- Jean-Paul13Cerf1000 Messages
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Date d'inscription : 15/11/2014
pensées à la passée
Mer 17 Déc 2014 - 13:29
LE TEMPS SE FERA
Elles arrivent !
Elles arrivent, elles arrivent...c'est comme Noël, je redeviens un enfant, le coeur se met à battre, dans l'attente.
Je ne sais plus si c'est un rêve.
Il est trop tôt, beaucoup trop tôt.
Les chaussures collent à l'argile à la glaise, le vent emporte les souvenirs collés à ma terre, collées sont mes chaussures...collés les souvenirs...
Il y a eu ce vent violent pendant trois semaines entières...
Il est beaucoup trop tôt, le vieux chien a froid, collé lui aussi contre moi...
Seulement deux étoiles filantes, ce n'est plus l'époque, qu'est ce que je fais à scruter l'inéfable?je pense au rouge gorge du jardin, il a fallu qu'il revienne, comme chaque année.
Au jardin les fleurs ne poussent pas, je fais mon possible mais les fleurs ne poussent pas.
J'ai toujours cru en la puissance des mots, mais les mots c'est le contraire de la pudeur, alors je parle seul dans la nuit, ce doit être le venin des frelons, ça me fait encore tourner la tête.
- Regarde
Il n'y a jamais de point, la phrase se perd dans le silence, le silence des mots, c'est complétement idiot
- je dois avoir un ange gardien
La douleur est trop grande, ce lièvre c'est comme toi, je ne le reverrai jamais, et puis il est passé, au même instant, devant moi.
Le vieux chien n'a même pas bougé, pas un reproche, il doit rêver lui aussi.
J'ai toujours de la boue sous mes chaussures, en traversant le parc les petits graviers se collent.
- On ne se comprend pas, je vous demande pardon
pardon pour cette phrase de trop, parce qu'on se comprenait trop, j'ai trop parlé, c'est tout, tout inutile.
Le premier vol s'est décallé, elles passent à l'autre affut, basses, rapides, pressées...encore et toujours pressées d'aller et encore d'aller plus loin plus fort, d'aller plein Sud, elles doivent avoir froid elles aussi.Ca fait des mois que je les attendais, elles sont là et je dors debout perdu dans mes pensées.
je pleurais trop fort.
Cette année je n'y suis allé qu'une seule fois, j'ai tout dans la tête et puis il n'y a pas de fleurs, j'ai récupéré un grand vase, j'ai mis des graines de fleurs sauvages, de la colline,des fleurs qui sentiront le sauvage, comme la première grive que je tenais dans la main quand j'étais gosse.
Ton rire dans le couloir.
Hier on a fait la cheminée, le 15 Octobre," le même jour que l'an passé" a dit Florent.
alors rien ne change
-je vous embrasse
encore un vol qui passe à l'autre affut, le chien les a vu, alors on y va ou on attend que tout passe sous le robinet et nous comme des couillons à se geler pour rien?
si j'y vais , c'est sur, elles passeront ici !
je suis seul en attente, c'est difficile de décrire...
-j'ai fait un long stage de comptabilité
il n'y a pas de point de suspension, d'exclamation, rien, c'est clair les mots ne demandent aucune réponse, il y a juste un peu comme un brin de sourire, on dirait une pointe d'humour cachée, son regard est plein, vif, amusé, jamais aucune tristesse, mais aucune retenue dans sa façon de soutenir mon regard, c'est un peu celui de quelqu'un qui s'impose, mais pas tout à fait, plus nuancé, plus en accord, d'une domination retenue, d'une force tintée d'une grande lassitude...
cette fois elles sont passées sur le chapeau, nom de Dieu ! même pas eu le temps d'esquisser un geste ! Merde !
le vieux s'énerve, il a envie de pisser! ça ne rate pas, encore un vol qui venait bien et qui se décale, viens ici!!!viens ici!!!
le vieux obéit,il tremble,il sait qu'on est en plein dedans, la passée du siècle, c'est sur, ça va défiler maintenant...
j'ai l'intuition qu'elle peut partir à tout moment, je n'ai plus de sifflement aux oreilles, plus mal au dos,je suis bien,je commence même à me réchauffer
le soleil s'est levé, je rajoute quelques branchettes à l'affut,avec le soleil,c'est tout juste s'il ne faut pas coller les oreilles pour qu'elles ne me voient pas de loin...
j'ai l'intuition qu'elles peuvent venir à tout moment,j'en ai mal aux yeux de scruter le ciel au plus loin possible...
On est rentrés à plus d'heure, encore gelés, encore crottés, encore plein de lumière dans les yeux.J'ai rajouté une grosse buche dans la cheminée,celle là même qui m'avait cassé le dos il y a plus de 3 ans et qu'elle en rigolait de m'imaginer en homme de Cro Magnon qui n'arrivait pas à porter le lourd fardeau.
-elle est bien grosse la bûche papa!
c'est Lydiane, elle pense déjà à Noël...
Mais Noël c'est encore loin, il y aura encore des palombes et des palombes, peut être une ou deux dont je lisserai les plumes, et puis il y aura le printemps, 2 ou 3 couples qui viendront nicher en face comme tous les ans, et puis il y aura encore ce vent de fou qui soufflera pendant 3 semaines, et puis le temps se fera.
et puis le temps se fera
Elles arrivent !
Elles arrivent, elles arrivent...c'est comme Noël, je redeviens un enfant, le coeur se met à battre, dans l'attente.
Je ne sais plus si c'est un rêve.
Il est trop tôt, beaucoup trop tôt.
Les chaussures collent à l'argile à la glaise, le vent emporte les souvenirs collés à ma terre, collées sont mes chaussures...collés les souvenirs...
Il y a eu ce vent violent pendant trois semaines entières...
Il est beaucoup trop tôt, le vieux chien a froid, collé lui aussi contre moi...
Seulement deux étoiles filantes, ce n'est plus l'époque, qu'est ce que je fais à scruter l'inéfable?je pense au rouge gorge du jardin, il a fallu qu'il revienne, comme chaque année.
Au jardin les fleurs ne poussent pas, je fais mon possible mais les fleurs ne poussent pas.
J'ai toujours cru en la puissance des mots, mais les mots c'est le contraire de la pudeur, alors je parle seul dans la nuit, ce doit être le venin des frelons, ça me fait encore tourner la tête.
- Regarde
Il n'y a jamais de point, la phrase se perd dans le silence, le silence des mots, c'est complétement idiot
- je dois avoir un ange gardien
La douleur est trop grande, ce lièvre c'est comme toi, je ne le reverrai jamais, et puis il est passé, au même instant, devant moi.
Le vieux chien n'a même pas bougé, pas un reproche, il doit rêver lui aussi.
J'ai toujours de la boue sous mes chaussures, en traversant le parc les petits graviers se collent.
- On ne se comprend pas, je vous demande pardon
pardon pour cette phrase de trop, parce qu'on se comprenait trop, j'ai trop parlé, c'est tout, tout inutile.
Le premier vol s'est décallé, elles passent à l'autre affut, basses, rapides, pressées...encore et toujours pressées d'aller et encore d'aller plus loin plus fort, d'aller plein Sud, elles doivent avoir froid elles aussi.Ca fait des mois que je les attendais, elles sont là et je dors debout perdu dans mes pensées.
je pleurais trop fort.
Cette année je n'y suis allé qu'une seule fois, j'ai tout dans la tête et puis il n'y a pas de fleurs, j'ai récupéré un grand vase, j'ai mis des graines de fleurs sauvages, de la colline,des fleurs qui sentiront le sauvage, comme la première grive que je tenais dans la main quand j'étais gosse.
Ton rire dans le couloir.
Hier on a fait la cheminée, le 15 Octobre," le même jour que l'an passé" a dit Florent.
alors rien ne change
-je vous embrasse
encore un vol qui passe à l'autre affut, le chien les a vu, alors on y va ou on attend que tout passe sous le robinet et nous comme des couillons à se geler pour rien?
si j'y vais , c'est sur, elles passeront ici !
je suis seul en attente, c'est difficile de décrire...
-j'ai fait un long stage de comptabilité
il n'y a pas de point de suspension, d'exclamation, rien, c'est clair les mots ne demandent aucune réponse, il y a juste un peu comme un brin de sourire, on dirait une pointe d'humour cachée, son regard est plein, vif, amusé, jamais aucune tristesse, mais aucune retenue dans sa façon de soutenir mon regard, c'est un peu celui de quelqu'un qui s'impose, mais pas tout à fait, plus nuancé, plus en accord, d'une domination retenue, d'une force tintée d'une grande lassitude...
cette fois elles sont passées sur le chapeau, nom de Dieu ! même pas eu le temps d'esquisser un geste ! Merde !
le vieux s'énerve, il a envie de pisser! ça ne rate pas, encore un vol qui venait bien et qui se décale, viens ici!!!viens ici!!!
le vieux obéit,il tremble,il sait qu'on est en plein dedans, la passée du siècle, c'est sur, ça va défiler maintenant...
j'ai l'intuition qu'elle peut partir à tout moment, je n'ai plus de sifflement aux oreilles, plus mal au dos,je suis bien,je commence même à me réchauffer
le soleil s'est levé, je rajoute quelques branchettes à l'affut,avec le soleil,c'est tout juste s'il ne faut pas coller les oreilles pour qu'elles ne me voient pas de loin...
j'ai l'intuition qu'elles peuvent venir à tout moment,j'en ai mal aux yeux de scruter le ciel au plus loin possible...
On est rentrés à plus d'heure, encore gelés, encore crottés, encore plein de lumière dans les yeux.J'ai rajouté une grosse buche dans la cheminée,celle là même qui m'avait cassé le dos il y a plus de 3 ans et qu'elle en rigolait de m'imaginer en homme de Cro Magnon qui n'arrivait pas à porter le lourd fardeau.
-elle est bien grosse la bûche papa!
c'est Lydiane, elle pense déjà à Noël...
Mais Noël c'est encore loin, il y aura encore des palombes et des palombes, peut être une ou deux dont je lisserai les plumes, et puis il y aura le printemps, 2 ou 3 couples qui viendront nicher en face comme tous les ans, et puis il y aura encore ce vent de fou qui soufflera pendant 3 semaines, et puis le temps se fera.
et puis le temps se fera
- charles01Cerf3000 Messages
- Nombre de messages : 5070
Age : 75
Localisation : 69830 saint georges de reneins
Date d'inscription : 22/07/2013
Re: pensées à la passée
Mer 17 Déc 2014 - 13:47
Merci pour ce récit on à l'impression d'être avec toi.
- Rom80Cerf3000 Messages
- Nombre de messages : 3556
Age : 31
Localisation : Picardie / Somme
Date d'inscription : 28/04/2014
Re: pensées à la passée
Mer 17 Déc 2014 - 14:17
Beau récit , merci du partage
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