Landes le sanglier de la discorde (encore...)

Les relations entre les agriculteurs et la Fédération des chasseurs des Landes se crispent de plus en plus à propos des dégâts de gibier sur les cultures. C'est le sujet qui a le plus animé les élus de la Chambre d'agriculture des Landes, qui tenait session hier après-midi à Mont-de-Marsan. Surtout à cause du sanglier, dont l'indemnisation des dégâts causés coûte de plus en plus cher à la Fédération, qui a du mal à les financer.

Jean-Marc Benquet, élu de la Chambre, dénonçait hier une série de décisions, qui lui semblent injustes, prises par le dernier conseil d'administration de la Fédération. « Le problème était devenu préoccupant il y a quelques années autour du camp de Captieux, rappelle-t-il, avant que la solution de la clôture soit trouvée. Depuis, la prolifération a repris dans d'autres secteurs du département, créant dégâts dans les maïs et accidents de la circulation routière. »



Pourtant, un règlement départemental a été adopté, permettant à chasseurs et agriculteurs de travailler ensemble pour maîtriser la population des cochons sauvages. Un plan d'agrainage, disposant des grains de maïs à proximité du logement des animaux, pour les attirer en dehors et surtout les éloigner des cultures, a été mis en place, ainsi que des battues. Mais cela ne suffit pas et les agriculteurs estiment que tous les chasseurs ne jouent pas le jeu. « La plupart du temps il n'y a pas de soucis, tempère Alain Labarthe, maire de Bégaar, les battues sont organisées régulièrement par les chasseurs, mais on sait que ce n'est pas partout le cas. »

Sont alors pointés du doigt, dans des secteurs du département qui ne sont pas mentionnés, le refus de réaliser des battues administratives ou la volonté de ne pas trop éliminer de sangliers, afin de préserver le garde-manger.

Des décisions « injustes »
« Résultat, explique M. Benquet, la Fédération a en projet de faire supporter à toutes les ACCA (Association communale de chasse autorisée) le déficit de la caisse des indemnisations. C'est injuste, parce que cela fait porter le même poids financier à ceux qui jouent le jeu et à ceux qui ne le jouent pas. » L'administrateur de la Chambre se demande aussi pourquoi une caisse d'indemnisation consacre seulement, suivant les années, un quart à un tiers de son budget à indemniser les dégâts, le reste servant à payer les expertises, évaluations et frais d'avocat. Il trouve également injuste la décision prise, toujours par la même Fédérations des chasseurs, « de proposer des abattements de 25 à 50 % des indemnisations aux agriculteurs, parce qu'ils resèment du maïs sur la parcelle attaquée l'année précédente. Ici, on fait du maïs sur maïs, tout le monde le sait. »

Les interventions des professionnels de l'agriculture landaise ne sont pas toutes aussi acerbes. Christophe Mesplède (Modef), dit que « le monde agricole a besoin régulièrement des chasseurs, ils rendent des services importants, et je suis mal à l'aise quand on les stigmatise ». « Il faut retrouver des relations normales avec les chasseurs, renchérit Vincent Lesperon (Modef), tout le monde y a intérêt. »

Dominique Graciet, président de la Chambre d'agriculture, clôt les débats en rappelant que les agriculteurs vont reprendre la saison en fournissant gratuitement 200 tonnes de maïs pour l'agrainage, afin d'initier les procédures. « Mais cela ne doit pas rester à la seule charge des agriculteurs, dit-il. On ne peut pas transférer ainsi une partie du revenu des uns à un mode de loisirs pour les autres. » Le sujet risque de faire causer lors de l'assemblée générale des chasseurs, le 16 avril prochain à Soustons.