souvenirs de chasse de gamins

Bon, ça ne s'adresse pas aux tout jeunes " minots", eux ils sont en train de se faire leurs premiers souvenirs.
Pour les plus anciens ce " topic" aura je l'espère plus de succès que la " poésie à la chasse".
Voilà, j'espère pouvoir vous lire, qu'on puisse avoir ainsi le partage des émotions, des images de notre éternelle jeunesse et ça permet aux " minots" d'avoir une idée ... d'avant !

Je me lance pour la première !
a+
jp

Souvenirs de chasse de Gamins

Le virus chasse m’a atteint précocement, à l’époque la Diana 25 était synonyme d’une certaine liberté. On n’avait pas la Game boy et porter sous le bras la carabine à plomb conférait un certain respect des autres gamins. On partait en « chasse » dès la sortie du biberon et après les premiers essais avec une vieille carabine que l’on armait de bouts de patates à la place des plombs. On s’en prenait toujours quelques uns dans les fesses et ça nous faisait rire, c’était la version moderne de la guerre des boutons.

La terre de mes premiers exploits c’était un dépôt de chemin de fer, il s’y trouvait sur les voies de garage de vieux Wagons rouillés placés à proximité d’un silo de céréales. Donc, ça attirait forcément les moineaux, et gibier de roi, les pinsons en hiver. A cette époque là j’étais « l’ornithologue » de la communale et je distinguais sans soucis le pinson des arbres du pinson du Nord.

Bref, j’étais pas mal atteint.

Je pratiquais dans une vieille carcasse de wagons, des « meurtrières » en perçant simplement le métal bien rouillé, j’avais apporté une vieille couverture, quelques toutes premières cigarettes « troupe » dégottées auprès d’un gamin dont le frère était en service, et je me gelais royalement pendant des heures à l’affut des moinillons que j’essayais de faire approcher en laissant au sol une longue traine de graines dont les dernières butaient presque au pied de l’affût.

A l’époque, tout le monde se foutait bien de mon cinéma, et il n’est jamais venu à l’idée d’un gendarme de venir me déranger dans mes manœuvres guerrières d’autant plus que je faisais œuvre d’utilité publique en dégommant plus souvent un gros rat qu’un pauvre moineau suicidaire.

En tous les cas les quelques moineaux qui ont fait les frais de cette passion naissante ont tous finis dans nos assiettes ou dans celle de la vieille tante de Léonce qui ne mangeait pas souvent de la viande à midi, ni le soir d’ailleurs.
Ce « don » me réconciliait avec moi-même car au fond de moi je savais bien que j’étais un gros « hors la loi » et en revenant de chez la tante j’étais tout ravigoté sur mon vélo à une seule et unique vitesse et je faisais déjà les plans pour la prochaine chasse en consultant l’almanach des P et T pour voir la situation de la lune et supputer les premiers passages des pinsons du Nord.

Au besoin, je changerais de carcasse de wagons et j’en aménagerai un autre si le Mistral se mettait à souffler plus que de raison car les oiseaux ne posaient plus strictement au même endroit quand le Mistral soufflait plusieurs jours, ça les « dérangeaient ».

Moi aussi d’ailleurs…avec le recul je me rends compte que j’étais bien un peu « dérangé » et de conserver en bouche toujours un ou deux plombs pour recharger plus vite car je manquais beaucoup- j’étais gelé et la visée n’était pas simple en grelottant !-n’a pas du arranger mon état cérébral, mais là aussi à l’époque on ne connaissait pas le saturnisme !
J’ai encore le souvenir de ce gout de plomb semi -conique en bouche, j’ai encore le souvenir des doigts gelés, d’un moineau tout chaud qui réchauffait ma main, de ces premières cigarettes qui me tournaient la tête et du regard de tante Léonce au moment de partir.

Salut ,
Ton récit est simplement magnifique,
J'ai tout lu en "sépia"(^_-)

Chez moi aussi la "Diana"à sévi sérieusement .
Mes victimes,bouteilles plastique,carreau de grange ou garage  "abandonné"oiseaux divers..enfin,un peut tout ce qui se présentait à moi(ｰ ｰ;
Canette,capsule de bière trouvé par terre(ça c'était pour le mode sniper..ouahouu!)
C'est marrant ,je crois que l'on à tous eut l'idée des plombs pincés entre les lèvres pour rechargé plus vite (^_-)
As tu fait des expériences"balistique"?du style écraser avec les dents la tête du plomb pour la rendre plus dure,coulé du bâton de sucette dans le cul du plomb?
Ou faire une croix à l'opinel sur la tête du plomb(j'avais vu ça dans le film"l'ours")
J'ai même mis des mouches à la place du plomb"pour voir"(-｡-;

Je l'ai vraiment aimé ma Diana ,pour la recharger,j'était obligé de la caler sur ma hanche car je n'avait pas assez de force pour la "casser"
Beaucoup de souvenir ,beaucoup de bêtises aussi dont je ne suis pas fier aujourd'hui,(si mon père m'avait vu faire,j'aurai sûrement pris un bonne "br..ler")

C'était plutôt du "decannillage"en règle que de la chasse,mais bon...
@+
Ps:je reviendrai pour mes premiers souvenir de chasse avec mon papa..

belle histoire

Oui,très belle histoire

Très sympa ton récit !

Je fais parti des "minots" mais malgré ça je me reconnais beaucoup dans ce récit, chez moi c'était les tiatia dans les vignes qui faisaient les frais de ma carabine à air comprimé CZ

Superbe, merci pour ton récit !

magnifique récit, moi aussi j'ai commis mes premier "crime" avec ma diana

Ce n'est pas de la chasse ni de la pêche, ça fait partie des souvenir de gamins



La fouine





................................C’est monsieur l’instituteur qui l’avait affublé de ce sobriquet, il faut dire que le gamin était fluet, curieux et à l’affût de tout. Il avait perdu son père très jeune, et sa mère se tuait à la  tâche,  faisant ménage et lessives à des personnes aisées, pour gagner trois sous et se déplaçait à pied ou quelques fois à bicyclette, ne revenant à la maison que pour le repas, de ce fait il était un peu livré à lui même, trainant la campagne dès que la classe était finie.
Les saisons rythmaient sa vie, malgré son jeune âge, à peine onze ans, il connaissait tout de la nature et des possibilités de trouver de quoi améliorer l’ordinaire, le travail à la ferme lui avait ouvert des horizons.

Chargé d’aller chercher un litre de lait chaque jour à la ferme voisine, il avait pris l’habitude de passer par la grange pour se rendre à l’étable. Il avait remarqué le comportement particulier d’une poule, qui cherchait à pénétrer entre deux bottes de paille, ce qui aiguisa sa curiosité.
De retour de l’étable avec son pot de lait, il passa la main dans l’espace creusé entre les bottes, et découvrit un nid où la poule venait d’y déposer un oeuf. Il se garda bien d’en parler à quiconque, ce sera son secret.
Les jours suivants le même rituel semblait se dérouler, cette fois à son retour de l’étable il prit deux œufs qu’il glissa dans sa poche et rentra à la maison avec son butin, sa mère ne posera pas de questions elle avait l’habitude de le voir revenir avec des victuailles offertes
par le voisinage, la famille vivait chichement.

Il savait se rendre utile à la ferme, il donnait à boire aux veaux, coupait des betteraves au coupe racines, tournant la manivelle avec vigueur, distribuait du grain aux poules.
Il arrivait parfois que quelques poulets prennent la fuite, il se chargeait alors de les rattraper mais tous ne prenaient pas le chemin du poulailler, il lui arrivait de ramener chez lui des poulets capturés qui ne semblaient pas appartenir à la ferme.

Au printemps, la recherche des nids d’oiseaux lui permettait de gagner quelques pièces,
il connaissait les passions des uns et des autres, et fournissait ici une corneille, là une pie, ou encore une nichée de chardonnerets qui ferait le bonheur d’un forain, et lui permettrait de faire quelques tours de manège sans bourse déliée.
Les ruisseaux et étangs, nombreux aux alentours du village, offraient un terrain de jeux sans égal, en particulier le jeu de cache-cache avec le garde champêtre ou le garde pêche.
Dans l’eau jusqu’à la taille, il traquait poissons et écrevisses dans les ruisseaux, plaçait ici et là des lignes de fond dans les étangs pour pêcher carpes, tanches et anguilles qu’il rapportait dissimulées dans un sac, d’où sortait des feuilles de laiteron destinées aux lapins du clapier familial.

Les semaines s’écoulaient entre école et balades champêtres, jusqu’au jour où, passant près du vieux moulin, il aperçu une carpe qui se débattait dans une flaque d’eau boueuse,
le canal était vidé de son eau par une main malveillante.
Sans se poser de question la fouine se met à l’eau, marchant avec peine dans la vase,
au moment où il  va se saisir du poisson, une voix le fait sursauter: » tu es pris chenapan » C’est le garde pêche du grand étang situé à quelques centaines de mètres de là, qui vient d’apparaitre, il n’est pas très grand, mais il a une voix de stentor, et l’effet
de  surprise stop net l’action du gamin, qui abandonne sa proie.
Tu es bon pour une convocation devant monsieur le maire, qui s’occupera de ton cas.
S’extirpant avec peine du marais, il quitte le canal après s’être lavé dans un petit filet d’eau claire du fossé de vidange.

Reprenant le chemin du village, la fouine pensait déjà aux réprimandes qui allaient tomber face à monsieur le maire et le propriétaire du canal, et quelles seraient les sanctions, le garde a parlé de maison de correction, c’est pas bon signe.
Soudain, il s’arrêta net, se retourna et vit le garde s’éloigner vers la queue de l’étang,
à ce moment la décision fût prise, si il faut payer, ce ne sera pas pour rien et il fit demi tour direction le canal pour récupérer sa carpe, qu’il retrouva rapidement, la mit dans sa chemise déjà salie par la vase et prit le chemin de la maison.

Quelques jours plus tard, on frappe à la porte de l’école, c’est le garde champêtre
qui vient chercher le ’’ bribeur’’ mot désignant un pêcheur à la main, monsieur le maire veut le voir. Le voici qui avance face à son destin, monsieur le maire assis au fond de son grand fauteuil le regarde par dessus ses lunettes, à ses côtés il y a la propriétaire, qui n’est autre que la fermière où le gamin va chercher le lait et à qui il donne un petit coup de main pour nourrir le bétail.

Après avoir balbutié un bonjour à l’assemblée, il cherche du regard le garde pêche, soudain trois coups vifs frappés à la porte lui font comprendre qu’il arrive seulement, après avoir salué la fermière et monsieur le maire, il regarde le coupable avec un petit air narquois, qui n’échappe pas à la propriétaire du canal.
Après avoir exposé les faits, le garde ajoute que l’acte était prémédité, la vanne de retenue avait été délibérément ouverte pour mettre à sec le canal et dérober le poisson qui s’y trouvait. A la grande surprise de l’assemblée, la  propriétaire prit la défense du gamin, non, ce n’est pas possible, il faut la force d’un homme pour ouvrir la vanne faite de planches épaisses, et de toute façon nous n’avons que faire de ces poissons, puisque vous êtes aussi garde chasse, vous feriez mieux de vous occuper des bestioles qui volent les œufs et parfois enlèvent des poules.
Le garde, piqué au vif répond: c’est sans doute la fouine », à ce moment là le garnement
sent ses joues s’empourprer, et d’ajouter je passerai demain mettre un piège.
Oui, sans doute une fouine, dit la fermière. Depuis ce jour, la fouine n’a plus subtilisé les œufs de la grange, et le piège est resté vide.

belle histoire

et toujours aussi bien racontée !

Merci Jean-Paul et Alex pour vos histoires toujours très agréables à lire