Quand la santé fout le camp.....

Pas trop en forme ce matin. Une mauvaise crève m’empoisonne la vie depuis plusieurs jours et malgré les antibiotiques et la cortisone, j’ai l’impression que je ne serai tranquille que quand j’aurai craché l’intégralité de mes poumons par petits morceaux. J’ai failli ne même pas sortir de mon lit, ce qui dans mon état eut été une sage initiative. Mais bon ! Cette sacrée toux qui m’empêche de dormir et la perspective d’une journée mortelle à la maison devant la télé…..Peut être aussi d’autres raisons inavouées….Voilà ! Je suis au poste, amorphe en équilibre instable sur mon siège de battue à essayer de refouler des quintes de toux trop bruyantes ou au moins à en limiter l’intensité sonore. Si on avait proposé de me payer pour être ici, j’aurais probablement refusé mais allez comprendre ; La chasse à des attraits que la raison ignore.

Le programme qui d’emblée semblait alléchant, tourne vite à l’ennui mortel. Notre traque englobant des parties en réserve, interdiction de tirer autre chose que sangliers et renards. Et bien sûr depuis que je suis posté, des chevreuils j’en ai vu défiler comme ça ne m’arrive jamais autrement…. Un point positif, quand même, c’est que la météo est clémente et après les averses nocturnes, nous sommes même gratifiés d’un beau ciel bleu.

Normalement nous étions sensés lever une compagnie de sangliers, environ une dizaine d’après les relevés des « piéteurs ». Mais le temps passe et les traqueurs se désespèrent avec les chiens qui s’éparpillent derrière les chevreuils. Je crois bien que dans ces conditions, la traque va tourner court…… Effectivement environ vingt minutes plus tard, je vois les silhouettes orange s’extirper du couvert en face de moi.
- Alors les gars, Y sont où les cochons ?
Daniel me fais une moue désespérée :
J’ai dans l’idée qu’ils auront traversé la Loire. C’est tellement patouillé dans les roseaux qu’on y voit rin du tout. Mais y z’auront surement mussé par la flotte. (Ils seront partis à la nage)
Nonchalamment je questionne :
- Ya des chiens qui sont passé sur l’ile des mattes?
- Non ! Mais tu sais l’ile, ça y reste même pas mille mètres carré de couvert. Y seront surement pas resté là non pu va !
- Pourtant c’était souvent, qu’on les y levait, avant, sur l’ile
- c’est vrai ! Convient Daniel. Mais ça a drôlement changé tu sais….Avec les arbres déracinés par les crues, le sable fout le camp et l’ile, c’est peau de chagrin maintenant. Puis se tournant vers son fils : Tiens Alex prend don les chiens avec toi et va y faire un tour vite fais avant qu’on sonne la fin…
Obéissant, le jeune, son fusil en bandoulière, rameute les fox et retourne sans trop y croire vers un passage ou il est possible traverser sans se remplir ses bottes. La Loire est très basse en ce moment

A peine a-t-il franchi les cinquante mètres du bras de Loire qui sépare l’ile de la rive que les fox commencent à taper de la gueule et là d’un coup, tout s’accélère Les roseaux s’agitent de partout. Le gamin s’époumone dans sa trompe et il ne se passe pas quinze secondes sans qu’il hurle « Attention cochon à la ligne »

Effectivement de notre côté, quelques minutes plus tard, c’est le spectacle …. A trois postes de moi, sept formes sombres sortent du couvert pratiquement à la file indienne. De chaque côté on s’en donne à cœur joie ; Six coups de carabines et quatre animaux restent sur place ; Certains sont encore agités de spasmes sur le labour. J’observe de loin les deux gars, les veinards, qui s’empressent de recharger ….Un bruit de galopade me ramène l’esprit à mon poste. Il est sorti à dix mètres de moi celui-là. Je lui pose mon point rouge sur le cou et pan….. Il roule comme un lièvre mais se remet immédiatement sur patte et reste là, figé comme une statue. Je ne veux pas prendre le risque de le voir repartir. A moins de trente mètres, arrêté, je lui mets une deuxième balle ; En pleine tête cette fois. Et là, il tombe foudroyé. Je constaterai plus tard que ma balle est entrée juste dans un œil. Pas un monstre ! Non!….Quarante-cinq à cinquante kilo. Mais bon ! Je suis quand même satisfais.

Je fouille donc dans mon sac pour y prendre les munitions et recharger. Ce faisant je déverrouille le chargeur de ma carabine et c’est pendant que je tente d’y introduire les deux balles de remplacement, que se produit l’impensable. La vielle clôture en barbelé qui est dans mon dos, est agitée par une force invisible les piquets hors d’âge sont couchés comme des allumettes, à vingt mètres de moi, les buissons s’agitent et là d’un coup, j’ai une vision monstrueuse ….Non de dieu mais c’est un ours !!!. C’est probablement ce que j’aurais dit si j’avais pris le temps de parler.

Dans ma hâte, je ne me rends pas compte immédiatement qu’une de mes balle est mal positionnée dans le chargeur. Je tente de refermer et je coince tout. Impossible ni de le fermer complètement, ni de le rouvrir. Pour décoincer je tente dans la précipitation, une manœuvre de la culasse ce qui a pour effet d’éjecter la balle qui était chambrée mais ça ne m’aide en rien pour le chargeur. M…e c’est foutu ! Il fout le camp sans être inquiété.

La-bas, sur l’ile tout n’est pas fini ! Un coup de feu. C’est Alex qui a fait parler la poudre… Quelques secondes se passent …Puis, le coup téléphone et la mine perturbée de Daniel. Le gamin lui annonce qu’il est arrivé trop tard sur un ferme et leur chienne : Cali s’est bien fait secouer Apparemment rien de très profond. Pas trop grave donc pour la vaillante petite guerrière mais une longue estafilade quand même qui devra être recousue. Il veut aussi qu’on aille l’aider vu qu’il a exécuté l’auteur de cette agression et que celui-ci dépasse allègrement le quintal….

Enfin, vous l’aurez compris, le but c’était de vous expliquer comment aujourd’hui, j’ai laissé passer ce qui aurait pu être le sanglier de ma vie……J’en veux à ma vieille carabine mais au fond, je sais bien qu’elle n’y est pour rien, d’autant plus que si j’avais pris le temps de réfléchir, même avec le chargeur coincé, la balle qui était chambrée était opérationnelle tant que je n’avais pas manœuvré la culasse. Alors c’est cette crève qui me paralyse le cerveau et qui me brouille les idées….. Ah oui au fait je ne me souvenais même plus que j’étais malade mais là, d’un coup, me revoilà bien abattu…….J’aurais peut-être dû rester dans mon lit ce matin.

belle histoire, merci de nous en faire profiter et cette crève, çà va mieux ?

Ah non! Bluy45! Tu as bien fait de te lever!
D’abord tu as quand même fait ton sanglier, et en plus cela t’as permis de partager avec nous ce très beau récit! Merci

Beau récit

Tu as bien fait de te lever quand même va ! Même si on ne tire pas c'est beau quand même ces bêtes là !

belle histoire bluy

Merci pour ton récit on croirait y être.
Et soigne toi bien.

un bon grog bien chaud et tu repars comme en quarante
Super ton réçit

Un bon moment, merci.

Merci @bluy45 ,
belle histoire et de beaux souvenirs à partager dans quelques années sur ce fameux monstre

L'âme d'un véritable chasseur, tu y vas même avec la crêve, mais gafi !!! car on fait bien des bétises quand on est pas en forme... beau récit, merci !... et soignes toi bien
a+

merci

 Sympa ces petites histoires!
Surtout quand ça parle de Loire, de sangliers, de Sologne ou de berry je visualise mieux que quand ça cause maquis, garigue et bartavelle!

L'age, la maladie, la carabine, les medocs: tout les pretextes sont bons quand ça ne se passe pas comme on veut

C'est une belle histoire...D'ailleurs quand on y songe, nos plus beaux trophées ne sont jamais accroché sur nos murs, ils vivent en forêt, dans les plaines ou les marais...
Nos meilleurs souvenirs de chasse sont bien souvent des loupés...

Pour ce qui est de ta "crève", je te propose le même traitement que armand09 un bon grog bien chaud et tu repars comme en quarante
Bon rétablissement.