait vérifié le 12, l’avait nettoyé et huilé légèrement l’intérieur du canon.
Après une journée finalement comme les autres, il s’était installé sur la chaise, derrière la fenêtre de l’atelier, n’espérant pas voir de sitôt le Goupil au poulailler…
La bête était rentrée, Jules n’en croyait pas ses yeux…
Jules avait le regard fixé, on aurait pu dire figé, crispé.
Maintenant le juxtaposé était bien calé à l’épaule. Jules visait, dessus, encore un peu, encore un peu plus, là, peut être…
Le renard, magnifique, éclairé comme hier par le dernier rayon du soleil sur la Salève, se tenait immobile, indécis.
Le soleil lui aveuglait les yeux.
- Jules, Jules, Jules !!! Mais qu’est ce que tu as fait !!! Oh, mon Jules, Jules dis moi, qu’est ce que tu as fait ???
C’est Madame de Jules qui a couru à l’atelier après le bruit énorme, la Dame à Jules qui s’est mise à pleurer de voir son Jules par terre, le fusil à coté…
Elle le remet sur la chaise, Jules ne dit rien, il sourit simplement, comme un gosse prit à faire une grosse bêtise…
-La bête, le roux, je ne sais pas si je l’ai eu, va voir, dis moi…ne le touche pas, dis moi simplement…
Alors la Dame à Jules est allée voir.
Elle a marché les 80 mètres, à l’aller, puis les 80 mètres au retour, elle a dit à son Jules :
- Tu promets une chose avant que je dise, tu promets de ne jamais le refaire…
- Je promets…
- le renard il est bien mort, mais il y a 2 poules et le coq aussi qu’il nous faudra manger, je crois qu’ils sont bien plombés…
Jules avait le regard fixé, on aurait pu dire figé, crispé.
On aurait pu croire qu’il rêvait, qu’il pensait encore à cette dernière chasse, l’année passée dans le massif de la Salève, au gros sanglier du matin, aux écureuils joueurs qui lui avaient tenu compagnie pendant la longue attente l’après midi, assis sous le grand chêne du bois de la Salette.
Mais on se serait trompé.
Il suffisait de distinguer le léger va et vient du regard, l’extrême tension des muscles, la goutte de sueur qui perlait sur le front, la caresse de la paume sur le bois de la crosse pour comprendre que Jules ne rêvait pas le moins du monde.
Il était à sa tâche, tout entier à son but…
Et son but, c’était le renard.
Jules habitait cette maison à flanc de montagne, on voyait tout entier le massif de la Salève.
On voyait le monde, le monde de Jules.
Maintenant qu’il était à la retraite, il avait bien du temps : le bricolage, l’entretien des armes, le poulailler au fond de la petite prairie, le dessin, écrire encore quelques histoires de chasse, comme du temps du Chasseur Français, du temps de l’armurerie, du travail à l’atelier, du temps des cartouches à la poudre T.
Mais il y avait le rouquin, le mal incarné, la bête malfaisante, pas celle qui se nourrit et tue pour ses petits, non, la bête tueuse et vicieuse qui tue pour rien.
Un soir il l’avait bien aperçu, sortant du poulailler, bien en face, une fois de plus, une fois de trop. Les derniers rayons de soleil qui parvenaient encore à filtrer jusqu’au pied du massif s’étaient posé sur la fourrure du Goupil, roux jusqu’à plus roux que possible, beau comme un Dieu, planté là, immobile, pendant une ou deux secondes, la poule dans la gueule, le soleil qui aveuglait les yeux…
De la fenêtre de l’atelier à l’entrée du poulailler il y avait plus de 80 mètres, mesurés parcimonieusement, pas à pas, comptés et recomptés.
Alors Jules avait fait des croquis, mis en équation les incertitudes de trajectoire, il avait refait les calculs, remesuré la poudre, il avait même eu un coup de génie : il suffisait de mettre la bourre à l’envers, de rajouter un peu plus de poudre, de mettre un peu moins de plomb mais de charger avec du plus gros…
Bref, toutes les connaissances apprises du travail de l’atelier d’armurerie, année après année, fusil après fusil, livre après livre des maitres armuriers de Saint Etienne, tout cela mis en pratique dans le seul et unique but…
Et ce but, c’était le renard.
Cette bête était belle, mais imbue de sa force et de sa magnificence elle en avait oublié la prudence qui caractérise son espèce.
Dès le lendemain soir, elle était revenue.
Jules l’avait guetté, espéré.
Le matin il avait fabriqué une seule et unique cartouche, la cartouche faite maison, celle avec la bourre à l’envers, la cartouche spéciale à Jules.
Il avait vérifié le 12, l’avait nettoyé et huilé légèrement l’intérieur du canon.
Après une journée finalement comme les autres, il s’était installé sur la chaise, derrière la fenêtre de l’atelier, n’espérant pas voir de sitôt le Goupil au poulailler…
La bête était rentrée, Jules n’en croyait pas ses yeux…
Jules avait le regard fixé, on aurait pu dire figé, crispé.
Maintenant le juxtaposé était bien calé à l’épaule. Jules visait, dessus, encore un peu, encore un peu plus, là, peut être…
Le renard, magnifique, éclairé comme hier par le dernier rayon du soleil sur la Salève, se tenait immobile, indécis.
Le soleil lui aveuglait les yeux.
- Jules, Jules, Jules !!! Mais qu’est ce que tu as fait !!! Oh, mon Jules, Jules dis moi, qu’est ce que tu as fait ???
C’est Madame de Jules qui a couru à l’atelier après le bruit énorme, la Dame à Jules qui s’est mise à pleurer de voir son Jules par terre, le fusil à coté…
Elle le remet sur la chaise, Jules ne dit rien, il sourit simplement, comme un gosse prit à faire une grosse bêtise…
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- MlKEPalombe
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Re: Le renard à Jules
Jeu 11 Aoû 2022 - 18:15
Excellent ce petit récit
- yauteCerf1000 Messages
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Re: Le renard à Jules
Jeu 11 Aoû 2022 - 22:31
Joli récit, mais sa serait pas plutôt le Salève?
- charlie32Sanglier
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Re: Le renard à Jules
Ven 12 Aoû 2022 - 10:58
Jolie histoire, rigolote mais à mon avis inventée, pas très crédible. j'ai eu testé ce genre de chargement d'après une recette de Neltir sur ce forum d'ailleurs, il faut quand même respecter les doses de poudre, tirer avec un choke ouvert (lisse) et le résultat n'est pas bon en groupement bien avant les 80m ou alors j'ai pas su faire .
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- Jean-Paul13Cerf1000 Messages
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Re: Le renard à Jules
Ven 12 Aoû 2022 - 11:10
Inventée oui et non, il était toujours " emmer..." avec un renard et il avait fait ce type de cartouche, après il a déménagé de ce coin là , c'est vrai le ou la Salève je ne sais pas, (c'est bien loin de chez moi !), puis je n'ai plus eu de nouvelle sinon qu'il était mélancolique de ce paradis perdu.
Il me faisait de très jolis dessins qui étaient postés avec mes histoires des fois, il avait donc plein de talents, pas que de l'armurerie...
Il me faisait de très jolis dessins qui étaient postés avec mes histoires des fois, il avait donc plein de talents, pas que de l'armurerie...
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- Jean-Paul13Cerf1000 Messages
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Re: Le renard à Jules
Ven 12 Aoû 2022 - 11:16
Je m'excuse de parler de Neltir au passé, comme il l'a dit lui même dernièrement, non il n'est pas mort mais a été peu présent sur le forum pendant un temps, et ça fait plaisir de savoir qu'il va re participer, ce n'est pas tous les jours qu'on a un grand professionnel ici !
Quand il dit quelque chose ce ne sont pas des couillonades !
A+
jp
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charlie32 aime ce message
- charlie32Sanglier
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Re: Le renard à Jules
Ven 12 Aoû 2022 - 12:47
Et toujours un grand plaisir de le lire et d'apprendre.
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