Mon meilleur chien assassiné

Rien n'est plus terrible que l'impuissance que l'on ressent devant un chien qu'on adore et qui souffre. Je n'ai toujours eu que des chiens de race Porcelaine. Mon premier s'appelait Lauda (Niky) car il était né l'année ou ce pilote était devenu champion du monde. Cela devait m'aider à me souvenir de l'année de sa naissance. Problème, j'oubliais quand il était devenu champion du monde de F1. Je suis aussi poreux que ma mère qui n'avait aucune mémoire. Ce n'était pas un pure race. Il avait la robe du porcelaine et son allure. Seul un museau un peu trop fourni laissait supposer que sa mère avait "fauté" avec un fringant griffon Nivernais. Ce fut mon meilleur chien. Je chassais alors dans les Alpes de haute Provence avec deux copains et un Bruno du Jura.
  Nous chassions le lièvre gris et le variable (Blanchon) entre 1400 et 2500 mètres d'altitude. A trois ans c'était déjà devenu un chien sur. Quelques coup de voix lorsqu'il rapprochait, puis plus soutenus dès que le lièvre était levé jamais bien longtemps après son approche. Ensuite c'était des aboiements au rythme d'un métronome. C'est là que je fus surpris par l’intelligence de ce chien. Rapidement, il avait compris que dans le quart d'heure ou la demie-heure qui suivait la levée du lièvre, si ce dernier n'avait pas été tiré, il s’arrêtait et revenait dans mes jambes avec un regard chargé de reproches. En me dirigeants à droite ou à gauche, il recommençait à quetter jusqu'au moment ou il trouvait une nouvelle voie fraîche et qu'il recommence à rapprocher. J'admet que ce n'est pas très académique et que le chien à lièvre devrait rester longtemps, des heures sur la voie du gibier qu'il a débusqué. Cette façon de chasser "court" nous permettait justement, d'en faire courir un maximum dans des terrains difficiles. Lorsque, vers midi, nous rentrions à la maison il n'était pas rare d'avoir débusqué jusqu'à cinq lièvres les jours fastes. En général c'était deux à trois. Vus pas vus, tirés, tués ou pas qu'importe! C'était un chien courant et ça courrait.



   Pour des raisons professionnelles, je me retrouvais sur la côte d'azur et laissais mon chien en pension au dessus de Grace ou mon patron avait une propriété de 400 hectares. Elle était gardé par un ancien légionnaire à moitié fou. A part moi personne n'avait le droit de chasser. Mon chien était heureux et déambulait à son aise. Un jour j'ai reçu un coup de téléphone d'un vétérinaire de Grace qui me disait de monter le voir car il venait d'opérer en urgence un chien qui portait un collier avec mon numéro de téléphone. C'est un facteur qui en faisant sa tournée, l'avait trouvé à moitié mort au bord de la route. Lorsque je vis Lauda méconnaissable à peine réveillé de son opération mes tripes se sont nouées. Il avait pris un coup de fusil en peine tête apparemment avec du plomb numéro 8 tiré par 3/4 arrière. A voir la quantité de plomb il n'avait pas du être tiré à plus de 10/15 mètres. Le vétérinaire me dit que par miracle pas un plomb n'avait touché un organe vital, ni pénétré dans le cerveaux.  Il me rassura un peu et me dit de revenir le lendemain. Las, les analyses prouvaient que ses reins avaient mal supporté les produit anesthésiques. Le chien souffrait et se paralysait peu à peu. Il essaya de le maintenir encore un jour puis devant mon vieux Lauda défiguré je dus prendre l'ultime décision. Le lendemain je le chargeais dans la malle de la voiture et après trois heures de route j'arrivais dans les alpes pour l'enterrer dans le jardin non loin de sa niche. En creusant son trou je pleurais toutes les larmes de mon corps. Il repose sous une grosse pierre face aux montagnes qu'il aimait tant, ou il a fait courir tant de lièvres. J'ai eu des soupçons, mais jamais de certitudes quand à l'être immonde qui avait fait ça. Je m'abrutissais dans le travail pour oublier, mais plus de vingt ans après lorsqu'on parle de chien avec les copains, c'est de lui que je parle en premier.



Mon premier et meilleur chien. Porcelaine et Griffon Nivernais du coté d'un copain de celui qui aurait du être son père, un vrai Porcelaine.
Un jour, si vous voulez, je vous raconterai comment il a failli me faire verbaliser un maximum en s'étant échappé du chenil en hiver pour chasser le chevreuil dans la neige avec sa copine, la sournoise chienne Husky de mon ex.

C'est fou, l'attachement et la complicité que nous avons tous pour nos amis à 4 pattes...
Il m'arrive souvent aussi de repenser avec nostalgie et tristesse aux aventures cynégétiques vécues avec mes anciens compagnons.

Bonsoir Avirul,
Quelle histoire si chargée d’émotion mais quelle magnifique photo qui immortalise les relations privilégiées que tu as eu avec ton Lauda.
J’ai me souviens d’une affaire presque similaire en Corse mais la crapule qui avait abattu le chien s’en était vanté et l’histoire avait tourné mal... terriblement mal... Il valait peut-être mieux pour toi ne pas connaître avec certitude l’identité de l’auteur et pour lui non plus!
Merci d’avoir partagé ce triste moment avec nous.
J’ai hâte d’en connaître davantage sur l’escapade de Lauda au chevreuil avec sa douce amie!

quelle lâcheté de s'en prendre a l'animal qui n'y est pour rien quand on a une animosité avec le propriétaire de l'animal
il faut se dire que c'est un peureux , et les peureux sont dangereux car imprevisible
comme le dit si bien insulaire ça peut aller très loin .

Très belle histoire, put. qu'il y a des enfoirés innommables.

A cette époque mon ex-femme vivait dans notre vieille ferme en montagne dans une station de ski. Elle gardait ainsi mon chien Lauda et sa chienne husky Alaska. Alaska vivait libre y compris dans la maison. Lauda disposait d'un chenil bien isolé et bien fermé. Lorsque je montai certains weekend , j'avais pris la mauvaise habitude d'ouvrir le chenil et de le laisser libre même si la chasse était fermée. Avec sa copine Alaska, ils jouaient un moment dans le jardin puis partaient dans la montagne. J'entendais alors les aboiements de Lauda, sans doute derrière un lièvre, mais je ne m'inquiétais pas outre mesure car ils avaient pris l'habitude de revenir à la maison au bout d'une heure ou deux. Lorsque la neige croûtée cassait sous leurs pattes ils revenaient avec le ventre en sang rappé par cette croûte de neige dure en surface. Qu'importe, mon chien était heureux donc je l'étais aussi.

  Cette mauvaise habitude perdura et mon ex lâchait Lauda lorsqu'il y avait trop longtemps qu'il était enfermé et que je n'avais pu monter pour le laisser libre de courir un peu.

  Un jour du mois de Novembre je reçu un appel de l'adjudant de gendarmerie de Mougins près de Cannes ou je travaillais. J'entrais dans son bureau et il me donna à lire un PV reçu de la gendarmerie dont dépendait ma maison dans les Alpes. Motif; Vagabondage de chiens et chasse en temps prohibé. Description des coupables un chien de race Griffon de couleur claire et un Husky. Témoignage sur une vidéo privée. S'en suit un long descriptif de la scène. ou les gardes du parc du Mercantour constatent qu'un Griffon de couleur claire course à la montée un chevreuil calé sur un rocher a plus de 100 mètres devant. Le Husky qui n'aboyait pas et qui était plus agile dans la neige avait légèrement contourné l'animal  était à moins de vingt mètres du chevreuil et à vue se coulait comme un fauve pour l'approcher. Personne n'a pu connaitre la suite car la vidéo s’arrêtait par manque de batterie.
 Les gardes du parc étaient alors sur les dents. Ils avaient retrouvé les reste de deux chevreuils, un dans le parc, l'autre en lisière à moitié dévoré avec leurs colliers. La commune ou je chassais était limitrophe avec le parc du Mercantour. C'était l'époque ou on réintroduisait le chevreuil un peu partout en France et son tir était rigoureusement interdit.
 Les gardes firent leur enquête et en peu de temps retrouvèrent mes deux compagnons de chasse. Mes pieds nickelés de copains identifièrent immédiatement mon chien; Ça, c'est le Griffon (d'Avirul). Mes compagnons qui connaissaient mon amour immodéré pour les porcelaines avaient décidé dès le départ de me chambrer  en traitant mon beau Lauda de Griffon. (Je vous jure, je n'ai rien contre les Griffons). Le procès fut donc établi et je me retrouvais en face de l'Adjudant de gendarmerie de Mougins. Nous avions d'excellentes relations car je l'avais invité plusieurs fois en tant que notable à des cocktails dans l'établissement que je dirigeais alors. Il me dit tout de go; "Bon, faut trouver une solution. Qu’es qui peu clocher dans ce rapport?". Spontanément je lui dis que mon chien n'était pas un Griffon mais un Porcelaine. "Et bien voila; vous n'avez pas de Griffon et vous ne connaissez pas le Husky de votre femme (ex)." Je fais rédiger un rapport dans ce sens je leur renvoie tout ça et vous n'en entendrais plus parler.

  Quelques temps plus tard, je ne sais plus à quelle occasion, je fis un chèque pour les orphelins de la gendarmerie. Et peut-être deux ans après je reçu de ses mains une décoration qu'il accrocha lui-même au revers de ma veste. (Je ne me souviens plus à quoi elle correspondait).

  Longtemps après, pour ne pas m'inquiéter et me perturber dans mon travail, mon ex m'appris que les chiens étaient resté trois jours dehors et qu'a leur retour il lui semble avoir vue du sang sur le pelage d'un des deux...

  Je sais, le Husky n'est pas un chien de chasse, mais devant ce témoignage, c'est plus que ça. Avec la complicité de mon imbécile de porcelaine cette chienne avait très vite appliqué la vraie chasse en meute. Mais celle qui lui vient de ses arrières, arrières grands parents. les Loups.
C'est le seul chien que j'ai vue attraper un lièvre à la course. Sur un chemin étroit qui coupait une forte pente, alors que nous promenions en famille, un lièvre à jailli d'une touffe d'herbe au bord du chemin et eut le malheur de partir à la descente. Alaska le vit dès le départ et le poursuivit à une vitesse folle. Le lièvre amorça une courbe pour prendre la montée ou il était sur de distancer le Husky, la chienne coupa la courbe attrapa le lièvre et avant que je n'arrive l'avait déjà tué.


La portée était de huit porcelaines. Pour aider la croissance, une petite cuillère de miel tous les soirs. Plus tard une cuillère d'huile d'olive dans la soupe. Je suis incapable de reconnaître sur cette photo Eden, le chien que j'ai encore aujourd'hui.

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Au moins il y a eu des heureux dans l'histoire avec le chèque pour les orphelins de la gendarmerie !

Très belle écriture! Au passage il fait vraiment etre abrut* pour tirer sur un chien! Je ne sais pas se que je serais capable de faire à un homme qui fait ca! Pareil pour les chats