"Bois Noirs" ou mon 1er Brocard à l'approche

Donc comme promis voilà un petit moment, voici mon premier brocard tiré à l'approche.
Après de nombreuses années à rêver de pouvoir un jour tirer un brocard à l'approche, ma famille et mes amis m'ont donc obligé à sauter le pas.
En effet, le jour de mon anniversaire quelle ne fut pas ma surprise d'ouvrir une carte m'annonçant la bonne nouvelle.
Donc tout fier, je prends rendez-vous pour faire un tour de reconnaissance du territoire.
Et là, surprise !
Le territoire de chasse se trouve à 3 kilomètres (et je suis large) du village où j'ai grandi jusqu'à l'âge de 17 ans....
et le territoire, pour le connaitre, je le connais ! Et plutôt bien car l'ayant galopé toute mes jeunes années avec les copains.
Bref ! 350 Ha, pour moitié de plaine. Ayant changé de propriétaire, le territoire a été aménagé pour la chasse.
Jachère entre les maîs, mirador, petit ruisseau, passerelles pour sauter les fossés... que du bonheur.

Donc 1ères sorties, début août, et là, entre les deux maïs, un grand six, tout fier me regarde.
Je me dis " Oh non, ça fait une heure que je suis là ! Je le tire pas, je vais me faire plaisir, et pas terminer ce rêve maintenant. J'aurais bien l'occasion de le revoir !".

Je fais donc plusieurs sorties de reconnaissance et voit un grand nombre de brocards, plutôt jeunes dans l'ensemble.

Je laisse le rût se terminer, et là, c'est le drâme !!! Les jachères sont fauchées, les brocards connus ont terminés le rût ! Bref plus grand monde sur les places. Hormis quelques chevrettes.

Je me mets en tête de revoir "le grand six".
Je le cherche, je l'attends, il va finir par se montrer ! Je vois aussi un petit brocard, avec des bois très foncé, très en avant de la tête. Mais même lui ne se laisse pas approcher. Il est toujours accompagné d'une chevrette (qui donne toujours l'alerte) et d'un chevrillard.

Des sorties, encore des sorties.
Fin Août, je vois enfin MON grand six. Ce dernier sort des peupliers et traverse la plaine en courant... je me dis "c'est pas moi qui l'ai dérangé quand même". Je l'observe, rien derrière. Bizarre.
Autre sortie, je suis sur le mirador, et là, je le revoit, il sort des mêmes peupliers.
Je descends pour tenter une approche. Je me glisse à bon vent le long d'un maïs. Je fais 100 mètres et là, plus de brocard à l'endroit où je l'avais vu.
Je tourne la tête et là, mon gaillard est à 100 mètres de moi en lisière de bois, tranquille (il venait de traverser 80 Ha de plaine à fond les ballons !)
Une bande de maîs nous sépare !

Je pose la canne, je pose la carabine, je mets la croix au niveau de l'épaule, et là, pas moyen de me calmer, j'ai le palpitant à 300, je retiens ma respiration, j'appuie doucement, le coup part.
Le brocard n'a aucune réaction... je me dis qu'il va se coucher et que s'en sera fini. 1min après, rien.
Je l'ai loupé ! C'est pas possible à cette distance, ça aurait été un renard, il était mort !
Je me baisse derrière le maïs pour recharger. J'extrait la douille que je ne vois pas tomber au sol. Je crois rêver ! L'étui est coincé dans la chambre et je ne peux l'extraire. Le doigt d'extracteur est cassé !!!
Je me relève et mon "gaillard" est toujours là. Je l'observe de longs instants, et il fini par rentrer au bois tranquillement. Je suis un peu vert !

Bref s'en est fini du grand six !

Plusieurs sorties font que je revoit le petit aux bois noirs, je l'observe à de nombreuses reprises, l'évalue,... et me dit qu'il s'agirait certainement d'un bon tir.
De pluq, le propriétaire me presse un peu, il va attaquer les battues de sangliers !

Le matin du 10 septembre, j'arrive sur le territoire. Il y a de la brûme.
Je marche tranquillement, cherchant du regard "mes" chevreuils.
Sur une prairie, tout à coup, la chevrette et son chevrillard sont là. A une centaine de mètres
Je cherche de longue minutes "les bois noirs". Et il est au rendez-vous, à 50 mètres, couché dans un creu, je ne voit que la tête et c'est bien lui.

Je pose la canne, la carabine (que j'appelle "chance" car je n'ai jamais manqué avec), je mets "bois noirs" dans la croix et j'attends.

Au bout de 5 minutes, Monsieur daigne se lever, mais il est de dos.
J'entends distinctement les battements de mon coeur tellement ça tape fort.
"Bois noirs" se mets enfin de travers. "Calme toi, calme toi". Je bloque ma respiration, appuie lentement sur la queue de détente. Le coup part, je ne l'entends même pas. "Bois noirs" s'écroule.
Je le laisse tranquillement s'éteindre, s'en ai fini pour lui. Il est 07H00
Je suis content et à la fois triste. La chevrette et le chevrillard n'ont pas compris, ils restent là, regardant dans le brouillard la masse qui s'approche de l'endroit où était "bois noirs".
Il est là, étendu, le regard vide. Je fais ce qui doit être fait suite au tir, et reviens vers la voiture, la carabine sur l'épaule et le brocard ficelé sur la canne de pirsh.




Un gars (que je connaissais étant petit) viens à ma rencontre.
Il n'habite pas très loin et a entendu le coup de carabine.
Il est me dit: "t'as tiré le petit brocard qui est accompagné de la chevrette et du chevrillard ?" Je lui réponds par l'affirmative. Lui aussi connaissait bien "bois noirs".
Je raconte à cette personne ma mésaventure avec le grand six. Ce monsieur me répond texto "Ah le grand six, ça fait au moins 6 ans que je le vois. Au début je me demandais ce qu'il avait à courrir comme un dingue sur la plaine, mais après j'ai vu que c'était son habitude. C'est un malin. Soit personne ne le tirera, soit il se fera tirer "comme un con".
Après quelques mots échangés, je suis reparti chez moi et j'ai partagé la venaison entre les personnes m'ayant offert ce cadeau si merveilleux.

Désolé d'avoir été long, mais en écrivant, je revivais ces grands moments de chasse.

Salut;

Trsè jolie histoire !

Dommage pour le grand6, j'ai connu ça aussi...

Le chevreuil étant mon gibier favori !

Weidmanscheil.

Amicalement : Jm.

++

[P.S.: Balle un peu arrière, non ?]

La balle est un peu beaucoup en arrière (juste devant les gigues), ceci est dû à l'émotion, qui ne m'avait jamais atteint à un tel point !

Salut le goupil
c'est aussi mon reve de chasser le chevreuil à l'approche! Tu m'as fait vivre de belles émotions en lisant ton récit
bravo à toi et j'espère que cela se renouvelera!

Même si je ne suis pas un fan du chevreuil je dois avouer que ton récit est beau, on s'y croirait!!

Waidmannsheil!le coté merveilleux de cette chasse est que le souvenir de ton premier brocard restera toujours gravé dans ta mémoire et je tiens à te féliciter parceque tu as su l'apprécier.C'est pour ça que la chasse du brocard à l'affut et à l'approche a toujours été ma passion car tu dois reconnaitre ce que tu dois ou veux tirer et aucun brocard ne se ressemble.Je peux te dire que même après 40 ans de cette chasse,j'avais toujours la même émotion au moment du tir.
Amicalement
P.S. C'est là que tu aurais du sonner les honneurs à la trompe!!!
2eme P.S. est ce que tu as gardé la machoire du bas pour voir l'âge,si oui,sois gentil mets la photo.

Merci à tous !

GXA : En effet, je garde les machoire de tous les chevreuils que je tire.
C'est très éducatif pour moi, pour les chasseurs en général, mais aussi les non-chasseurs.
Le massacre et la mâchoire de "bois noirs" ont été blanchis en début de semaine, et sont au "séchage". Je mettrais la photo en ligne dès que possible.
Il s'agit d'un brocard de deuxième tête (3ème prémolaire bilobée).
Maintenant, je pense que tu m'éclaireras quant à l'usure des dents.

Amicalement

Salut,

Félicitation !

Quel récit !!!!!!!

C'est mon rêve également de chasser le chevreuil à l'approche !!!

Magnifique...

Enfin juste un dernier mot : MERCI !!!!!!!!!!!!!!!

@micalement,
Adrien

Salut
ton récit est magnifique et félicitation pour ton beau brocard
honneur a BOIS NOIRS
Amitié Aurelien

Bonjour,Si la 3eme prémolaire est bilobée,c'est au moins une 2eme tête mais peut-être plus les dents nous le diront..
Amicalement