Haut Rhin interdiction de l'agrainage

Cet arrêté préfectoral en date du 23 mars, revoit les modalités d’agrainage fixées par le schéma départemental de gestion cynégétique du Haut-Rhin, établi en 2006.

Le but de l’agrainage dit de dissuasion est de maintenir les sangliers en forêt et les empêcher de dévaster les champs de maïs ou les prairies de montagne. Les chasseurs sont très attachés à cette pratique qui, outre le fait de limiter les dégâts, participe également au maintien d’une population à des endroits donnés.

Dorénavant, tout apport artificiel de nourriture sera interdit en plaine (entre le Rhin et la RD83) du 15 novembre au 28 février, sera interdit dans les collines sous-vosgiennes du 1er décembre au 28 février, et sera interdit toute l’année en montagne, au-dessus de 700 mètres d’altitude.

« Cette décision est principalement motivée par les dégâts provoqués par les sangliers sur les cultures : on a atteint un montant record en 2010 », défend Christophe Kauffmann, responsable de la chasse à la DDT du Haut-Rhin. Selon le Fonds d’indemnisation des dégâts de sanglier, les indemnisations ont oscillé entre 1,8 et 3,7 millions d’euros pour 800 à 1 700 hectares de terres agricoles entre 2007 et 2010.

« D’autres départements comme la Meuse ont pris la même mesure, visant à obliger les sangliers à se déplacer, ce qui augmentera les chances de les abattre », poursuit Christophe Kauffmann, qui compte également sur les battues administratives pour mettre un terme à l’accroissement de la population de sangliers.

«On ne pourra pas maîtriser les conséquences d’une telle interdiction»
Les agriculteurs revendiquaient depuis deux ans la limitation de l’agrainage. « On a l’impression que certaines chasses ressemblent à des élevages intensifs. On ne peut plus continuer de la sorte, déplore Laurent Wendlinger, président de la chambre d’agriculture du Haut-Rhin. On ne pourra pas maîtriser les conséquences d’une telle interdiction sur les cultures, il y aura des dégâts supplémentaires, mais c’est la solution la moins pire », estime-t-il, en tablant sur une régulation des dégâts d’ici deux ans.

Quant aux chasseurs, ils se disent totalement opposés à cet arrêté. « Nous avions établi un schéma qui permettait de faire de la dissuasion, on nous l’interdit désormais. Dans ce cas, les chasseurs ne sont plus d’accord pour continuer à indemniser les dégâts agricoles, rugit Jean-Rodolphe Frisch, président de la Fédération Départementale des Chasseurs, qui déposera un recours contre cet arrêté au tribunal administratif. Si la préfecture appliquait le schéma actuel en contrôlant davantage l’agrainage, il y aurait moins d’exagération dans ces pratiques. »

Les chasseurs redoutent une explosion des dégâts agricoles, par conséquent des montants d’indemnisations versés par ces derniers. « C’est à nous de régler le problème, poursuit-il. Le développement du sanglier est un phénomène naturel que nous assumons autant que faire se peut. » Une sectorisation renforcée de la surtaxe, qui responsabiliserait davantage les chasseurs concernés ainsi que la remise en question des réservoirs de gibier où la chasse est interdite (abords du Rhin notamment) permettrait de contribuer à enrayer cette surpopulation problématique de suidés, selon lui.