Palombes la fin de la chasse traditionnelle?

Le festival des Hivernales, à Puydarrieux, démarre fort avec, notamment, la projection du film « La Vague bleue » qui fait apparaître de nouvelles découvertes concernant la palombe. La fin de la chasse traditionnelle ?

Au programme des Hivernales, cette année, un menu très riche, avec ciné nature, conférences, débats, expos, sorties. Le festival a commencé par la projection du film de Michel Tonelli, consacré au pigeon ramier, ou palombe. Ce film sera de nouveau projeté demain dimanche, à 11 heures. Un film qui fait état de récentes découvertes concernant l'oiseau bleu, mythique dans le Sud-Ouest. Depuis des lustres, les chasseurs constatent, et Jean-Marc Delcasso, le président de la fédération de chasse 65, le confirme, que les palombes « passent » de moins en moins. Les chasses, autrefois opulentes en cabanes, sont aujourd'hui de plus en plus maigres, c'est un euphémisme. Plusieurs hypothèses ont été avancées, dont quelques-unes fantaisistes. Jusqu'à ce que le GIFS (Groupement d'investigation sur la faune sauvage), réunissant biologistes, ornithologues, chasseurs, etc., s'empare du sujet. Outre les baguages classiques, plusieurs palombes ont été équipées de balises Argos solaires. Et là, les spécialistes sont tombés des nues. Les lignes migratoires n'ont pas beaucoup changé et la population de ramiers, loin de s'affaiblir, augmente de façon constante, avec 57 millions d'individus en Europe. On a posé, depuis des temps immémoriaux, comme postulat de base et intangible que la palombe était un oiseau migrateur. Certes, mais c'est de moins en moins vrai et le film de Tonelli le démontre sans ambiguïté : l'agriculture moderne, où de grandes étendues sont laissées en « chômage » en hiver, offre une nourriture hivernale permanente aux oiseaux, qui ont tendance à se fixer sur site, surtout dans le Sud-Ouest, où l'on observe de véritables « nuages » de pigeons, surtout dans le Gers ou le nord du 65. Ces oiseaux, en très grand nombre, arrêtent là leur migration et ne passeront donc pas les Pyrénées. D'autres oiseaux restent également sur leurs lieux de nidification, en Pologne, réchauffement climatique oblige, ainsi qu'au sud Portugal.
Dortoir parisien

Autre découverte faite grâce aux balises : les palombes migrent aussi la nuit, ce que l'on pensait impossible jusqu'à présent. Autant d'oiseaux qui échappent aux comptages et aux chasseurs pyrénéens. De plus, un autre phénomène s'est fait jour : de plus en plus de palombes s'installent en ville, notamment à Paris, où elles sont en train de supplanter le pigeon biset, dit pigeon des villes. Elles y sont tranquilles puisqu'en ville, il n'y a pas de prédateurs. Mais quid du resto ? à la périphérie parisienne se trouve une vaste zone agricole, où le couvert est assuré. Les villes entourées de forêts ne sont pas concernées par cette colonisation. Les milliers d'oiseaux citadins ne passeront pas, eux non plus, les Pyrénées. Cet ensemble de phénomènes (sédentarisation, hivernage dans le Sud-Ouest, avec nourriture et gîte sécurisé…) ne va aller qu'en s'accentuant au fil du temps, puisqu'il est peu probable que l'agriculture intensive change brusquement de méthode. La palombe, étant un oiseau éclectique et opportuniste, a parfaitement su s'adapter aux nouvelles conditions de vie créées de toutes pièces par l'homme. L'homme qui vient maintenant se plaindre que les palombes ne passent plus et que leur chasse traditionnelle soit, à plus ou moins brève échéance, menacée de disparition. Des millions et des millions de palombes sont désormais fixées et ne passeront plus les Pyrénées.