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Jean-Paul13
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Cerf
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les petites histoires de mon village-partie 2 Empty les petites histoires de mon village-partie 2

Lun 13 Aoû 2018 - 9:04
Pour ceux qui sont en retard les petites histoires de mon village-partie 2 Siffle , le lien pour commander le livre " Toine des garrigues":
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... ou me faire un MP pour que je vous envoie un livre dédicacé

Ceux qui ont quelque responsabilité au sein de leur FDC, j'ai envoyé un mail à chacune d'entre elle, j'ai eu 5 retours les petites histoires de mon village-partie 2 Snif , soit de commande, soit d'insertion dans leur bulletin d'information, si on peut en avoir un peu plus les petites histoires de mon village-partie 2 Wink ... merci !

« A lui seul, Michel est l’encyclopédie vivante des histoires de chasse de mon village… »

L’histoire du premier lièvre au village

Nous sommes en 1920, enfin, à peu de choses près. Cette histoire n’a jamais été écrite jusqu’alors, la date est approximative, de la plus pure tradition orale, à l’ancienne !
C’était l’époque bénie des équipages aux lapins, des meutes entières de « bâtards » bien créancés qui coursaient le Jeannot aux quatre coins des terres et des prairies, nombreuses à cette époque. L’affaire était vite conclue lorsque les lapins étaient aux champs ou aux foins, ça traçait droit, le plus souvent les Jeannots couraient ainsi au plus vite… dans la gamelle des chasseurs. On en faisait des pots et des conserves en tous genres, aromatisées au romarin. Dans ces années difficiles de l’après-guerre, ça mettait « du beurre dans les épinards ».

Les chasseurs se réunissaient au Cercle de la Fraternité, leur doyen était un agriculteur qui se nommait Hyppolite. Lui, il n’avait pas de meute, mais il avait sa tête, sa faux pour le foin, et ses yeux pour bien regarder. C’est le Gaston qui parle pour l’instant :
- C’est incroyable, les chiens se sont mis à tourner en rond ! Jamais vu ça, et impossible de voir la bête… il parait que l’Augustin l’a vu hier, à Champvert, pendant la pause de la fauche. Comme il était tout fatigué et tout suant jusqu’aux sourcils, il n’est pas bien sûr, mais il m’a dit que c’est comme un énorme lapin mais avec des oreilles immenses et bien droites…
- Moi, je le tuerai demain…
Hyppolite avait vu la bête, cette bête qui avait suivi les moutons transhumants, elle avait passé le pont de la Durance à Cadenet avec le troupeau. Puis elle avait pris ses quartiers à Champvert et si la meute venait à la courser, elle filait tout droit, après moultes aller et retours, sur le saule incliné dont une branche traversait le ruisseau de Lavaldenan.

Le vieux Hyppolite a tué ce premier lièvre venu sur les terres communales. Ça n’a pas été bien loyal, un tir au gite… sur la fourche du saule ! Les chasseurs du Cercle de la Fraternité ont contemplé longuement ce gros lièvre sur le comptoir, le premier jamais vu au village. Fort heureusement, il a été suivi depuis par de nombreux autres qui ont dû eux aussi franchir la Durance et faire souche. Toutes les communes n’ont pas bénéficié de ces lièvres transhumants à l’instar de Saint Rémy de Provence qui à l’époque n’en avait jamais vu le poil. On pouvait voir cependant au bar de la grand-place, une sorte de lièvre préhistorique à corne qui a été tué à Saint Rémy dans ces années-là d’après-guerre … Galéjade ? Il y a longtemps que je ne suis plus allé à Saint Rémy, je ne sais pas si le lièvre à corne trône toujours au-dessus du comptoir…


Une cartouche très spéciale

Il faut faire partir les « cochons » de là !... et pourtant il n’est pas question d’en tuer un seul. On ne se décarcasse pas pendant l’entre saison pour leur porter à boire et à manger en colline, pour les trucider à bout portant aux bords des maïs, cela dénoterait un esprit caligineux !
Ce type de mot, il aime bien, Michel. Il n’a pas fait de grandes études, mais il est un fin autodidacte en toute chose, et particulièrement en ce qui concerne le vocabulaire, la chasse, les armes et les munitions.
- Tu comprends, je vais leur fiche une trouille qu’ils vont s’en rappeler ces cochons-là !
Le Michel, il est bien en colère…
- Tu viens voir, tu ne le dis à personne…

On est à l’atelier. Douilles, amorces, poudre noire, poudre T, plomb de ci, plomb de ça, bourres à jupe, bourres grasses… tout est bien rangé dans de petites boites. Bien rangé, comme la collection de vieux fusils dans les armoires sécurisées fermées à clefs. Le reste des outils, ceux de la ferme, c’est comme on dit à l’armée, « en bordel couvré », en vrac.
- Il faut charger avec la noire, elle est bien moins vive, mais ça accompagne mieux, c’est que ce n’est pas du plomb, ça porte pas trop, mais quand ça leur rentre dans le cul…
Je n’en crois pas mes yeux, Michel charge des cartouches à broche avec du gros sel, des grains de poivre et du…
- Là pour bien la finir, tu mets un peu de piment d’Espelette, si ce n’est pas de l’AOP, ce n’est pas grave… Ensuite, on se place au maïs, on prend l’antépénultième, 9 fois sur dix c’est le gros mâle, tu ne dois pas tirer à plus de 12 mètres, tu vises bien le gigot, non seulement ça lui pique, mais l’odeur du piment reste bien longtemps et le vieux cochon se fait refouler par les autres, c’est comme ça que ça fait les solitaires…
- Tu le dis à personne, c’est secret …

Le problème, c’est que Michel a su que je raconte les histoires dans le Chasseur Français, il s’est abonné, il va le voir…

Sûr, le prochain poste à couillonville, ce sera… pour moi !!!

L’ami du prince Albert

Celui-là, il avait un culot monstre…
Au village, il était connu pour cette expression qu’il disait à tout va !... une sorte de bégaiement automatique parce que quelque que soit le sujet, on avait droit à son expression favorite : « c’est comme tuer un âne à coups de figues molles » !

Avec ça, bien entendu il n’était pas question d’organiser avec ce grand couillon aux jambes de grive et à la figure de poulpe une quelconque entrevue avec Brigitte Bardot !

Parce qu’en plus, au lieu d’aller se jeter aux Goudes et de fréquenter assidument le bistrot du village, cette bestasse était un assidu des collines et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il avait une chance incroyable.

Il n’était pas rare en effet de le voir rentrer à la ferme avec le panier d’osier plein de sanguins et il prenait bien soin de passer par le centre du village…

Car le bestiau était un gros m’as-tu vu !!! Il se targuait même de connaitre le Prince Albert.

Et que je t’étale à la vue de tout le monde les champignons, et que je te baratine de ci et de ça, bref, cet emplâtre faisait l’article au coin de la rue du bistrot et attirait les 4 petits vieux qui trainaient ainsi que les 3 touristes perdus en ce lieu.
Mais pas pour longtemps car il emboucanait sérieusement et la fuite des curieux s’avérait être la solution de replis d’urgence car cet ensuqué ne connaissait pas plus le savon de Marseille que la Brigitte Nationale la meilleure façon de « tuer un âne à coups de figues molles ».

Le maire ne pouvait quand même pas prendre un arrêté municipal spécialement pour ce jobastre et rouvrir à son attention les bains-douches publics afin qu’il puisse enfin prendre un bain…

La seule solution fut trouvée par Michel, le chef de battue.

Sauf que l’andouille n’avait pas pour habitude de fréquenter l’équipe de battue et courait la garrigue en solo à la recherche de menus gibiers.
Il avait été décidé de lui offrir sa part pour la saison pour participer aux battues de gros.
Evidemment on l’avait régulièrement placé en bout de ligne, à l’abri de toute possibilité de débuché de sanglier. Autrement dit, au fameux poste de Couillonville.
Comme il ne comprenait pas grand-chose à cette nouvelle chasse pour lui, il accepta sans broncher que le fait de ne jamais voir un sanglier passer à proximité de son poste provenait exclusivement des émanations olfactives qui se dégageaient de sa personne et que les sangliers n’appréciaient pas à leur juste valeur…

C’est ainsi qu’au moins une fois par semaine l’ami du Prince Albert se mit à s’astiquer le poil au savon de Marseille avant la battue dominicale.
Dans l’espoir de voir enfin un sanglier passer à son poste.

Somme toute, une fois bien lavé et récuré, l’« artiste » s’était révélé sociable, et lors des repas de chasse il était arrivé à se faire apprécier petit à petit par les membres de l’équipe.

Jusqu’au jour où…

Jusqu’au jour où à force de rabâcher à tout va, « c’est comme tuer un âne à coup de figues molles », ce qui devait arriver…arriva.

L’équipe se retrouva pour la première grande battue de la Chaine des Côtes, secteur qui avait brulé il y a quelques années et que l’on venait juste de réouvrir.

Du sanglier, il devait y en avoir un sacré paquet et il n’était pas question de placer l’ensuqué à un poste stratégique. Il fut relégué en fond de vallée à des kilomètres des places chaudes et des passages supposés de fuite.
Il avait beau sentir la bonne odeur du savon de Marseille, c’était le jour de tous les espoirs de faire
« un gros coup » et il n’était pas question de laisser faire les amateurs…

C’est le Robert qui avait été un véritable amateur ce jour-là car s’il avait bien fait le pied, les traces indiquées ne devaient pas être de grande fraicheur, les chiens ne démarraient pas la chasse.
Les sangliers en profitèrent pour s’éloigner encore un peu plus du secteur présumé et c’est un véritable troupeau qui se dirigea droit sur le poste à l’endormi…

Son voisin de poste, qui était à quelques encablures de là, a vu un nuage de poussière dévaler la colline et passer tout près du poste de l’ami du Prince Albert.
L’ami du Prince a assisté au spectacle la langue pendante, a fini par viser l’un, puis un autre plus gros, puis encore un autre mieux placé … puis a tiré à perpette, une seule fois, le dernier petit sanglier qui franchissait la ligne.

Le pauvre petit goret, atteint au cul, s’est mis à gueuler tout en essayant vainement de se trainer plus loin et l’ami du Prince Albert a lâché son fusil et s’est mis en tête d’achever la bête au couteau.
Pendant qu’il s’agitait encore sur le petit sanglier, un deuxième troupeau passa tranquillement au petit trot au poste de l’imbécile et sur les dizaines de sangliers qui se sont succédé et sont passés près du poste, un seul, un tout petit, figurait au « tableau ».

Alors depuis l’expression « ça lui prend autant de temps que de tuer un âne à coup de figues molles » a un gout amer au village…

Un gout beaucoup plus amer que celui des figues, aussi molles soient-elles !

pardigaou13
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Lun 13 Aoû 2018 - 9:59
Bonjour,

Toujours aussi bien tes histoires

merci
FOX
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Cerf
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Lun 13 Aoû 2018 - 11:22
C'est excellent ce récit.

_________________
[b]je suis tombé dedans tout petit,  et je ne veux surtout pas en sortir les petites histoires de mon village-partie 2 Content
vendéen
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Lun 13 Aoû 2018 - 11:37
Merci du partage, vraiment sympa. Raconte nous encore des histoires les petites histoires de mon village-partie 2 Wink

_________________
Guy, alias "vendéen"  les petites histoires de mon village-partie 2 Wink

Ce n'est pas parce que l'homme a soif d'amour qu'il doit se jeter sur la première gourde ...
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Lun 13 Aoû 2018 - 11:44
Bonjour Jean-Paul et merci du partage pour ces histoires si joliment écrites!
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bluy45
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Ven 17 Aoû 2018 - 21:25
Hé oui! Chez moi dans le Berry, il est une histoire bien connu d'un débutant qui demandait aux anciens, comment reconnaître un lièvre.
"Tu ne peux pas te tromper! un lièvre c'est un gros animal roux avec de grandes oreilles"
Sur ces conseils avisés, le nemrod en herbe avait finalement tué un âne.

Et chez nous, on tue le gibier avant de l'assaisonner

Pour le reste...Un petit sanglier vaut mieux que rien du tout.
"La valeur du chasseur ne se mesure pas au poids du gibier......"Disait un chasseur d'alouettes
PierrotM
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Ven 17 Aoû 2018 - 21:49
Merci Jean-Paul pour ces nouvelles histoires. C'est toujours un plaisir.
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