J'ai essayé..... j'ai essayé !

Il est tôt ce samedi matin, je serai bien resté au lit, mais le p’tit Luc m’a invité à la battue sur sa société, je sais qu’il est content que je vienne, alors j’ai fait l’effort de me lever, sans grande motivation, hormis celle de faire plaisir à un gamin que j’adore.
(Le p’tit Luc, c’est le frère d’une copine. Il a obtenu son permis de chasse au printemps, c’est donc sa première saison, il a 16 ans, il est gentil, très gentil, un peu trop même, il a un peu tendance à se laisser faire quand on l’emmerde. Il a pas toujours été épargné par la vie. Son papa est malheureusement parti il y a 2 ans des suites d’une saloperie de maladie. Son père chassait, et le plus souvent possible, Luc allait avec lui. C’est d’ailleurs comme ça qu’il s’est passionné pour la chasse. Seulement, sa mère qui l’élève seule à présent n’a pas de gros moyens, et le gamin doit faire avec les moyens du bord pour s’adonner à sa passion. Il a récupéré le vieux Robust de son père, qui le tenait de son père également. Avant que la saison ne commence, je l’ai emmené plusieurs fois au stand, histoire de faire quelques parcours de chasse et sangliers courants. Il est pas mauvais tireur le gamin, tant qu’on tape les plateaux, ça va, mais dès qu’on arrive au sanglier courant, bon sang, que son fusil tient mal les balles qu’il met dedans, un vrai arrosoir, un coup en haut, un coup en bas, un coup à gauche. Du coup, j’lui ai fait essayer quelques fois la carabine, et là, ça se passe beaucoup mieux. Je lui aurait bien conseillé d’essayer de cibler avec d’autres balles, mais je sais bien qu’il a pas les moyens de le faire, alors…
« Y’a pas, dès que j’ai 2,3 sous, j’en achète une » qu’il m’a dit en parlant de la carabine. Il a quand même réussi à se trouver une p’tite action pas trop chère sur la chasse de sa commune)
Me voilà donc prêt , je passe chercher le gamin pour se rendre au RDV, d’habitude c’est sa mère qui l’y emmène, mais je lui ai dit que je passerai le chercher, la pauvre femme se crève le c .. à faire des ménages toute la semaine, si elle peut dormir un peu le week-end.
On arrive sur place à 7h30, il fait encore sombre. Plusieurs personnes sont déjà présentes. Poli, je fais le tour pour dire bonjour à tout le monde. Y’a deux mecs un peu à l’écart, qui parlent pas bien fort, je m’en vais quand même pour les saluer. Lorsque j’arrive à 1 mètre d’eux, je reconnais le premier. C’est pas vrai, cette tête de noeud de Rémi L., un con, pas la moitié d’un, un vrai, une grande gueule, prétentieux comme pas 2, que je n’ai jamais pu encadrer. Lui non plus n’a jamais pu m’encadrer d’ailleurs, à la base, c’est lui qui a commencé à me détester, moi, j’en ai fait de même. J’imagine que….Oui, c’est bien lui, Marc T., son fidèle toutou, lui est moins con, mais beaucoup plus bête, c’est un idiot, il est même, la définition parfaite de l’idiot, toujours à se marrer de son p’tit rire de hyène dès que le Rémi dit un mot, même s’il n’a pas compris ce que l’autre zouave a dit.
( En fait, notre haine mutuelle avec le Rémi, remonte au collège, lieu de notre rencontre, je n’avais alors, absolument rien contre lui, je ne l’avais jamais vu. Seulement, après quelques mois de scolarité, j’avais roulé 2 ou 3 galoches à une nana qu’il convoitait, et ça, ça avait attisé sa haine envers moi. Mon amourette de gamin avec la fille en question n’avait pas duré bien longtemps, mais lui n’avait pas digéré, je le savais, même s’il n’était jamais venu en discuter avec moi, on se haïssait, c’était tout. En dernière année de collège, en 3ème donc, notre haine l’un de l’autre s’était traduite par une bagarre. Cet espèce de mollusque s’amusait à faire des bombes à eau avec des capotes et à en balancer un peu partout, évidemment accompagné du Marc, qui le suivait comme son ombre. Je ne sais pas s’il l’a fait volontairement ou non, et d’ailleurs j’en avais rien à foutre, mais cet abruti m’en a balancé une dessus. Ce genre de truc, quand ça vient d’un copain, on en rigole, mais quand ça vient d’un mec qu’on peut pas piffrer, c’est une autre histoire. Je l’avais accroché, jeté par terre, m’étais agenouillé sur lui et avais commencé à lui caresser les joues à coups de poings. L’affrontement tournant nettement à mon avantage, cette fouine de Marc était venu sur mon côté droit et avait commencé à me balancer des coups de latte dans les côtes. Seulement, il y en avait un qui avait observé la scène, c’est mon pote Fredo, et quand il a vu le Marc faire, il a déboulé et lui a collé une danse mémorable, il a fallu plusieurs pions (les surveillants) pour lui faire lâcher prise, j’avais pendant ce temps là terminé de corriger le Rémi. Pourtant, il est pas méchant pour un sou mon Fredo, mais le problème, c’est que quand il pète les plombs, c’est un taureau dans l’arène, et ce jour là, les plombs avaient pété. Cette histoire, qui n’était après tout qu’une banale querelle de gamins aurait pu s’arrêter là, le Rémi s’en était tiré avec quelques bleus et quelques écorchures, le problème, c’est que Fredo avait esquinté le Marc beaucoup plus sérieusement, le nez et plusieurs dents cassés. Les parents du marc ayant déposé plainte, tribunal, etc, les parents de Fredo avaient du payer un ratichier tout neuf au Marc, plus des dommages, etc. ça leur avait coûté bonbon. Les parents de Fredo avaient décidé de le changer d’école après ça, car le bougre avait juré de faire la peau au Marc, et ils avaient peur que quelque chose d’encore plus grave ne se produise. Ces deux abrutis m’ont évité comme ils pouvaient jusqu’à la fin de l’année scolaire, en même temps, je ne cherchais pas à les croiser non plus. Je ne les avais jamais revus depuis)
« Et bien, voilà une paire de cons que je me serai bien passé de voir aujourd’hui……..Après tout, cette histoire a près de 15 ans, on est plus des gamins, je ne dis pas que je vais les inviter à manger à la maison la semaine prochaine, mais on peut peut-être réussir à se supporter le temps d’une journée, et encore, moins les périodes où on est au poste » me dis-je. Je leur serre la main, aucun mot ne sort de leur bouche, ni de la mienne d’ailleurs, les regards sont plutôt froids, presque provocateurs, non, on risque de peiner à se supporter le temps d’une journée.
On  commence par un p’tit casse-croûte, je me dis que je vais tenter de m’installer le plus loin possible des ces 2 empafés, histoire de ne pas trop mettre mes nerfs à rude épreuve dès le début, mais tous les « anciens » se sont regroupés, du coup, les plus jeunes, moins nombreux, sont tous du même côté. Je suis à droite de Luc, à sa gauche, le Rémi et bien sûr, à côté de Rémi, le Marc. Le casse-croûte commence, du côté des anciens, c’est plus bruyant que par chez nous. Puis le Rémi se met à causer un peu, pas à moi, évidemment, au Marc.
(Pour les dialogues, comme il y a plusieurs intervenants, R : Remi, M : Marc, L : Luc, A : Moi)
R:ça y est je vends ma carabine ! J’en ai reperé une autre !
M:Ah oui, t’en veux combien ?
R:1200 € !
M:C’est pas le prix que tu l’avais achetée neuve ça ?
R:Si, mais comme c’est une 300 et que tout le monde veut ça, je vais pas peiner à la vendre.
M:Ah oui, c’est vrai que les 300, ça perd pas de valeur »
Je manque de m’étouffer avec mon bout de pain en entendant de telles conneries , je crois qu’ils sont encore plus cons qu’à 14 ans, nom d’un chien, je tiendrais pas la journée avec ces 2 abrutis, y’a forcément un moment où je vais craquer !
L:Bah, pourquoi le mec irait acheter la tienne d’occase, alors qu’il peut l’avoir en neuve au même prix ?
R:Mais toi pourquoi tu la ramènes ? T’y connais rien !
Le gamin rougit comme une pivoine et ne dit rien.
Je voulais éviter de parler trop tôt, mais là, c’est pas possible !
A :Des trois personnes qui viennent de parler, c’est le seul à avoir dit un truc sensé, moi je te la repose la question, pourquoi un mec irait acheter ta carabine d’occase alors qu’il peut avoir la même neuve et pour le même prix ?
………..
A: Je t’ai posé une question !
Je ne m’en suis pas aperçu tellement je bouillonne face à des 2 idiots, surtout le Rémi qui vient de s’adresser au gamin d’une façon qui me fout les nerfs en pelotte, mais j’ai parlé fort, très fort, à tel point que toute la table a fait silence et me regarde. Une quinzaine de personnes, qui ne connaissant absolument pas les différents du passé, me regardent d’une manière qui veut dire « c’est qui ce cinglé qui pète les plombs à peine arrivé ?" Le Rémi est comme un con, forcément c’en est un, il ne peut pas donner une réponse logique à cette question, y’a que cet imbécile de Marc pour dire amen à ses conneries, mais il faut bien qu’il dise quelque chose, sinon il passe pour un dégonflé.Je le connais le Rémi, il est pas très courageux, mais par fierté, il va faire le coq quand même, ça ne loupe pas.
R: J’te conseille de changer d’ ton !
A:Ah bon et pourquoi don ?
R:Parce que sinon, ça pourrait mal se passer !
A:Mal se passer pour qui ? Tu veux que j’ te rafraichisse la mémoire ?
R: Y’a d’ ça 15 ans, aujourd’hui, ça s’passerait sûrement différemment, maintenant j’ fais 100 kg !
A:T’imagines quand même pas m’impressionner en me donnant ton poids ? Moi j’en fais 90 si tu veux aller par-là et y’a 15 ans, tu t’ battais comme une fille, si t’as pas appris entre temps, c’est pas tes 10 kg de plus qui vont te sauver la mise crois-moi, alors, tu veux essayer?
En prononçant cette phrase, je me suis levé, je me suis approché de lui et j’ai mis ma tête à 50 cm de la sienne, lui s’est tassé dans sa chaise.  Il ne dit plus rien, il a compris qu’au moindre mot de travers, ça part !
A:Tu t’es toujours pas trouvé une paire de couilles ?
Je tourne alors la tête vers le Marc qui ne sait plus trop ce qu’il doit faire.
A:Et toi ! T’as l’bonjour de Fredo ! » Je savais que rien que l’évocation du prénom de mon copain provoquerait chez lui, comment dire…..un frisson !
«  Sur ce, bonne journée à tous, désolé mais je ne chasserai pas avec eux. »

Là-dessus, devant une assemblée médusée, j'ai tourné les talons, j’ai dit à Luc que je m’en allais, je lui ai demandé s’il voulait venir avec moi. Le gamin s’est retrouvé mal à l’aise, ça m’a vraiment embêté pour lui, mais là, c’était pas possible autrement. Il est finalement venu avec moi. Le soir même, j’ai appelé le président de sa société de chasse, un homme gentil qui paraissait apprécier Luc, moins les 2 autres crétins, de ce que j’ai pu comprendre, afin de m’excuser et de lui expliquer ce qui s’était passé, qu’il comprenne bien que le gamin n’y était pour rien. Il m’a répondu qu’il se doutait bien que c’était une histoire comme ça , mais que les 2 loustiques étaient restés très évasifs à la question « Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? »
La semaine suivante, pour me faire pardonner, j’ai invité le p’tit Luc sur ma société, où tout le monde a été très sympa avec lui, je lui ai prêté ma carabine et il a prélevé son premier chevreuil avec .Il était ravi le gamin, et ça m’a fait plaisir de le voir comme ça. A l’apéro d’après-chasse, j’en ai profité pour discuter un peu avec lui.
A:Tu vois, c’est ça la chasse, avec des copains, des gens que tu apprécies, pas des cons qui te font chier. Tu fais un peu de gibier, tant mieux, si t’en fais pas c’est pas grave, mais au moins, tu passes des moments sympas.
L:T’sais, à part les 2 autres qui sont un peu cons, les autres mecs ils sont sympas.
A:Et bah, dans ce cas, si tu veux continuer à chasser là-bas, tu t’occupes pas d’eux, tu les ignore, et s’ils t’emmerdent, tu leur dis, que Fredo et moi, on ira leur rendre une petite visite ! De toute façon t'as rien à gagner à causer avec eux, ce sont 2 abrutis !
L:Ils connaissent vraiment Fredo ? Le gamin le connait aussi, le Fredo
A:Oui ils le connaissent !
Je suis resté évasif, ne pouvant lui avouer totalement qu'une vieille rancoeur de gamins de 14 ans avait gâché sa journée de chasse....

Quand je l'ai vu le Fredo, et que je lui ai raconté l'histoire :
"-Oh putain, oh putain, si j'avais été là, bon dieu !
-Arrête don, t'aurais fait quoi ? Tu leur aurais cassé les dents ? Encore ? Ce coup-ci, c'est toi qu'aurait payé, pas tes parents !
-T'as changé mon Alex, y'a encore 5 ou 6 ans de ça, c'est ce que t'aurais fait aussi !
-Bah oui, on va pas passer notre vie à se battre comme des chiffonniers pour ci ou ça, on est plus des gamins !"
Enfin, presque plus des gamins...........

Parfois, y’a des gens que l’on aimerait ne jamais revoir. Quand, malgré tout, le sort en décide autrement et qu’on les recroise, même si on se dit qu’on va prendre sur soi pour essayer que ça se passe pas trop mal, bah……C’est peine perdue. Quand on aime pas, on aime pas. J’aime pas les épinards, j’en mange pas et c’est tout, j’essaye pas de les avaler en disant, peut-être que….. Non, ils auront toujours ce goût d’épinards quoi que je fasse !

Je précise que tous les noms des protagonistes ont été changés, afin d'éviter tout problème, et je m'excuse pour la vulgarité de mon langage, mais pour que mon récit soit fidèle aux faits, j'étais obligé d'y insérer les insultes.

j'ai l'impression de me voir dans un miroir

[quote="AFONDEBALLE36"]Il est tôt ce samedi matin, je serai bien resté au lit, mais le p’tit Luc m’a invité à la battue sur sa société, je sais qu’il est content que je vienne, alors j’ai fait l’effort de me lever, sans grande motivation, hormis celle de faire plaisir à un gamin que j’adore.
(Le p’tit Luc, c’est le frère d’une copine. Il a obtenu son permis de chasse au printemps, c’est donc sa première saison, il a 16 ans, il est gentil, très gentil, un peu trop même, il a un peu tendance à se laisser faire quand on l’emmerde. Il a pas toujours été épargné par la vie. Son papa est malheureusement parti il y a 2 ans des suites d’une saloperie de maladie. Son père chassait, et le plus souvent possible, Luc allait avec lui. C’est d’ailleurs comme ça qu’il s’est passionné pour la chasse. Seulement, sa mère qui l’élève seule à présent n’a pas de gros moyens, et le gamin doit faire avec les moyens du bord pour s’adonner à sa passion. Il a récupérer le vieux Robust de son père, qui le tenait de son père également. Avant que la saison ne commence, je l’ai emmené plusieurs fois au stand, histoire de faire quelques parcours de chasse et sangliers courants. Il est pas mauvais tireur le gamin, tant qu’on tape les plateaux, ça va, mais dès qu’on arrive au sanglier courant, bon sang, que son fusil tient mal les balles qu’il met dedans, un vrai arrosoir, un coup en haut, un coup en bas, un coup à gauche. Du coup, j’lui ai fait essayer quelques fois la carabine, et là, ça se passe beaucoup mieux. Je lui aurait bien conseillé d’essayer de cibler avec d’autres balles, mais je sais bien qu’il a pas les moyens de le faire, alors…
« Y’a pas, dès que j’ai 2,3 sous, j’en achète une » qu’il m’a dit en parlant de la carabine. Il a quand même réussi à se trouver une p’tite action pas trop chère sur la chasse de sa commune)
Me voilà donc prêt , je passe chercher le gamin pour se rendre au RDV, d’habitude c’est sa mère qui l’y emmène, mais je lui ai dit que je passerai le chercher, la pauvre femme se crève le c .. à faire des ménages toute la semaine, si elle peut dormir un peu le week-end.

Heureusement qu'il y a encore des gens comme toi!!! pauvre gamin la vie n'ai pas toujours juste
Très belle histoire

grâce a toi le gamin va aimer vie

Merci Braque vendéen et Vérone,
Le but du récit n'est pas de me faire passer pour Robin des Bois, mais plutôt de montrer qu'on est des éternels gamins, et qu'une vieille rivalité de bac à sable, peut ressortir quinze ans plus tard sans crier gare

tu es intervenue pour le gamin face a l'autre idiot c'est très bien

Félicitations ! Très intéressante cette histoire !  Elle mériterait probablement une analyse psychologique plus approfondie.
Qu’est-ce qui nous incite à continuer à nous détester pour des différents révolus depuis des années ?
Qu’est-ce qui nous pousse à réagir violemment, face à certaines personnes, pour des sujets dont en temps normal, on se fiche royalement ?  Connerie ?  Rancunes ?  Attitudes ? Contexte ?
Certes, les cons ne manquent pas! La jeunesse répond souvent à la connerie par la violence et en général avec l’âge on réalise que la réponse la plus adaptée est le déni ou le ridicule.
Une scène de mon enfance me revient souvent en mémoire et me sert de référence en ce domaine: Mon grand-père en train de se faire engueuler publiquement par un abruti rouge de colère qui le traitait de tous les noms d'oiseaux, pour une histoire de droit de passage sur ses terres
- Gros c..! Si je te revois chez moi  je te casse la g…., Je te fais la peau !  Saloperie! Je peux même plus sentir ton odeur! Pourriture ! Etc......
Et le grand-père de répondre avec un petit sourire moqueur
- Eh ben, moi je t'aime bien et je serais vraiment peiné si à cause de moi tu avais des ennuis.
Cette réponse provoquant l'hilarité générale dans l'assemblée.
L'autre, sidéré, s'étouffait en réalisant qu'il était en train de passer publiquement pour un c.. Il n’arrivait même plus à articuler un mot.
Je n'avais pas réalisé à l'époque pourquoi cette scène m'avait tant marqué. Je sais maintenant que déjà inconsciemment, j'avais compris que les mots bien utilisés sont plus efficaces que les poings

Ça a du te démangé quand même de pas lui en mettre une

AFONDEBALLE36 a écrit:Merci Braque vendéen et Vérone,
Le but du récit n'est pas de me faire passer pour Robin des Bois, mais plutôt de montrer qu'on est des éternels gamins, et qu'une vieille rivalité de bac à sable, peut ressortir quinze ans plus tard sans crier gare

Quoique!!! tu aurais dû lui mettre une flèche en pleine tronche à ce C..

un bon marron sur le museau

AFONDEBALLE36 a écrit:Il est tôt ce samedi matin, je serai bien resté au lit, mais le p’tit Luc m’a invité à la battue sur sa société, je sais qu’il est content que je vienne, alors j’ai fait l’effort de me lever, sans grande motivation, hormis celle de faire plaisir à un gamin que j’adore.
(Le p’tit Luc, c’est le frère d’une copine. Il a obtenu son permis de chasse au printemps, c’est donc sa première saison, il a 16 ans, il est gentil, très gentil, un peu trop même, il a un peu tendance à se laisser faire quand on l’emmerde. Il a pas toujours été épargné par la vie. Son papa est malheureusement parti il y a 2 ans des suites d’une saloperie de maladie. Son père chassait, et le plus souvent possible, Luc allait avec lui. C’est d’ailleurs comme ça qu’il s’est passionné pour la chasse. Seulement, sa mère qui l’élève seule à présent n’a pas de gros moyens, et le gamin doit faire avec les moyens du bord pour s’adonner à sa passion. Il a récupérer le vieux Robust de son père, qui le tenait de son père également. Avant que la saison ne commence, je l’ai emmené plusieurs fois au stand, histoire de faire quelques parcours de chasse et sangliers courants. Il est pas mauvais tireur le gamin, tant qu’on tape les plateaux, ça va, mais dès qu’on arrive au sanglier courant, bon sang, que son fusil tient mal les balles qu’il met dedans, un vrai arrosoir, un coup en haut, un coup en bas, un coup à gauche. Du coup, j’lui ai fait essayer quelques fois la carabine, et là, ça se passe beaucoup mieux. Je lui aurait bien conseillé d’essayer de cibler avec d’autres balles, mais je sais bien qu’il a pas les moyens de le faire, alors…
« Y’a pas, dès que j’ai 2,3 sous, j’en achète une » qu’il m’a dit en parlant de la carabine. Il a quand même réussi à se trouver une p’tite action pas trop chère sur la chasse de sa commune)
Me voilà donc prêt , je passe chercher le gamin pour se rendre au RDV, d’habitude c’est sa mère qui l’y emmène, mais je lui ai dit que je passerai le chercher, la pauvre femme se crève le c .. à faire des ménages toute la semaine, si elle peut dormir un peu le week-end.
On arrive sur place à 7h30, il fait encore sombre. Plusieurs personnes sont déjà présentes. Poli, je fais le tour pour dire bonjour à tout le monde. Y’a deux mecs un peu à l’écart, qui parlent pas bien fort, je m’en vais quand même pour les saluer. Lorsque j’arrive à 1 mètre d’eux, je reconnais le premier. C’est pas vrai, cette tête de noeud de Rémi L., un con, pas la moitié d’un, un vrai, une grande gueule, prétentieux comme pas 2, que je n’ai jamais pu encadrer. Lui non plus n’a jamais pu m’encadrer d’ailleurs, à la base, c’est lui qui a commencé à me détester, moi, j’en ai fait de même. J’imagine que….Oui, c’est bien lui, Marc T., son fidèle toutou, lui est moins con, mais beaucoup plus bête, c’est un idiot, il est même, la définition parfaite de l’idiot, toujours à se marrer de son p’tit rire de hyène dès que le Rémi dit un mot, même s’il n’a pas compris ce que l’autre zouave a dit.
( En fait, notre haine mutuelle avec le Rémi, remonte au collège, lieu de notre rencontre, je n’avais alors, absolument rien contre lui, je ne l’avais jamais vu. Seulement, après quelques mois de scolarité, j’avais roulé 2 ou 3 galoches à une nana qu’il convoitait, et ça, ça avait attisé sa haine envers moi. Mon amourette de gamin avec la fille en question n’avait pas duré bien longtemps, mais lui n’avait pas digéré, je le savais, même s’il n’était jamais venu en discuter avec moi, on se haïssait, c’était tout. En dernière année de collège, en 3ème donc, notre haine l’un de l’autre s’était traduite par une bagarre. Cet espèce de mollusque s’amusait à faire des bombes à eau avec des capotes et à en balancer un peu partout, évidemment accompagné du Marc, qui le suivait comme son ombre. Je ne sais pas s’il l’a fait volontairement ou non, et d’ailleurs j’en avais rien à foutre, mais cet abruti m’en a balancé une dessus. Ce genre de truc, quand ça vient d’un copain, on en rigole, mais quand ça vient d’un mec qu’on peut pas piffrer, c’est une autre histoire. Je l’avais accroché, jeté par terre, m’étais agenouillé sur lui et avais commencé à lui caresser les joues à coups de poings. L’affrontement tournant nettement à mon avantage, cette fouine de Marc était venu sur mon côté droit et avait commencé à me balancer des coups de latte dans les côtes. Seulement, il y en avait un qui avait observé la scène, c’est mon pote Fredo, et quand il a vu le Marc faire, il a déboulé et lui a collé une danse mémorable, il a fallu plusieurs pions (les surveillants) pour lui faire lâcher prise, j’avais pendant ce temps là terminé de corriger le Rémi. Pourtant, il est pas méchant pour un sou mon Fredo, mais le problème, c’est que quand il pète les plombs, c’est un taureau dans l’arène, et ce jour là, les plombs avaient pété. Cette histoire, qui n’était après tout qu’une banale querelle de gamins aurait pu s’arrêter là, le Rémi s’en était tiré avec quelques bleus et quelques écorchures, le problème, c’est que Fredo avait esquinté le Marc beaucoup plus sérieusement, le nez et plusieurs dents cassés. Les parents du marc ayant déposé plainte, tribunal, etc, les parents de Fredo avaient du payer un ratichier tout neuf au Marc, plus des dommages, etc. ça leur avait coûté bonbon. Les parents de Fredo avaient décidé de le changer d’école après ça, car le bougre avait juré de faire la peau au Marc, et ils avaient peur que quelque chose d’encore plus grave ne se produise. Ces deux abrutis m’ont évité comme ils pouvaient jusqu’à la fin de l’année scolaire, en même temps, je ne cherchais pas à les croiser non plus. Je ne les avais jamais revus depuis)
« Et bien, voilà une paire de cons que je me serai bien passé de voir aujourd’hui……..Après tout, cette histoire a près de 15 ans, on est plus des gamins, je ne dis pas que je vais les inviter à manger à la maison la semaine prochaine, mais on peut peut-être réussir à se supporter le temps d’une journée, et encore, moins les périodes où on est au poste » me dis-je. Je leur serre la main, aucun mot ne sort de leur bouche, ni de la mienne d’ailleurs, les regards sont plutôt froids, presque provocateurs, non, on risque de peiner à se supporter le temps d’une journée.
On  commence par un p’tit casse-croûte, je me dis que je vais tenter de m’installer le plus loin possible des ces 2 empafés, histoire de ne pas trop mettre mes nerfs à rude épreuve dès le début, mais tous les « anciens » se sont regroupés, du coup, les plus jeunes, moins nombreux, sont tous du même côté. Je suis à droite de Luc, à sa gauche, le Rémi et bien sûr, à côté de Rémi, le Marc. Le casse-croûte commence, du côté des anciens, c’est plus bruyant que par chez nous. Puis le Rémi se met à causer un peu, pas à moi, évidemment, au Marc.
(Pour les dialogues, comme il y a plusieurs intervenants, R : Remi, M : Marc, L : Luc, A : Moi)
R:ça y est je vends ma carabine ! J’en ai reperé une autre !
M:Ah oui, t’en veux combien ?
R:1200 € !
M:C’est pas le prix que tu l’avais achetée neuve ça ?
R:Si, mais comme c’est une 300 et que tout le monde veut ça, je vais pas peiner à la vendre.
M:Ah oui, c’est vrai que les 300, ça perd pas de valeur »
Je manque de m’étouffer avec mon bout de pain en entendant de telles conneries , je crois qu’ils sont encore plus cons qu’à 14 ans, nom d’un chien, je tiendrais pas la journée avec ces 2 abrutis, y’a forcément un moment où je vais craquer !
L:Bah, pourquoi le mec irait acheter la tienne d’occase, alors qu’il peut l’avoir en neuve au même prix ?
R:Mais toi pourquoi tu la ramènes ? T’y connais rien !
Le gamin rougit comme une pivoine et ne dit rien.
Je voulais éviter de parler trop tôt, mais là, c’est pas possible !
A :Des trois personnes qui viennent de parler, c’est le seul à avoir dit un truc sensé, moi je te la repose la question, pourquoi un mec irait acheter ta carabine d’occase alors qu’il peut avoir la même neuve et pour le même prix ?
………..
A: Je t’ai posé une question !
Je ne m’en suis pas aperçu tellement je bouillonne face à des 2 idiots, surtout le Rémi qui vient de s’adresser au gamin d’une façon qui me fout les nerfs en pelotte, mais j’ai parlé fort, très fort, à tel point que toute la table a fait silence et me regarde. Une quinzaine de personnes, qui ne connaissant absolument pas les différents du passé, me regardent d’une manière qui veut dire « c’est qui ce cinglé qui pète les plombs à peine arrivé ?" Le Rémi est comme un con, forcément c’en est un, il ne peut pas donner une réponse logique à cette question, y’a que cet imbécile de Marc pour dire amen à ses conneries, mais il faut bien qu’il dise quelque chose, sinon il passe pour un dégonflé.Je le connais le Rémi, il est pas très courageux, mais par fierté, il va faire le coq quand même, ça ne loupe pas.
R: J’te conseille de changer d’ ton !
A:Ah bon et pourquoi don ?
R:Parce que sinon, ça pourrait mal se passer !
A:Mal se passer pour qui ? Tu veux que j’ te rafraichisse la mémoire ?
R: Y’a d’ ça 15 ans, aujourd’hui, ça s’passerait sûrement différemment, maintenant j’ fais 100 kg !
A:T’imagines quand même pas m’impressionner en me donnant ton poids ? Moi j’en fais 90 si tu veux aller par-là et y’a 15 ans, tu t’ battais comme une fille, si t’as pas appris entre temps, c’est pas tes 10 kg de plus qui vont te sauver la mise crois-moi, alors, tu veux essayer?
En prononçant cette phrase, je me suis levé, je me suis approché de lui et j’ai mis ma tête à 50 cm de la sienne, lui s’est tassé dans sa chaise.  Il ne dit plus rien, il a compris qu’au moindre mot de travers, ça part !
A:Tu t’es toujours pas trouvé une paire de couilles ?
Je tourne alors la tête vers le Marc qui ne sait plus trop ce qu’il doit faire.
A:Et toi ! T’as l’bonjour de Fredo ! » Je savais que rien que l’évocation du prénom de mon copain provoquerait chez lui, comment dire…..un frisson !
«  Sur ce, bonne journée à tous, désolé mais je ne chasserai pas avec eux. »

Là-dessus, devant une assemblée médusée, je me suis levé, j’ai dit à Luc que je m’en allais, je lui ai demandais s’il voulait venir avec moi. Le gamin s’est retrouvé mal à l’aise, ça m’a vraiment embêté pour lui, mais là, c’était pas possible autrement. Il est finalement venu avec moi. Le soir même, j’ai appelé le président de sa société de chasse, un homme gentil qui paraissait apprécier Luc, moins les 2 autres crétins, de ce que j’ai pu comprendre, afin de m’excuser et de lui expliquer ce qui s’était passé, qu’il comprenne bien que le gamin n’y était pour rien. Il m’a répondu qu’il se doutait bien que c’était une histoire comme ça , mais que les 2 loustiques étaient restés très évasifs à la question « Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? »
La semaine suivante, pour me faire pardonner, j’ai invité le p’tit Luc sur ma société, où tout le monde a été très sympa avec lui, je lui ai prêté ma carabine et il a prélevé son premier chevreuil avec .Il était ravi le gamin, et ça m’a fait plaisir de le voir comme ça. A l’apéro d’après-chasse, j’en ai profité pour discuter un peu avec lui.
A:Tu vois, c’est ça la chasse, avec des copains, des gens que tu apprécies, pas des cons qui te font chier. Tu fais un peu de gibier, tant mieux, si t’en fais pas c’est pas grave, mais au moins, tu passes des moments sympas.
L:T’sais, à part les 2 autres qui sont un peu cons, les autres mecs ils sont sympas.
A:Et bah, dans ce cas, si tu veux continuer à chasser là-bas, tu t’occupes pas d’eux, tu les ignore, et s’ils t’emmerdent, tu leur dis, que Fredo et moi, on ira leur rendre une petite visite ! De toute façon t'as rien à gagner à causer avec eux, ce sont 2 abrutis !
L:Ils connaissent vraiment Fredo ? Le gamin le connait aussi, le Fredo
A:Oui ils le connaissent !
Je suis resté évasif, ne pouvant lui avouer totalement qu'une vieille rancoeur de gamins de 14 ans avait gâché sa journée de chasse....

Quand je l'ai vu le Fredo, et que je lui ai raconté l'histoire :
"-Oh putain, oh putain, si j'avais été là, bon dieu !
-Arrête don, t'aurais fait quoi ? Tu leur aurais cassé les dents ? Encore ? Ce coup-ci, c'est toi qu'aurait payé, pas tes parents !
-T'as changé mon Alex, y'a encore 5 ou 6 ans de ça, c'est ce que t'aurais fait aussi !
-Bah oui, on va pas passer notre vie à se battre comme des chiffonniers pour ci ou ça, on est plus des gamins !"
Enfin, presque plus des gamins...........

Parfois, y’a des gens que l’on aimerait ne jamais revoir. Quand, malgré tout, le sort en décide autrement et qu’on les recroise, même si on se dit qu’on va prendre sur soi pour essayer que ça se passe pas trop mal, bah……C’est peine perdue. Quand on aime pas, on aime pas. J’aime pas les épinards, j’en mange pas et c’est tout, j’essaye pas de les avaler en disant, peut-être que….. Non, ils auront toujours ce goût d’épinards quoi que je fasse !

Je précise que tous les noms des protagonistes ont été changés, afin d'éviter tout problème, et je m'excuse pour la vulgarité de mon langage, mais pour que mon récit soit fidèle aux faits, j'étais obligé d'y insérer les insultes.

jolie récit est c'est très bien d'avoir défendu le gamin comme t'a fait , mais n’empêche je lui en aurais mis une a l'autre con ( j'arrive pas a rester calme c'est plus fort que moi )

Belle histoire. Elle met surtout en évidence que tu as du cœur !!!
Je m'associe avec Bluy45 quand à l'efficacité des bons mots et de l'humour face à des cagoles (couillons) pareils...
Cela me rappelle la fameuse réplique d'un film d'audiard "je ne parle pas aux cons.....ça les instruit !"

Bonsoir à tous et merci de vos sympathiques commentaires
Pour répondre à plusieurs d'entre vous, oui ça m'a démangé de lui en mettre une, j'en avais des fourmis dans le bout des doigts, il aurait d'ailleurs pas fallu qu'il ne dise un mot de plus, mais en fait, sa volée par les coups, il l'avait pris il y a longtemps, mais celle-ci par le verbe (bon certes le ton est monté et j'ai volontairement adoucies quelques unes de mes paroles lors de l'écriture de mon récit, ça aurait vraiment été désagréable à lire), devant toute sa société de chasse, je pense qu'elle lui a fait plus mal, et j'ai pris plus de plaisir à lui mettre, même si ça m'a ennuyé pour le gamin.

Sa me rappel une fois j'étais gamin un dimanche mon pere me dit on va aller chasser avec ton oncle à la sablonnière ils ont dû lapins à crever! On arrive au lieu de rendez vous et apres le traditionnel bonjour et casse croûte on entends une petite moto (50cc) qui arrive avec un loustique assez drôle physiquement et une allure à faire mourir de rire, bref un crapaud sur une boite d'allumette qui se prends pour un hells Angels! Mon pere me dit putain qu'est ce qu'il fou la ce co**ard je peux pas le pifrer celui la ! Le mec venait rabattre. On commence la chasse et arrive un moment où le bougre avait 3-4 lapins dans les mains et il les jette littéralement dans le coffre d'un vieux pick up qui se trouvait à une dizaine de mètres! S'en fut trop pour mon pere il lui lance une espèce d'abru** on ta jamais appris à respecter le gibier? L'autre réponds moi je t'emmer** je respecte qui je veux viens pas me faire chi** pour des lapins! J'ai vu mon pere poser son fusil attraper le gars et lui foutre une branler du tonnerre! Le mec a pris ses jambes à son cou et est repartit avec sa moto! Tout fier mon pere en a fait un double même pas 3 minutes après et mon oncle lui a juste dit la prochaine fois tape lui dans le ventre il aura moins de marques! On en a bien rigoler et on a plus jamais revu le zigoto! Mais la tienne @AFONDEBALLE36 est super ! Bien jouer l'ami! Si il y a bien un truc qui m'énerve cets les mecs qui joue les forts devant ceux qui sont plus faibles! Jai un ami qui est épais comme un fil de fer et bien lui il en prends toujours plein la tronche et il ne répond jamais! Avec moi cest mort! Je l'ai déjà défendu de dizaines de fois et à chaque fois il me répond laisse les cest des cons mais cest plus fort que nous dans ce cas là

Oui, comme tu dis @baikal02 , ces personnes que tu décries (c'est exactement le cas du Rémi de mon récit), qui s'en prennent à ceux qui ne diront rien, parce que c'est facile, dès qu'il y a un peu de répondant en face, ils s'écrasent. Moi, je les appelle des crocodiles, parce qu'ils ont 2 mètres de gueule, mais 20 centimètres de pattes, et y'en a pas mal, des couillons comme ça !
PS : ton père a bien fait de rosser "le cyclomotoriste" ! La prochaine fois, il se méfiera des lapins aussi l'imbécile

J'avoue! Moi l'ami en question cest simple tu prends toute la gentillesse du monde et tu l'as alors quand on s'en prends à lui je peux pas l'accepter !

Je comprends. Moi le mec le plus gentil que je connaisse, c'est mon pote d'enfance, Fredo, comme je l'appelle ici, mais bon, faut pas non plus lui ch..r sur les bottes. Comme dit dans le sketch : "y'en a qu'ont essayé, ils ont eu des problèmes !"

Oui exactement lol