Haute Marne il va (encore) falloir passer à la caisse

Les deux tiers des chasseurs présents à l’assemblée générale de la fédération des chasseurs, hier, à Nogent, ont voté pour l’instauration d’un “timbre grand gibier” (2 080 voix). Cette formule a été préférée à une taxe supplémentaire à l’hectare (1 343 voix). Le vote à bulletins secrets a confirmé ce que beaucoup envisageaient. Une nouvelle taxe à l’hectare signifiait un alourdissement significatif des comptes de toutes les associations de chasse du département. Si dans cette formule, seuls les adjudicataires étaient priés de passer à la caisse, dans le second cas, c’est l’ensemble des chasseurs qui devront s’acquitter de ce montant de 55 € supplémentaires. L’enjeu? Faire face à un déficit prévisionnel de 662 000 € pour le prochain exercice. Et Patrick Lhuillier a été très pessimiste sur ce sujet annonçant que déjà « la Fédération avait comptabilisé 900 000 € de dégâts sur les prairies alors que ne sont pas encore enregistrés les dégâts sur les semis ainsi que les blés en lait. C’est une proposition de solidarité départementale qui vous est présentée », a -t-il martelé.

Une cotisation volontaire de solidarité
Ce timbre grand gibier vient en complément d’une augmentation des bracelets sangliers qui désormais seront répartis en six catégories (Le Journal de la Haute- Marne du mardi 19 avril). A la demande de l’Association des chasseurs de grand gibier une “cotisation volontaire de solidarité” sera demandée aux chasseurs extérieurs au département, ou qui prennent un permis de chasse national. Car la Fédération des chasseurs n’aura alors plus aucune réserve dans sa trésorerie du compte dégâts de gibier. Il lui reste 131 000 € actuellement dans cette réserve qui seront engloutis pour le prochain exercice. La Fédération des chasseurs a donc proposé de puiser dans ses réserves de fonctionnement de près de deux millions d’euros, confirmés par le président Jean- Marie Huguenin. Ainsi 300 000 € seront affectés à la caisse dégâts de gibier.

Appel aux pouvoirs publics
Mais au final, l’ensemble des chasseurs devra payer. Et certains se sont émus de la situation financière de petites sociétés de chasse, mais pas seulement. « Pour nous, cela signifie payer plus l’année prochaine. Je demande d’intervenir auprès des pouvoirs publics pour qu’ils prennent part aux dégâts de gibier », a lancé un adjudicataire quand un autre s’est inquiété du poids économique pour les jeunes chasseurs au pouvoir d’achat exsangue. D’autre part, l’augmentation constante des locations de chasse fait peser également un lourd tribut pour les adjudicataires dont certains ont déjà fait savoir qu’ils ne pourraient plus payer. Si l’ambiance générale était modérément calme, certaines réactions en disent long sur la situation actuelle. Ainsi, il est évident que c’est la communauté qui paye pour quelques chasses dont la gestion des populations laisse à désirer. « Je me souviens que l’an passé j’ai été interpellé pour me dire que l’on était les fossoyeurs de la chasse en Haute-Marne, car des sangliers, il n’y en aurait plus. Et pourtant cette saison nous en avons tué 12 000 », a résumé Patrick Lhuillier. Le plus inquiétant et le plus objectif reste la superficie touchée. Elle a doublé en dix ans, passant de 677 ha en 2001 à 1 256 ha en 2010.