Ardennes 3 braconniers arretés

FUMAY (Ardennes). Prendre un braconnier en flagrant délit est rare. En prendre trois est exceptionnel. C'est pourtant le joli coup réussi, dans la nuit de vendredi à samedi, par les agents de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).

SAMEDI vers 2 heures du matin, trois jeunes Revinois qui s'étaient donné du courage au bistrot, avant de sortir les gros calibres dans la forêt des Manises, sont tombés sur plus fort qu'eux.
Les trois « chasseurs de nuit », dont l'un est membre de la société de chasse locale La Revinoise, tandis qu'un autre est en train de passer… son permis de chasser, sont tombés dans la musette des gardes de l'ONCFS.
Les faits se sont déroulés dans la forêt domaniale des Manises, sur le territoire de Fumay. Ils nous ont été relatés par Benoît Colmant, qui n'est autre que le titulaire du droit de chasse dans cette forêt et par le capitaine Stéphane Authier, commandant la compagnie de gendarmerie de Revin. Ils sont corroborés par Lucien Dapvril, chef de la brigade nord à l'ONCFS, qui a dirigé ce « flag'» magistral. Le garde, observant un strict devoir de réserve, a simplement indiqué qu'il faut « en moyenne 30 sorties pour faire un coup pareil » et que de mémoire, le dernier de cette importance remontait à 1996.
L'enquête a débuté à la fin de l'automne, lorsque des chasseurs (des vrais) de Revin ont commencé à soupçonner des actes de braconnage dans les bois alentours.
L'ONCFS ayant entendu que les anciens voulaient régler ça à la dure, « à coups de bûches », ses agents ont tout fait pour « choper » les braconniers avant que ça ne tourne au vinaigre. De rumeur en rumeur, d'information en dénonciation, l'étau s'est peu à peu resserré autour de quelques Revinois à la gâchette facile, habitués à « faire la route » comme ils disent. C'est-à-dire à filer, de nuit, sur les petites routes forestières, avec projecteur et fusil, pour massacrer du gibier.
Cette fameuse nuit de vendredi, tout était réuni, selon les gardes, pour faire sortir les braconniers. A savoir : une fin de semaine, un temps doux, et surtout un élément-clef : il avait plu la veille. Dans ce genre d'affaires, ces pluies sont en effet essentielles : elles font pousser les tendres brins d'herbe dont raffolent les chevreuils. Elles font aussi sortir les vers, qui font du coup sortir les sangliers, qui eux-mêmes font sortir les braconniers !
Il faut être un sacré garde pour savoir quand les braconniers vont entrer en scène, mais aussi où ils vont choisir de braconner. Car la forêt des Manises, c'est un peu plus de 1200 hectares… Le flair de Lucien Dapvril a de nouveau été un précieux allié, au même titre que ses deux collègues de l'ONCFS et que le garde-chasse de Benoît Colmant, tous sur la brèche cette nuit-là.
Ils avaient décidé de se poster à deux endroits différents, à proximité de la parcelle des Mélèzes, au cœur de « la domaniale ». Ayant enfilé par précaution un gilet pare-balles (un braconnier pris peut être plus féroce qu'un sanglier), ils se sont installés sur des sites où les téléphones portables captaient.
Lucien Dapvril n'était pas en poste depuis bien longtemps lorsque la voiture tant attendue est arrivée, presqu'à sa hauteur. Bingo. Le garde a alors contacté ses collègues pour qu'ils rappliquent aussitôt. Et l'étau s'est resserré pour de bon.
Les trois jeunes n'ont pas prétexté s'être perdus en forêt, ni être allés aux champignons. Dans la voiture, il n'y avait ni boussole ni panier, mais l'équipement du parfait chasseur nocturne : deux fusils chargés avec des chevrotines (du prohibé et du costaud), ainsi qu'un projecteur éclairant à 200 mètres.
Les trois hommes, âgés de 22 à 24 ans, n'ont pas opposé de résistance. Ils ont été conduits à la brigade de gendarmerie de Fumay, où ils ont été auditionnés et où les infractions ont été relevées. Ils auront prochainement à répondre de leurs actes devant la justice, vraisemblablement le tribunal correctionnel.

Adrien a écrit:Du très boulot, bravo !

Adrien a écrit:C'est édité !