C'est Fredo qui invite
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AFONDEBALLE36
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C'est Fredo qui invite
Dim 22 Jan 2017 - 20:43
L'histoire a 3 ans, à l'époque, mon copain Fredo (je précise que ce n'est pas le vrai nom de mon ami, il m'en voudrait que je balance son nom sur le forum, lui qui est anti-internet, réseaux sociaux, etc.) habitait la Creuse, une commune dont je suis bien incapable de vous redonner le nom, ce qui n'a pas grande importance pour ce récit. Sa femme avait été mutée sur Guéret et lui l'avait suivie, depuis il est revenu par chez nous. Bref.
En ce mardi matin, mon téléphone sonne, c'est mon pote Fredo, tiens voilà un moment que je n'ai pas eu de ses nouvelles à cet ours là, évidemment, je réponds.
-"Et toi ma vieille guenille, qui q'tu deviens ?
- Bah ça va pas mal, rien de spécialement neuf et toi ?
- Pareil, que du vieux, qu'est-ce que tu fais ce week-end ?
- Rien de spécial, ma femme bosse pas, on a trop rien de prévu.
- Alors tu vas prendre ton timbre pour la Creuse et pis te ramener à la maison pour le week-end, y'a grosse battue au cochon (désolé pour le terme, mais pour la véracité de mon récit, je l'utilise, car c'est comme ça quand on cause entre nous, cochon ou goré) samedi matin, viens avec ta femme, ça fera plaisir à Caroline"(la femme de Frédo dont je change le nom également).
Il faut dire que c'est une chance pour nous, nos femmes s'adorent, ça nous facilite les démarches pour les organisations de nos week-end chasse ou pêche.
-"Ecoute, je peux rien te promettre, faut que je vois avec madame, tu la connais, faut qu'elle soit bien lunée sinon elle va m'envoyer chier !
-Fais ta mayonnaise comme tu veux mais t'es là vendredi soir, je prends déjà ta carte d'invité ! On ira se faire un coup de canard le soir et un coup de pigeon le dimanche !"
Il sait bien qu'avec les arguments qu'il vient de m'avancer, je vais réussir à convaincre madame.
Etant en déplacement pour le boulot toute la semaine, il ne faut pas que je me loupe dans ma négociation.
Le lendemain, je fais livrer un bouquet de fleurs à la maison accompagné d'un mot doux, qu'est-ce qu'on ferait pas pour un week-end chasse....
L'après-midi mon téléphone sonne, c'est madame.
"- C'est gentil mon chéri, j'viens d'avoir tes fleurs, elles sont très belles, qu'est-ce que tu as à me demander ?"
Elle me connaît bien...
"- Bah écoute y'a Fredo et Caroline qui nous invitent pour le week-end, y'a un bail qu'on les a pas vus, ce serait sympa non ?
- J'imagine que vous allez vous barrer à la chasse tout le week-end ?
- Un peu le samedi, peut-être 2 heures le dimanche mais c'est pas sûr.
- Oui, oui, chante beau merle, on vous connaît pas !
- Qu'est-ce que je leur dit alors ?
- Si tu veux, c'est vrai qu'on les a pas vus depuis longtemps, je sais qu'il te manque ton copain, on ira faire les magasins avec Caro pendant que vous serez à la chasse !"
Je me dis en mon fort intérieur que Guéret c'est sympa, mais pour le shopping, c'est pas les champs-élysées, bien évidemment, je me garde bien de lui dire ça.
-"Merci ma chérie, je les appelle pour leur dire, je te rappelle ce soir."
Le seul obstacle à ce super week-end qui se profile à l'horizon est facilement surmonté, un p'tit SMS à mon Fredo :
"Mets le boire au frais pour vendredi soir"
Le reste de la semaine se déroule gentiment, je n'ai qu'une hâte, être à ce week-end.
Le vendredi soir, j'arrive à la maison, la valise de madame est prête et elle aussi, elle y met de la bonne volonté en plus. Mes affaires sont rapidement faites, 2 calbars, 2 paires de chaussettes chaudes, les vêtements de chasse, les armes, munitions, tabouret de battue, corne, bottes, waders au cas où, etc. J'imprime mon timbre temporaire de 3 jours pour le 23 et nous voilà partis.
20h, on arrive chez Fredo, on est bien contents de se voir, une fois la voiture déchargée, les choses sérieuses commencent, on attaque l'apéro, une giboulée de jaune nous tombe dessus, Fredo a sorti la carte de son territoire de chasse pour me montrer où on va chasser, on commence à peiner à se comprendre, la bouteille de pastis à laquelle on a fait honneur en 2 heures n'y est pas pour rien, les retrouvailles sont joyeuses, un peu trop au goût de nos femmes...
On passe à table, Caro nous a préparé un superbe rosbeef sauce moutarde, à la cuisson parfaite, Fredo qui tient mieux à table qu'à cheval et moi qui ne suis pas feignant non plus, n'en laissons pas une miette, on accompagne ça de 2 bouteilles d'un Chateuneuf du pape, fort goûteux que je me suis arrêté acheté pour l'occasion. Voilà qui nous a remis d’aplomb, Fredo sort la goûte du congel, Caro s'exclame :
"-Ah non, tu sors pas ça, vous allez encore finir pleins comme des fûts"
C'est vrai que la dernière fois qu'on est venu, voilà de longs mois maintenant, elle a retrouvé mon Fredo en plein nuit, debout devant l'armoire, porte ouverte, armoire qu'il avait confondue avec.... Les toilettes. Cette faute de goût avait valu à Fredo un sacré sermont, qu'il avait, il faut le concéder, amplement mérité.
"-On en boit juste une p'tite, le temps que j'finisse d'expliquer à Alex comment ça va se dérouler d'main.
En fait on en boira une petite deuxième quand même, j'apprends qu'on doit être à 7h30 chez "les frangins", 2 copains de Fredo, des traqueurs, avec qui on doit aller faire les pieds. Il est 1h du matin quand on se décide enfin à aller se coucher.
6h30, le réveil sonne, la nuit a été courte, j'entends un baroufle du diable dans la cuisine, c'est Fredo qui est levé et qui se tape un peu partout en préparant tant bien que mal le café, ce qui nous aidera un peu à nous réveiller.
7h30, on est à l'heure, Fredo me présente les frangins ainsi qu'un autre copain qui est venu prêter main forte, le Bill, c'est son surnom, en fait c'est le surnom de tout le monde là-bas, ils s'appellent tous "mon Bill". 3 mecs adorables avec qui je sympathise rapidement. On se partage en 2 équipes, car les frangins ont une meute de gascons saintongeois, au sein de laquelle, 2 rapprocheurs. Je pars avec le Bill et 1 rapprocheur, Fredo et les frangins partiront avec l'autre, une petite gnole avant de décoller, et nous voilà d'attaque.
La commune est grande, il y a près de 4000 hectares de chasse et les sangliers peuvent être n'importe où, alors on se dispatche, 3 autres équipes avec leurs rapprocheurs respectifs font les pieds également, ailleurs sur le territoire.
Vers 10h, le téléphone du Bill sonne, alors que ça fait 2 bonnes heures que l'on cherche sans succès.
"- C'est rapproché ? Serré au carré ? demande-t-il
Son interlocuteur, un traqueur d'une autre équipe a l'air de dire que c'est chaud.
On appelle les frangins, 20 minutes plus tard, on a rejoint la route, on saute dans le 4x4 des frangins, sans oublier le chien et nous voilà partis. La commune est en état d'alerte, on croise des 4x4 et des utilitaires qui roulent à toute berzingue, tout le monde a été alerté et ça file vers le RDV. On m'y dépose, j'y rejoint Fredo qui a récupéré sa vieille 205, les frangins repartent chercher leur meute.
Carnet de battue signé, consignes données, les postes ne sont pas attribués, c'est comme ça là-bas, chacun va se poster un peu où il le veut, où il croit que ça peut sortir, il y a gros à couvrir, j'apprends aussi que les gars se déplacent souvent pendant la traque, voir quittent la chasse un peu comme bon leur semble, pour aller manger chez eux par exemple puis reviennent se poster après, si ça chasse encore. Je commence à me dire que c'est très moyen niveau sécurité cette histoire, les gars connaissent le territoire comme leur poche, mais ce n'est pas mon cas, enfin, on va faire avec, je resterai à proximité de Fredo de toute façon.
Je monte dans la 205 avec Fredo au volant et nous voilà partis, on fait quelques kilomètres et on s'arrête, car le bougre connaît cette place et il la sent bien, je veux bien le croire, pas le choix de toute façon.
Nous voilà postés, l'attente commence, plusieurs équipes ont lâché leurs meutes, à différents endroits de l'enceinte plus ou moins définie, qui est immense de ce que je comprends.
Voilà une bonne demi-heure que l'on est postés, Fredo est à 150 mètres de moi, au saut du layon, son 12 en main, moi je suis au coin du bois, sur ma gauche, côté Fredo, c'est au saut d'allée, sur ma droite, j'ai un beau vallon qui me permettrait d'affûter à bonne distance, si ça sort par-là, Fredo m'a laissé ce poste car j'ai ma carabine.
Tout à coup, alors que je somnolais presque, un gros "crac" sur ma gauche me fait bondir de mon tabouret, les sens en alerte, j'ai juste le temps de voir une grosse masse orange rouler dans le fossé, avec une paire de bottes au-dessus. Ce que j'aurais pu prendre pour un sanglier qui faisait craquer une branche est en fait le tabouret de battue de mon Fredo qui vient de céder sous les 120 kg de la bête. Il faut quelques secondes pour que l'animal arrive à sortir du fossé dans lequel il vient de rouler, je ne l'entends pas causer, mais j'imagine qu'il peste fort, il envoie valser son tabouret d'un coup de tatane, le fou rire me prend et il me faut 3 bonnes minutes pour m'en remettre, "il nous les fera toutes c'con-là" je me dis. Ceci dit, ça aurait pû être dangereux, le coup aurait pu partir, d'une situation risible, on aurait pu passer à une catastrophe, enfin, ce n'est pas le cas.
L'attente reprend, et elle est longue, une bonne heure sans rien entendre ni apercevoir.
Et puis, la musique tant attendue arrive enfin, ça mène à pleine gueule et ça vient vers nous, je bondis de mon tabouret, je me tiens prêt, les branches craquent dans mon dos, ça va gicler dans peu de temps, ma tête oscille de droite à gauche sans arrêt, comme si j'étais devant un match de tennis.
ça y est ça sort, une belle laie d'environ 80 kg saute en tête, évidemment je la laisse passer, elle est suivie d'1, 2, 3, 4 puis 5 et enfin 6 bêtes rousses, ils filent du côté qui me va bien, le vallon, carabine en main, à l'époque pas de PR, visée ouverte, je prends la 3ème bête, baoum, elle fait un cul par-dessus tête et reste sur place, je reprends la visée sur la dernière, un doublé m'irait déjà très bien, je ne suis pas prétentieux au point d'envisager le triplé, baoum, ma balle est un peu haute, elle casse la colonne vertébrale de l'animal, qui se relève et essaye de filer, assise sur ses pattes de derrière qui ne répondent plus, se tractant uniquement à la force des pattes de devant, baoum, ma troisième balle, pleine tête l'arrêtera net. Je suis comblé, je viens de faire mon premier doublé de sangliers, certes 2 bêtes rousses d'une trentaine de kilos, mais doublé quand même. Je signale 2 fois sangliers mort. Fredo accourt en s'agitant comme un diable.
-"T'as fait le doublé ?
- Oui, m'sieur.
Il est tellement content qu'il me serre dans ses bras, me coupant presque la respiration, c'est qu'il a une force de boeuf le bestiau.
On va sur place, respectivement 70 et 80 pas me séparent de mes 2 sangliers.
Les chiens arrivent, on les arrête comme on peut car ils veulent suivre la piste du reste de la compagnie. Fredo, qui sait jouer du fouet comme personne calme leurs ardeurs, j'ai enlevé la bretelle de ma carabine pour faire de même, avec moins de succès, enfin on arrive à les garder avec nous, ce qui est déjà pas mal.
Les piqueux arrivent, pas les frangins, d'autres que je ne connais ni d'Eve, ni d'Adam et me disent que ça va me coûter cher, je passe du sourire à l'interrogation.
-"Pourquoi ?
-Bah t'es bon pour payer un coup à tout le monde ce soir au RDV."
Ils explosent de rire, j'avoue être soulagé, je ne comprenais pas ce que je pouvais avoir fait de mal.
Ils ont des bracelets dans toutes les poches, en sortent 2 et les mettent sur les 2 animaux que je viens de prélever.
Je les remercie chaleureusement ainsi que leurs chiens, je vois que l'attention leur fait plaisir, tout le monde ne le fait pas, je leur explique ma vision des choses, sans eux et leurs chiens, je n'aurais pas pu prélever ces 2 animaux, alors, le mérite leur revient au moins autant qu'à moi, sinon plus.
Petite photo souvenir, que j'ai malheureusement égarée depuis le temps, Fredo les a encore me semble-t-il, car ce ne sont pas les dernières de la journée.
On se reposte, les piqueux récupèrent leurs chiens, ils nous annoncent avant de partir qu'avec les 2 miens, 6 sangliers ont été prélevés depuis ce matin.
Fredo me dit qu'il changerait bien de place, peu de chance que ça ressorte ici.
"- Moi je resterai bien encore un peu là, je sais pas pourquoi, je le sens bien.
- Si tu veux mais je te préviens, si dans 30 minutes y'a rien, on bouge, à mon avis on va perdre une 1/2 heure mais bon.
- On fait comme ça mon gros !"
On refait silence et l'attente reprend.
30 minutes plus tard, Fredo me fait signe qu'on s'en va, juste au moment ou quelques coups de gueule se font entendre, pas besoin d'en dire plus, on va évidemment rester là pour voir ce que ça donne.
La menée vient vers nous, ce n'est pas la même meute que tout à l'heure, ce sont des p'tits chiens, je reconnais les aboiements caractéristiques des terriers.
Et ça vient même très vite.
Je vois mon Fredo qui se penche pour regarder à travers la végétation, c'est sûr, c'est que c'est devant lui.
Tout à coup, je le vois faire un bond de 2 mètres en arrière, une énorme masse noire gicle du bois, Baoum, Fredo n'a le temps d'envoyer qu'une balle avant que l'animal ne disparaisse de l'autre côté de l'allée. Il va voir à l'impact et se met à gesticuler dans tous les sens. J'entends :
-"il est touché, y'a du sang !"
J'accoure pour le rejoindre.
Il se saisit de son téléphone et appelle les piqueux, qui lui disent qu'ils sont loin de nous, leurs chiens sont partis au cul d'un énorme cochon il y a 10-15 minutes.
Fredo leur explique que le gros cochon en question vient de sauter devant nous et qu'il est blessé, très rapidement, tout le monde tombe d'accord sur le fait qu'il faut à tout prix éviter un ferme, les chiens ont du mordant, le sanglier fait dans les 120 kg, il est très armé, si ça se termine comme ça, il va y avoir de la casse dans les chiens à coup sûr.
D'ailleurs, ils arrivent, une meute constituée de fox, jack russel, jagd terrier, Fredo ressort le fouet et le fait claquer dans tous les sens, il manque de m'attraper une oreille avec, je m'écarte un peu de lui, il est dangereux ce con ! Malgré nos efforts, ces têtes de mûles de chiens arrivent à passer, le sanglier dispose d'une belle avance mais on ne connait pas l'importance de sa blessure, bien qu'il y ait une quantité de sang relativement importante. Il faut agir vite !
Fredo me dit qu'on va aller le couper en bas du bois au père machin (très sincèrement je suis bien incapable de me souvenir du nom, qui n'a aucune importance et qui n'est pas ce qui retient mon attention à ce moment-là)
-"Dépêche toi, on y va !"
Nous voilà partis au pas de course pour rejoindre la 205, garée environ 200 mètres plus loin, les tabourets de battue et mes sangliers sont laissés sur place, on reviendra les chercher, l'urgence n'est pas là.
On saut dans la bagnole, Fredo démarre en trombe avant même que j'ai eu le temps de monter la jambe droite et de fermer la portière, un peu plus et je tombais de la voiture.
Fredo, qui d'habitude roule comme un pépère pour épargner la mécanique de la 205 qu'il tient de son père, se révèle avoir des talents de pilote de rallye. La 205 chasse dans tous les sens, les chemins qu'on emprunte sont légèrement boueux, mais l'animal ne décélère pas.
"-Ralentis merde, on va se tuer !
-On a peu de temps, ça va se jouer à quelques secondes, si on arrive trop tard là-bas, on est marrons, on pourra plus le couper !
-Putain, si on va au fossé on va arriver longtemps après, bon sang t'es complètement baziot."
Je m'accroche à mon siège, à cet instant, si on m'avait mis une olive entre les fesses, je faisais un litre d'huile avec.
On se gare enfin, j'ai cru notre dernière heure arrivée, quel dingue !
On saute de la voiture sans même fermer les portières, on prend les armes et au pas de course jusqu'aux postes, Fredo m'a rapidement expliqué en voiture, il y a deux coulées où on va, s'il a bien pris le chemin escompté, il sautera forcément soit à l'une, soit à l'autre. On arrive à la première coulée, Fredo m'y laisse et continue, toujours au pas de course pour rejoindre la seconde, 100 mètres plus haut. Au loin, on entend les terriers qui donnent de la voix, c'est pas au ferme, Fredo me fait signe, ça vaut sauter là, il en est maintenant convaincu. On est sur nos gardes, le palpitant qui bat à 200.
Il saute juste devant Fredo, moins vite que précédemment, Fredo l'ajuste, baoum, le keiler accuse le coup, se tourne vers Fredo et donne tout ce qu'il a pour le charger, baoum, il s'écroule, je cours rejoindre Fredo. Quand j'arrive, Fredo est trempé de sueur, il passe du rouge au blanc, il est à la limite de s'évanouir, entre essouflement, adrénaline et peur, le colosse s'assoit quelques instants pour reprendre ses esprits, il souffle, sans dire un mot, on restera comme ça, silencieux, ébahis, pendant quelques secondes qui paraissent des heures, jusqu'à l'arrivée des chiens. Je tends la main à mon ami, je le relève et l'étreint dans mes bras, il a quasiment la larme à l'oeil, ce grand gaillard au coeur d'or, et moi aussi !
Après avoir bagué ce splendide animal quand les traqueurs nous ont enfin rejoints, on rentrera au rendez-vous, la 205 ayant repris son rythme de croisière habituel.
Une fois tout le monde revenu de droite et de gauche, il est 16h30, 11 sangliers au tableau entre 30 kg environ pour mes bêtes rousses, jusqu'à 124 kg pour le keiler de Fredo. Le temps du dépouillage, on file vite fait sur Guéret à 15 minutes de route, on s'arrête au supermarché, où on achète une caisse de champagne, Fredo ayant fait le plus gros et moi le seul doublé de cette folle journée, on partage l'addition.
On boira une flûte de champagne avec tout le monde, pour ne pas partir comme des voleurs, puis on rentrera, après quelques photos supplémentaires pour immortaliser ces instants.
Les armes ne rebougeront pas du week-end, on a eu notre compte d'émotion.
La soirée sera calme, nos femmes peineront même à nous reconnaître, elles nous demanderont si on a vraiment été à la chasse ou si on a fait autre chose, on ne pensera même pas à leur demander ce qu'elles ont fait de leur journée, elles nous le diront quand même, quelques magasins, un tour chez l'esthéticienne, etc.
Nos esprits sont ailleurs, encore au ras du bois au père machin.
Cette journée restera à jamais gravée dans ma mémoire et dans celle de Fredo aussi, on en reparle à chaque fois qu'on se voit, pour peu qu'on ait bu quelques canons, ce qui est monnaie courante quand on est ensemble, on fait marrer toute l'assemblée, chacun se moquant de l'autre ! C'est un moment unique que j'ai vécu avec mon ami ce jour-là et je suis content de vous l'avoir raconté ici, pour ceux qui auront eu le courage d'aller jusqu'au bout de l'histoire !
En ce mardi matin, mon téléphone sonne, c'est mon pote Fredo, tiens voilà un moment que je n'ai pas eu de ses nouvelles à cet ours là, évidemment, je réponds.
-"Et toi ma vieille guenille, qui q'tu deviens ?
- Bah ça va pas mal, rien de spécialement neuf et toi ?
- Pareil, que du vieux, qu'est-ce que tu fais ce week-end ?
- Rien de spécial, ma femme bosse pas, on a trop rien de prévu.
- Alors tu vas prendre ton timbre pour la Creuse et pis te ramener à la maison pour le week-end, y'a grosse battue au cochon (désolé pour le terme, mais pour la véracité de mon récit, je l'utilise, car c'est comme ça quand on cause entre nous, cochon ou goré) samedi matin, viens avec ta femme, ça fera plaisir à Caroline"(la femme de Frédo dont je change le nom également).
Il faut dire que c'est une chance pour nous, nos femmes s'adorent, ça nous facilite les démarches pour les organisations de nos week-end chasse ou pêche.
-"Ecoute, je peux rien te promettre, faut que je vois avec madame, tu la connais, faut qu'elle soit bien lunée sinon elle va m'envoyer chier !
-Fais ta mayonnaise comme tu veux mais t'es là vendredi soir, je prends déjà ta carte d'invité ! On ira se faire un coup de canard le soir et un coup de pigeon le dimanche !"
Il sait bien qu'avec les arguments qu'il vient de m'avancer, je vais réussir à convaincre madame.
Etant en déplacement pour le boulot toute la semaine, il ne faut pas que je me loupe dans ma négociation.
Le lendemain, je fais livrer un bouquet de fleurs à la maison accompagné d'un mot doux, qu'est-ce qu'on ferait pas pour un week-end chasse....
L'après-midi mon téléphone sonne, c'est madame.
"- C'est gentil mon chéri, j'viens d'avoir tes fleurs, elles sont très belles, qu'est-ce que tu as à me demander ?"
Elle me connaît bien...
"- Bah écoute y'a Fredo et Caroline qui nous invitent pour le week-end, y'a un bail qu'on les a pas vus, ce serait sympa non ?
- J'imagine que vous allez vous barrer à la chasse tout le week-end ?
- Un peu le samedi, peut-être 2 heures le dimanche mais c'est pas sûr.
- Oui, oui, chante beau merle, on vous connaît pas !
- Qu'est-ce que je leur dit alors ?
- Si tu veux, c'est vrai qu'on les a pas vus depuis longtemps, je sais qu'il te manque ton copain, on ira faire les magasins avec Caro pendant que vous serez à la chasse !"
Je me dis en mon fort intérieur que Guéret c'est sympa, mais pour le shopping, c'est pas les champs-élysées, bien évidemment, je me garde bien de lui dire ça.
-"Merci ma chérie, je les appelle pour leur dire, je te rappelle ce soir."
Le seul obstacle à ce super week-end qui se profile à l'horizon est facilement surmonté, un p'tit SMS à mon Fredo :
"Mets le boire au frais pour vendredi soir"
Le reste de la semaine se déroule gentiment, je n'ai qu'une hâte, être à ce week-end.
Le vendredi soir, j'arrive à la maison, la valise de madame est prête et elle aussi, elle y met de la bonne volonté en plus. Mes affaires sont rapidement faites, 2 calbars, 2 paires de chaussettes chaudes, les vêtements de chasse, les armes, munitions, tabouret de battue, corne, bottes, waders au cas où, etc. J'imprime mon timbre temporaire de 3 jours pour le 23 et nous voilà partis.
20h, on arrive chez Fredo, on est bien contents de se voir, une fois la voiture déchargée, les choses sérieuses commencent, on attaque l'apéro, une giboulée de jaune nous tombe dessus, Fredo a sorti la carte de son territoire de chasse pour me montrer où on va chasser, on commence à peiner à se comprendre, la bouteille de pastis à laquelle on a fait honneur en 2 heures n'y est pas pour rien, les retrouvailles sont joyeuses, un peu trop au goût de nos femmes...
On passe à table, Caro nous a préparé un superbe rosbeef sauce moutarde, à la cuisson parfaite, Fredo qui tient mieux à table qu'à cheval et moi qui ne suis pas feignant non plus, n'en laissons pas une miette, on accompagne ça de 2 bouteilles d'un Chateuneuf du pape, fort goûteux que je me suis arrêté acheté pour l'occasion. Voilà qui nous a remis d’aplomb, Fredo sort la goûte du congel, Caro s'exclame :
"-Ah non, tu sors pas ça, vous allez encore finir pleins comme des fûts"
C'est vrai que la dernière fois qu'on est venu, voilà de longs mois maintenant, elle a retrouvé mon Fredo en plein nuit, debout devant l'armoire, porte ouverte, armoire qu'il avait confondue avec.... Les toilettes. Cette faute de goût avait valu à Fredo un sacré sermont, qu'il avait, il faut le concéder, amplement mérité.
"-On en boit juste une p'tite, le temps que j'finisse d'expliquer à Alex comment ça va se dérouler d'main.
En fait on en boira une petite deuxième quand même, j'apprends qu'on doit être à 7h30 chez "les frangins", 2 copains de Fredo, des traqueurs, avec qui on doit aller faire les pieds. Il est 1h du matin quand on se décide enfin à aller se coucher.
6h30, le réveil sonne, la nuit a été courte, j'entends un baroufle du diable dans la cuisine, c'est Fredo qui est levé et qui se tape un peu partout en préparant tant bien que mal le café, ce qui nous aidera un peu à nous réveiller.
7h30, on est à l'heure, Fredo me présente les frangins ainsi qu'un autre copain qui est venu prêter main forte, le Bill, c'est son surnom, en fait c'est le surnom de tout le monde là-bas, ils s'appellent tous "mon Bill". 3 mecs adorables avec qui je sympathise rapidement. On se partage en 2 équipes, car les frangins ont une meute de gascons saintongeois, au sein de laquelle, 2 rapprocheurs. Je pars avec le Bill et 1 rapprocheur, Fredo et les frangins partiront avec l'autre, une petite gnole avant de décoller, et nous voilà d'attaque.
La commune est grande, il y a près de 4000 hectares de chasse et les sangliers peuvent être n'importe où, alors on se dispatche, 3 autres équipes avec leurs rapprocheurs respectifs font les pieds également, ailleurs sur le territoire.
Vers 10h, le téléphone du Bill sonne, alors que ça fait 2 bonnes heures que l'on cherche sans succès.
"- C'est rapproché ? Serré au carré ? demande-t-il
Son interlocuteur, un traqueur d'une autre équipe a l'air de dire que c'est chaud.
On appelle les frangins, 20 minutes plus tard, on a rejoint la route, on saute dans le 4x4 des frangins, sans oublier le chien et nous voilà partis. La commune est en état d'alerte, on croise des 4x4 et des utilitaires qui roulent à toute berzingue, tout le monde a été alerté et ça file vers le RDV. On m'y dépose, j'y rejoint Fredo qui a récupéré sa vieille 205, les frangins repartent chercher leur meute.
Carnet de battue signé, consignes données, les postes ne sont pas attribués, c'est comme ça là-bas, chacun va se poster un peu où il le veut, où il croit que ça peut sortir, il y a gros à couvrir, j'apprends aussi que les gars se déplacent souvent pendant la traque, voir quittent la chasse un peu comme bon leur semble, pour aller manger chez eux par exemple puis reviennent se poster après, si ça chasse encore. Je commence à me dire que c'est très moyen niveau sécurité cette histoire, les gars connaissent le territoire comme leur poche, mais ce n'est pas mon cas, enfin, on va faire avec, je resterai à proximité de Fredo de toute façon.
Je monte dans la 205 avec Fredo au volant et nous voilà partis, on fait quelques kilomètres et on s'arrête, car le bougre connaît cette place et il la sent bien, je veux bien le croire, pas le choix de toute façon.
Nous voilà postés, l'attente commence, plusieurs équipes ont lâché leurs meutes, à différents endroits de l'enceinte plus ou moins définie, qui est immense de ce que je comprends.
Voilà une bonne demi-heure que l'on est postés, Fredo est à 150 mètres de moi, au saut du layon, son 12 en main, moi je suis au coin du bois, sur ma gauche, côté Fredo, c'est au saut d'allée, sur ma droite, j'ai un beau vallon qui me permettrait d'affûter à bonne distance, si ça sort par-là, Fredo m'a laissé ce poste car j'ai ma carabine.
Tout à coup, alors que je somnolais presque, un gros "crac" sur ma gauche me fait bondir de mon tabouret, les sens en alerte, j'ai juste le temps de voir une grosse masse orange rouler dans le fossé, avec une paire de bottes au-dessus. Ce que j'aurais pu prendre pour un sanglier qui faisait craquer une branche est en fait le tabouret de battue de mon Fredo qui vient de céder sous les 120 kg de la bête. Il faut quelques secondes pour que l'animal arrive à sortir du fossé dans lequel il vient de rouler, je ne l'entends pas causer, mais j'imagine qu'il peste fort, il envoie valser son tabouret d'un coup de tatane, le fou rire me prend et il me faut 3 bonnes minutes pour m'en remettre, "il nous les fera toutes c'con-là" je me dis. Ceci dit, ça aurait pû être dangereux, le coup aurait pu partir, d'une situation risible, on aurait pu passer à une catastrophe, enfin, ce n'est pas le cas.
L'attente reprend, et elle est longue, une bonne heure sans rien entendre ni apercevoir.
Et puis, la musique tant attendue arrive enfin, ça mène à pleine gueule et ça vient vers nous, je bondis de mon tabouret, je me tiens prêt, les branches craquent dans mon dos, ça va gicler dans peu de temps, ma tête oscille de droite à gauche sans arrêt, comme si j'étais devant un match de tennis.
ça y est ça sort, une belle laie d'environ 80 kg saute en tête, évidemment je la laisse passer, elle est suivie d'1, 2, 3, 4 puis 5 et enfin 6 bêtes rousses, ils filent du côté qui me va bien, le vallon, carabine en main, à l'époque pas de PR, visée ouverte, je prends la 3ème bête, baoum, elle fait un cul par-dessus tête et reste sur place, je reprends la visée sur la dernière, un doublé m'irait déjà très bien, je ne suis pas prétentieux au point d'envisager le triplé, baoum, ma balle est un peu haute, elle casse la colonne vertébrale de l'animal, qui se relève et essaye de filer, assise sur ses pattes de derrière qui ne répondent plus, se tractant uniquement à la force des pattes de devant, baoum, ma troisième balle, pleine tête l'arrêtera net. Je suis comblé, je viens de faire mon premier doublé de sangliers, certes 2 bêtes rousses d'une trentaine de kilos, mais doublé quand même. Je signale 2 fois sangliers mort. Fredo accourt en s'agitant comme un diable.
-"T'as fait le doublé ?
- Oui, m'sieur.
Il est tellement content qu'il me serre dans ses bras, me coupant presque la respiration, c'est qu'il a une force de boeuf le bestiau.
On va sur place, respectivement 70 et 80 pas me séparent de mes 2 sangliers.
Les chiens arrivent, on les arrête comme on peut car ils veulent suivre la piste du reste de la compagnie. Fredo, qui sait jouer du fouet comme personne calme leurs ardeurs, j'ai enlevé la bretelle de ma carabine pour faire de même, avec moins de succès, enfin on arrive à les garder avec nous, ce qui est déjà pas mal.
Les piqueux arrivent, pas les frangins, d'autres que je ne connais ni d'Eve, ni d'Adam et me disent que ça va me coûter cher, je passe du sourire à l'interrogation.
-"Pourquoi ?
-Bah t'es bon pour payer un coup à tout le monde ce soir au RDV."
Ils explosent de rire, j'avoue être soulagé, je ne comprenais pas ce que je pouvais avoir fait de mal.
Ils ont des bracelets dans toutes les poches, en sortent 2 et les mettent sur les 2 animaux que je viens de prélever.
Je les remercie chaleureusement ainsi que leurs chiens, je vois que l'attention leur fait plaisir, tout le monde ne le fait pas, je leur explique ma vision des choses, sans eux et leurs chiens, je n'aurais pas pu prélever ces 2 animaux, alors, le mérite leur revient au moins autant qu'à moi, sinon plus.
Petite photo souvenir, que j'ai malheureusement égarée depuis le temps, Fredo les a encore me semble-t-il, car ce ne sont pas les dernières de la journée.
On se reposte, les piqueux récupèrent leurs chiens, ils nous annoncent avant de partir qu'avec les 2 miens, 6 sangliers ont été prélevés depuis ce matin.
Fredo me dit qu'il changerait bien de place, peu de chance que ça ressorte ici.
"- Moi je resterai bien encore un peu là, je sais pas pourquoi, je le sens bien.
- Si tu veux mais je te préviens, si dans 30 minutes y'a rien, on bouge, à mon avis on va perdre une 1/2 heure mais bon.
- On fait comme ça mon gros !"
On refait silence et l'attente reprend.
30 minutes plus tard, Fredo me fait signe qu'on s'en va, juste au moment ou quelques coups de gueule se font entendre, pas besoin d'en dire plus, on va évidemment rester là pour voir ce que ça donne.
La menée vient vers nous, ce n'est pas la même meute que tout à l'heure, ce sont des p'tits chiens, je reconnais les aboiements caractéristiques des terriers.
Et ça vient même très vite.
Je vois mon Fredo qui se penche pour regarder à travers la végétation, c'est sûr, c'est que c'est devant lui.
Tout à coup, je le vois faire un bond de 2 mètres en arrière, une énorme masse noire gicle du bois, Baoum, Fredo n'a le temps d'envoyer qu'une balle avant que l'animal ne disparaisse de l'autre côté de l'allée. Il va voir à l'impact et se met à gesticuler dans tous les sens. J'entends :
-"il est touché, y'a du sang !"
J'accoure pour le rejoindre.
Il se saisit de son téléphone et appelle les piqueux, qui lui disent qu'ils sont loin de nous, leurs chiens sont partis au cul d'un énorme cochon il y a 10-15 minutes.
Fredo leur explique que le gros cochon en question vient de sauter devant nous et qu'il est blessé, très rapidement, tout le monde tombe d'accord sur le fait qu'il faut à tout prix éviter un ferme, les chiens ont du mordant, le sanglier fait dans les 120 kg, il est très armé, si ça se termine comme ça, il va y avoir de la casse dans les chiens à coup sûr.
D'ailleurs, ils arrivent, une meute constituée de fox, jack russel, jagd terrier, Fredo ressort le fouet et le fait claquer dans tous les sens, il manque de m'attraper une oreille avec, je m'écarte un peu de lui, il est dangereux ce con ! Malgré nos efforts, ces têtes de mûles de chiens arrivent à passer, le sanglier dispose d'une belle avance mais on ne connait pas l'importance de sa blessure, bien qu'il y ait une quantité de sang relativement importante. Il faut agir vite !
Fredo me dit qu'on va aller le couper en bas du bois au père machin (très sincèrement je suis bien incapable de me souvenir du nom, qui n'a aucune importance et qui n'est pas ce qui retient mon attention à ce moment-là)
-"Dépêche toi, on y va !"
Nous voilà partis au pas de course pour rejoindre la 205, garée environ 200 mètres plus loin, les tabourets de battue et mes sangliers sont laissés sur place, on reviendra les chercher, l'urgence n'est pas là.
On saut dans la bagnole, Fredo démarre en trombe avant même que j'ai eu le temps de monter la jambe droite et de fermer la portière, un peu plus et je tombais de la voiture.
Fredo, qui d'habitude roule comme un pépère pour épargner la mécanique de la 205 qu'il tient de son père, se révèle avoir des talents de pilote de rallye. La 205 chasse dans tous les sens, les chemins qu'on emprunte sont légèrement boueux, mais l'animal ne décélère pas.
"-Ralentis merde, on va se tuer !
-On a peu de temps, ça va se jouer à quelques secondes, si on arrive trop tard là-bas, on est marrons, on pourra plus le couper !
-Putain, si on va au fossé on va arriver longtemps après, bon sang t'es complètement baziot."
Je m'accroche à mon siège, à cet instant, si on m'avait mis une olive entre les fesses, je faisais un litre d'huile avec.
On se gare enfin, j'ai cru notre dernière heure arrivée, quel dingue !
On saute de la voiture sans même fermer les portières, on prend les armes et au pas de course jusqu'aux postes, Fredo m'a rapidement expliqué en voiture, il y a deux coulées où on va, s'il a bien pris le chemin escompté, il sautera forcément soit à l'une, soit à l'autre. On arrive à la première coulée, Fredo m'y laisse et continue, toujours au pas de course pour rejoindre la seconde, 100 mètres plus haut. Au loin, on entend les terriers qui donnent de la voix, c'est pas au ferme, Fredo me fait signe, ça vaut sauter là, il en est maintenant convaincu. On est sur nos gardes, le palpitant qui bat à 200.
Il saute juste devant Fredo, moins vite que précédemment, Fredo l'ajuste, baoum, le keiler accuse le coup, se tourne vers Fredo et donne tout ce qu'il a pour le charger, baoum, il s'écroule, je cours rejoindre Fredo. Quand j'arrive, Fredo est trempé de sueur, il passe du rouge au blanc, il est à la limite de s'évanouir, entre essouflement, adrénaline et peur, le colosse s'assoit quelques instants pour reprendre ses esprits, il souffle, sans dire un mot, on restera comme ça, silencieux, ébahis, pendant quelques secondes qui paraissent des heures, jusqu'à l'arrivée des chiens. Je tends la main à mon ami, je le relève et l'étreint dans mes bras, il a quasiment la larme à l'oeil, ce grand gaillard au coeur d'or, et moi aussi !
Après avoir bagué ce splendide animal quand les traqueurs nous ont enfin rejoints, on rentrera au rendez-vous, la 205 ayant repris son rythme de croisière habituel.
Une fois tout le monde revenu de droite et de gauche, il est 16h30, 11 sangliers au tableau entre 30 kg environ pour mes bêtes rousses, jusqu'à 124 kg pour le keiler de Fredo. Le temps du dépouillage, on file vite fait sur Guéret à 15 minutes de route, on s'arrête au supermarché, où on achète une caisse de champagne, Fredo ayant fait le plus gros et moi le seul doublé de cette folle journée, on partage l'addition.
On boira une flûte de champagne avec tout le monde, pour ne pas partir comme des voleurs, puis on rentrera, après quelques photos supplémentaires pour immortaliser ces instants.
Les armes ne rebougeront pas du week-end, on a eu notre compte d'émotion.
La soirée sera calme, nos femmes peineront même à nous reconnaître, elles nous demanderont si on a vraiment été à la chasse ou si on a fait autre chose, on ne pensera même pas à leur demander ce qu'elles ont fait de leur journée, elles nous le diront quand même, quelques magasins, un tour chez l'esthéticienne, etc.
Nos esprits sont ailleurs, encore au ras du bois au père machin.
Cette journée restera à jamais gravée dans ma mémoire et dans celle de Fredo aussi, on en reparle à chaque fois qu'on se voit, pour peu qu'on ait bu quelques canons, ce qui est monnaie courante quand on est ensemble, on fait marrer toute l'assemblée, chacun se moquant de l'autre ! C'est un moment unique que j'ai vécu avec mon ami ce jour-là et je suis content de vous l'avoir raconté ici, pour ceux qui auront eu le courage d'aller jusqu'au bout de l'histoire !
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ALEX
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- psykeboPalombe
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Re: C'est Fredo qui invite
Dim 22 Jan 2017 - 22:05
tres belle histoire
Re: C'est Fredo qui invite
Dim 22 Jan 2017 - 22:14
Pas besoin de beaucoup de courage pour lire ton récit jusqu'à la fin, Alex!
J'ai bu ça comme du petit lait! Merci pour cette histoire si bien narrée qui se déroule à 100 à l'heure, presque aussi vite que la 205 de Frédo!
J'ai bu ça comme du petit lait! Merci pour cette histoire si bien narrée qui se déroule à 100 à l'heure, presque aussi vite que la 205 de Frédo!
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- chris01Cerf3000 Messages
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Re: C'est Fredo qui invite
Dim 22 Jan 2017 - 22:38
belle histoire et quel talent!
- bofCerf1000 Messages
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Re: C'est Fredo qui invite
Dim 22 Jan 2017 - 23:17
c'est ça que l'on veut partager avec des amis.....
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- AFONDEBALLE36Cerf1000 Messages
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Re: C'est Fredo qui invite
Lun 23 Jan 2017 - 1:09
Merci à vous Psykebo, Antoine, Chris et Bof, content que ça vous ai plu !
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Re: C'est Fredo qui invite
Lun 23 Jan 2017 - 7:13
Le genre de récit que j'adoooooore ! Merci Alex ...
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- AFONDEBALLE36Cerf1000 Messages
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Re: C'est Fredo qui invite
Lun 23 Jan 2017 - 7:50
Merci Didier
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- bluy45Bécasse
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Re: C'est Fredo qui invite
Lun 23 Jan 2017 - 8:39
Très bonne histoire et belle aventure avec un bon copain.
Vous faites vraiment une belle équipe toi et ton pote Fredo, C'est ça le principal, à la chasse, prendre du plaisir avec des copains, stocker des souvenirs et éventuellement, mais ça n'a rien d'indispensable, prélever un peu de gibier.
Vous faites vraiment une belle équipe toi et ton pote Fredo, C'est ça le principal, à la chasse, prendre du plaisir avec des copains, stocker des souvenirs et éventuellement, mais ça n'a rien d'indispensable, prélever un peu de gibier.
- fabrice13Cerf1000 Messages
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Re: C'est Fredo qui invite
Lun 23 Jan 2017 - 9:25
Magnifique
- budbudPerdreau
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Re: C'est Fredo qui invite
Lun 23 Jan 2017 - 11:56
Très belle histoire entre 2 potes! surement les plus choses de la vie! j'ai eu aussi un beau fou rire lorsque je suis arrivé au passage"Ce que j'aurais pu prendre pour un sanglier qui faisait craquer une branche est en fait le tabouret de battue de mon Fredo qui vient de céder sous les 120 kg de la bête"
merci pour ce beau moment de chasse!
merci pour ce beau moment de chasse!
- vendéenCerf3000 Messages
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Re: C'est Fredo qui invite
Lun 23 Jan 2017 - 12:26
Belle histoire, merci du partage.
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- AFONDEBALLE36Cerf1000 Messages
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Re: C'est Fredo qui invite
Lun 23 Jan 2017 - 13:05
Bluy45 (la vision de la chasse que tu décris est exactement la mienne), Fabrice, Budbud et Vendéen, merci à vous d'avoir pris le temps de lire mon histoire.
ça me touche que mon récit vous plaise, j'ai pris moi aussi plaisir à l'écrire, me remémorant ce moment de chasse qui est sans doute la meilleure journée que j'ai connue de ma (jeune) carrière de chasseur
ça me touche que mon récit vous plaise, j'ai pris moi aussi plaisir à l'écrire, me remémorant ce moment de chasse qui est sans doute la meilleure journée que j'ai connue de ma (jeune) carrière de chasseur
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- domdu79Cerf1000 Messages
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Re: C'est Fredo qui invite
Lun 23 Jan 2017 - 13:10
un vrai régal cette histoire, bravo !
- AFONDEBALLE36Cerf1000 Messages
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Re: C'est Fredo qui invite
Lun 23 Jan 2017 - 13:20
Merci Dom
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- braque vendéenCerf1000 Messages
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Re: C'est Fredo qui invite
Lun 23 Jan 2017 - 14:21
J'en peux plus!!! je me suis bidonné jusqu’à la fin
Et la 205 est toujours en vie???
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STEVE
- dav38Cerf1000 Messages
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Re: C'est Fredo qui invite
Lun 23 Jan 2017 - 14:29
Très belle histoire
- AFONDEBALLE36Cerf1000 Messages
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Re: C'est Fredo qui invite
Lun 23 Jan 2017 - 14:38
braque vendéen a écrit:J'en peux plus!!! je me suis bidonné jusqu’à la fin
Et la 205 est toujours en vie???
Toujours, bon par contre, comme on dit chez moi : "une mère treu y trouverait pas ses petits", c'est un bordel là-dedans, des cartouches en pagaille, vides, sûrement quelques pleines aussi, des tâches de sang, des vieilles fringues, une fois je me suis accroché un doigt dans l'hameçon d'un leurre qui traînait dans le coffre en sortant mon fusil, quelques bouteilles vides, bref, de tout et de rien mais elle roule toujours et il l'adore sa deux cinq comme il l'appelle
Merci à toi Braque vendéen, à toi aussi Dav
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- François48Perdreau
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Re: C'est Fredo qui invite
Mar 24 Jan 2017 - 16:38
Superbe récit ! Merci. Ce sont pour des moments comme celui ci que nous aimons la chasse. Oui, car dans notre monde passionnant mais si souvent prévisible, la chasse n'est elle pas l'une des dernières réelles aventures ? En effet, à part l'heure de départ, qu'y a t-il de prévisible et de certain dans la chasse ? Hummmmm, je ne vois rien...si, de vivre du plaisir et de la convivialité !
- AFONDEBALLE36Cerf1000 Messages
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Re: C'est Fredo qui invite
Mar 24 Jan 2017 - 20:31
Merci François, ce que tu dis est vrai
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- EutropePerdreau
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Re: C'est Fredo qui invite
Mer 25 Jan 2017 - 15:24
Sacrément bien raconté, à moi, elle m'a paru bien courte ton histoire, elle aurait pu durer tout le weekend , je serai allé jusqu' au bout sans problème. J'aurai tout lu sans modération sauf le pastis (j'en ai fait une ... "indigestion" il y a bien longtemps, j'avais 20 ans et, depuis, je m'en remets au bon produit du terroir, le pineau Écris nous en encore, on en redemande.
- AFONDEBALLE36Cerf1000 Messages
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Re: C'est Fredo qui invite
Mer 25 Jan 2017 - 19:40
Merci à toi Eutrope
Un autre récit va peut-être pas tarder à arriver
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ALEX
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