Dordogne les lapins classé nuisible

Face aux dégats causés par les lapins, l'espèce a été classée nuisible dans 16 communes de Dordogne


Suite à l'arrêté préfectoral du 6 juin, les piégeages de lapins, qui se font à l'aide de furets, sont autorisés toute l'année. archives « so »

La Dordogne risque-t-elle de devenir un immense gruyère? Si on laisse galoper et proliférer encore les lapins de garenne, c'est probable. Certes, à l'échelle du département cette recrudescence reste raisonnable mais la vallée de la Dordogne est bel et bien envahie. Au point que l'animal vient d'être classé espèce nuisible sur 16 communes situées en bord de rivière entre Bergerac et la frontière avec la Gironde. Du jamais vu dans le département. Cette mesure pourrait même dans les jours qui viennent s'étendre à des communes de la vallée de l'Isle.

Cette décision prise par les services de l'État favorise la chasse et le piégeage de l'animal. L'objectif est simple : contrer les dégâts importants causés par une population de lapins toujours en hausse.





Dans un arrêté datant du 6 juin, la préfecture donne l'autorisation de poser des pièges toute l'année. À l'aide de furets lâchés dans les terriers, les lapins sont capturés dans des filets et relâchés dans d'autres régions. Il sera aussi possible de les chasser avec un fusil sur des dates élargies (1).

Agriculteurs pénalisés

À Bergerac, sur la route de Marmande, le Conseil général a dû intervenir en urgence l'hiver dernier à cause des bas-côtés menaçant de s'écrouler. Les « culs blancs » en creusant leurs terriers les avaient totalement destabilisés.

Ils ont même failli provoquer des perturbations sur la circulation des trains ! Une opération de piégeage a ainsi été organisée à Vélines sur les fourrés de chaque côté des rails, où ils avaient élus domicile.

Il y a aussi ces particuliers du Bergeracois qui ne peuvent plus faire de plantations sous peine de les voir rongées et détruites les jours qui suivent. Mais ce sont les viticulteurs de Monbazillac et les agriculteurs qui sont les plus pénalisés. Sur certaines exploitations le préjudice se chiffre à plusieurs dizaines de milliers d'euros.

« Généralement, ce sont des prairies entières qui peuvent être rasées par les lapins. Pour un agriculteur qui possède plusieurs hectares de luzerne, et dont le rendement est moins important cette année du fait de la sécheresse, le préjudice est très important », note Éric Fedrigo, responsable du service environnement et gestion de la chasse à la Direction départementale des territoires (DDT).

« La grande évasion »

À Saint-Vincent-de-Cosse, les lapins avaient pris possession d'une partie du terrain de camping du Tiradou cet hiver et ce printemps. Au départ, cela amusait plutôt le propriétaire habitué hors saison à accueillir des écureuils, des poules d'eau et divers oiseaux. Mais, à l'approche de la saison touristique, c'est devenu un véritable fléau. Pour la première fois, Éric Djaou a vu une partie de son établissement se transformer en terrain miné, « un remake de la grande évasion », avec des dizaines de terriers creusés sous les chalets et dans les allées. Il y a un peu plus d'une semaine, avec l'aide de la DDT, un piégeage de lapins a été organisé afin de débarrasser les lieux de ces hôtes devenus indésirables.

Même les municipalités subissent ce phénomène. À Trélissac, le maire Francis Colbac fait désormais appel régulièrement à la société de chasse pour éloigner les lapins qui abîment le terrain de rugby et de foot. Des opérations du même type ont eu lieu à Menesplet et Sorges.

Plusieurs phénomènes expliquent cette augmentation. « Cela fait trois ou quatre ans qu'il n'y a pas eu d'épidémie. Par le passé, la myxomatose ou le VHD avaient permis de réguler la population de lapins », explique Éric Fedrigo. La sécheresse de cette année a aussi conduit les lapins à se regrouper dans les zones irriguées, en bord de rivière et sur les exploitations de céréales.

Débroussailler

L'organisation de l'habitat dans les campagnes en périphérie des villes est un facteur aggravant : « La chasse est interdite à proximité des habitations. Ces terres sont peu entretenues. Cela en fait un terrain de jeu privilégié pour les lapins », note Matthieu Salvaudon, le directeur de la Fédération départementale de la chasse.

Celui-ci lance donc un appel pour un meilleur entretien des bords de berges et des terrains non cultivés.

(1) Les 16 communes concernées : Lamothe-Montravel, Montcaret, Saint-Seurin-de-Prats, Vélines, Saint-Antoine-de-Breuilh, Port-Sainte-Foy-et-Ponchapt, Le Fleix, Saint-Pierre-d'Eyraud, La Force, Prigonrieux, Bergerac, Gardonne, Lamonzie-Saint-Martin, Saint-Laurent-des Vignes, Monbazillac et Rouffignac-de-Sigoules.Selon l'arrêté préfectoral du 6 juin, les dates de chasse du lapin de garenne sur les 16 communes sont autorisées du 1er au 21 mars 2012 et du 15 août2012 à l'ouverture générale.