La chasse… aux morilles

Il me revient une histoire d’un gars « qui se la pête » comme on le dit chez nous.

Au village, il commençait à « nous gonfler » avec ses records tous azimuts : des cageots de morilles, des kilos de sanguins, le champion des asperges sauvages, le roi de la bécasse et pour couronner le tout l’imbattable tireur de palombes.
Tout ce qui est sauvage et qui pousse, court, vole dans un rayon de 20 kilomètres finissait obligatoirement dans le coffre de la 4L de Gaston.

On l’appellera Gaston pour le besoin de l’anonymat.

Pourtant le Gaston, il n’était pas de Marseille, mais bien du village.
On commençait cependant à avoir des doutes sur son origine géographique.

A force de subir à l’heure de l’apéro la litanie de ses records qui avaient tous trait à l’alimentaire de haut de gamme et nous mettait l’eau à la bouche, on avait décidé de le mettre à l’épreuve.

On était en milieu de mois de Mars, l’époque des morilles. Et les morilles, c’est comme les bécasses, elles reviennent au même endroit d’une année sur l’autre.

-« Gaston, puisque l’année passée tu as fais des cageots et des cageots de morilles, pour toi ça ne doit pas être trop difficile de nous en ramener une bonne douzaine chacun, on te les paie cash et en plus on t’offrira l’apéro ! »

Comme on était 4 autour du Pastis, le Gaston s’est vu une bonne tournée en perspective et de toute façon il nous avait tellement rabattu les oreilles avec ses récoltes mirobolantes…

- « et puis pour toi, ça doit pas être trop difficile, il parait qu’on les retrouve d’une année sur l’autre au même endroit, c’est comme les bécasses non ? »

Le Gaston, imbu de lui-même, ne pouvait pas reculer. On lui a concédé qu’au pire, car on ne savait pas si l’année était favorable, il devrait en faire demie douzaine multiplié par quatre, soit 24.
Sinon, il nous payait lui-même la tournée (fois 4 !) et des pots tout préparés de morilles sèches, pour chacun de nous quatre.

Comme il était déjà presque 13 heures, le Gaston est sorti du bar, a pris sa 4L , il a démaré sur les chapeaux de roues et on l’a vu filer à toute allure droit direction les collines.
Nous, on s’est donné rendez vous après 18 heures, quand le soleil serait couché et le Gaston revenu.

Le soleil s’est bien couché, mais le Gaston, on ne l’a jamais revu au bar, ni lui, ni sa 4L, ni les cageots de morilles.
Pour lui ça a été de façon prématurée la fermeture de la chasse aux morilles !!!

Et des tournées de Pastaga.

La morale de cette histoire c’est que celui qui se la pête un peu trop fini un jour ou l’autre par une cure à l’eau plate.