Lot Tarn et Aveyron comptage de bécasse

Il pleuvait hier soir les causses du Lot, du Tarn et de l'Aveyron, avec pas mal de vent et un peu de neige : le temps idéal… pour aller, (de nuit !), baguer les bécasses au cœur des zones humides où elles vont se nourrir de vers de terre. Un travail que l'on n'exerce pas sans un minimum de motivation, mais cet oiseau emblématique a toujours suscité la passion des chasseurs. Au point qu'en complément des Fédérations départementales et de la Fédération nationale des chasseurs, se sont constitué deux associations hexagonales, le Club national des bécassiers et Bécassiers de France, qui sont bien souvent relayées au niveau départemental.

Et tous partagent une philosophie que Jean-Emilien Chauchard, technicien à la Fédération de chasse du Lot, résume par une formule qui fait office de cri de ralliement des bécassiers : « On peut prélever l'intérêt mais ne pas toucher au capital ».

Autrement dit, si l'on veut continuer à chasser la bécasse, il faut bien prendre garde à ne prélever qu'une petite partie de la population de ce migrateur particulièrement discret (lire ci-contre).

C'est dans cette optique que les chasseurs ont développé depuis deux bonnes décennies, un programme destiné à mieux évaluer la population de bécasses d'une part et à maîtriser le prélèvement d'autre part.

Le Réseau national bécasse regroupe fédérations départementales, l'ONCFS (Office Nationale de la Chasse et de la Faune Sauvage) et les associations et agit donc dans ces deux directions.

C'est ainsi qu'a été mis au point un « tableau de bord » des populations, renseigné en temps réel sur un site internet, tableau de bord qui prend en compte plusieurs indices. L'indice cynégétique d'abondance, fourni par les chasseurs pratiquants, qui signalent le nombre de bécasses levées lors de chaque sortie. Cet indice ne donne qu'une indication, mais établi sur les 20 dernières années et associé aux autres indices, il permet d'établir des courbes qui finalement se confondent.

L'indice d'abondance nocturne est fourni par les bagueurs qui opèrent la nuit, lorsque la bécasse quitte le bois pour aller se nourrir.

Les indices qualitatifs qui sont collectés par les chasseurs et les bagueurs renseignent sur l'âge, le poids et éventuellement les informations contenues sur la bague lorsque l'oiseau en est porteur. Ces indices sont recoupés avec les observations ramenées des zones de migration estivale, de Scandinavie ou de Biélorussie, où le réseau national bécasse effectue des missions régulières. La compilation de toutes ces informations et leur comparaison sur la durée, (ce système fournit des données depuis plus de 20 ans), permet de se faire une idée plutôt précise de l'état de la population et de ses variations en fonction des périodes de sécheresse ou au contraire d'hivers trop rigoureux.

On estime ainsi que la bécasse, une espèce que l'on n'a toujours pas réussi à élever en captivité, a plutôt bien profité de la déprise agricole. Elle apprécie en effet les sous-bois pas trop clairs près des zones humides. Sa population dans les zones d'hivernage du Sud-Ouest est stable ou en augmentation.