Les sangliers (encore une fois) dans l'oeil du cyclone

RDENNES. Faut-il déclarer la guerre aux sangliers ? C'est ce que préconise un rapport des ministères de l'Ecologie et de l'Agriculture. Exploitants forestiers et agricoles approuvent, tandis que les chasseurs s'offusquent.

LES petits frères de Woinic peuvent soigner leur défense… Rédigé à la demande conjointe des ministères de l'Ecologie et de l'Agriculture, un rapport sur les dégâts du grand gibier leur adresse une volée de bois vert et recommande à leur propos l'adoption d'une politique intransigeante en matière de régulation des populations.
En clair, selon les rédacteurs de cet épais document, il va falloir drastiquement faire baisser le nombre d'individus présents dans les différents massifs de l'Hexagone, y compris les Ardennes, sous peine de courir à la catastrophe.
Trois reproches principaux sont adressés aux sangliers : l'augmentation constante des dégâts qu'ils créent, l'augmentation tout aussi constante du nombre d'accidents de la circulation qu'ils causent et enfin les importants risques sanitaires induits par des populations dont les effectifs explosent. Rien que ça…

Aujourd'hui, « il ne s'agit plus de gérer la rareté mais plutôt l'abondance » affirme ce rapport. On s'en doute, il est difficile de comptabiliser précisément le nombre d'individus, même sur une région précise. Mais des indicateurs fiables existent, à commencer par le fait que, à l'échelle nationale, « le coût de l'indemnisation des dégâts est passé de 20 à 30 millions d'euros par an depuis 2000. »
Certes, ces sommes sont prises en charge par les chasseurs, mais elles n'en témoignent pas moins de l'explosion des populations. Et les chasseurs, du moins certains d'entre eux, sont montrés clairement du doigt, notamment « les chasseurs citadins de week-end, de plus en plus déconnectés des acteurs locaux » dont l'objectif est « de voir et de tirer du gibier, moyennant paiement de sommes de plus en plus importantes. » Or cette clientèle d'un nouveau genre, souvent fortunée, pousse certaines sociétés de chasse ou certains particuliers « à entretenir un vivier surabondant de gibier. »
Des comportements que l'on peut relever y compris dans notre département. Il suffit d'un rapide tour sur internet pour découvrir tel ou tel domaine ardennais soigneusement clos, proposant des journées de chasse à 500 ou 600 euros par personne.
A ce tarif, vous avez droit au p'tit déj, à deux repas et à un nombre précis d'animaux, par exemple « 26 sangliers ou cervidés + 3 grands daims ou daguets de cerf + 3 cerfs » pour la prochaine journée prévue fin septembre. Le tout avec un plan d'accès précis et détaillé pour les amateurs venant de Paris ou Bruxelles.
Malheureusement, toujours selon le rapport ministériel, ces concentrations artificielles de gibier dans des domaines privés peuvent entraîner « des risques réels pour la santé et la sécurité des personnes », le principal étant la propagation de la tuberculose bovine, une maladie « transmissible à l'homme à partir de bovins infectés par ingestion du lait, de viande ou d'abats contaminés, ou par voie respiratoire. la transmission à l'homme par manipulation de gibier infecté a également été prouvée. »

Fin 2000, la France était déclarée indemne de tuberculose. Mais depuis, les alertes se multiplient : « On assiste, d'une part, à une ré-émergence de l'infection dans les cheptels bovins de plusieurs départements et d'autre part à la découverte dans la faune sauvage de cas ou foyers installés. » D'où la crainte de voir cette maladie, propagée par le gibier, toucher à nouveau les cheptels domestiques.
Cette menace est prise très au sérieux par les pouvoirs publics : ce printemps, à Germaine, dans la Marne, des fonctionnaires de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage sont intervenus dans un parc de chasse privé de 350 hectares pour abattre une centaine d'animaux après la découverte d'une souche de tuberculose sur un sanglier abattu en janvier
Conclusion des signataires du rapport : « La France risque de perdre son statut « indemne de tuberculose. » Ceci représenterait une perte de plusieurs centaines de millions d'euros pour la seule filière bovine. »
Tuberculose bovine, mais également peste porcine, « transmise à la faune sauvage par les élevages domestiques, hautement contagieuse » et dont on craint qu'elle puisse « re-contaminer le cheptel porcin domestique. Le blocage des exportations représenterait des pertes économiques de l'ordre du milliard d'euros par an. »
Vu l'énormité des enjeux, notamment d'un point de vue financier, on comprend mieux les solutions draconiennes préconisées par ce rapport. En période de vaches maigres, le sanglier pourrait à son tour subir une cure…

Le goupil a écrit:Euh... là, ils font en plus l'amalgame entre les chasses ouvertes, où la surabondance de sangliers cause des dégâts, et les parcs de chasse, où ils avancent un risque sanitaire....

kiki 71 a écrit:il profite un peu du fillon

Réré a écrit:

kiki 71 a écrit:il profite un peu du fillon

françois ???