chasse de pauvre

La garrigue est pauvre, les plaines sont pauvres, les bois sont pauvres, tous les lieux qu’il fréquentait était désespérément pauvres … de gibiers.

Si pauvres qu’il ne faudrait pas mettre un « S » à gibier.

Et ça le minait.

Le Paul traînait sa nostalgie, son chien et son fusil dans ces lieux depuis des lustres, à la recherche de l’ineffable, du seul gibier que, peut-être, un jour, son chien lèverait…

C’était jour de fermeture.

Le Paul avait fait une fanny monumentale cette année-là. Ce n’était pas de sa faute, le seul gibier qui était encore commun, ce sont ces tourterelles dites « turques », même pas de chez nous…
Le Paul se refusait à tirer ces petites bêtes sans intérêt pour la chasse - même si elles sont classées gibier au titre de la loi -
Les tourterelles fréquentaient assidûment son jardin, les lieux de chasse, il y en avait partout et en grand nombre et le chien s’était résigné à les ignorer.

A part ça, c’était le désert cynégétique, le trou noir, le néant absolu… ou presque.
Et c’était jour de fermeture…

Le Paul avait tenu comme chaque année à faire cette fermeture. De toute façon les quolibets de sa femme, les moqueries des voisins, il s’en fichait comme de l’an 40, de l’an 60, de l’an que ven, bref, ça lui passait au-dessus.
Il allait à la chasse pour se laver la tête du boulot, être dehors, en compagnie de son vieux Toby, chien fidèle et d’une patience à toute épreuve.
Le patron aussi était d’une patience à toute épreuve, car qui, à part lui, aurait encore pris chien, veste et fusil pour courir la campagne à la recherche… du temps perdu ?

Le Paul voulait que cette fermeture soit parfaite, il avait mis un point d’honneur à parcourir chaque secteur de son territoire, le Moulin, Bon près, Font neuve, les Côtes et enfin le chemin de Salet.
Et il l’avait fait avec parcimonie, avec attention, on aurait pu dire avec amour… il ne négligeait aucun petit endroit qui aurait pu receler le plus petit gibier, la plus maigre sauvagine qui se serait perdue, par hasard et serait, en ce jour de fermeture, sur le territoire…
Il faisait ça par intuition, car, si habituellement le chasseur a tendance à repasser en un endroit où il a repéré quelques sauvagines, le Paul ne pouvait se fier qu’à son pifomètre… et à Toby.
Le chien allait et venait, il s’adaptait naturellement aux conditions de terrain, se rapprochait du maître quand ils étaient aux bois, il quêtait avec de larges lacets en plaine et collait aux bottes en garrigue épaisse.
Tout allait donc au mieux dans le meilleur des mondes, la complicité homme-chien était parfaite, mais il n’y avait encore et toujours aucun gibier…

Les heures passaient ainsi, comme dans un rêve, on aurait pu penser qu’il s’agissait d’un cauchemar.
Pour le Paul il n’en était rien : la fluidité de la quête du chien, l’immense quiétude des lieux qu’il ressentait au plus profond de son être, la douceur de cette fin d’hiver, tout cela lui apportait une totale communion avec son environnement et une paix intérieure qu’il n’avait jamais aussi bien ressenti.

Il était déjà bien tard. Il était temps de rentrer par le chemin de Salet, ensuite il suffirait de descendre la dernière colline, de reprendre le chien en laisse pour traverser la grande route, de monter le petit sentier, et ce sera la fin de la saison, la fin de cette année de chasse.

Pour le Paul, l’instant était chargé d’émotion.

C’est alors que Toby s’est mis a l’arrêt après une très courte quête. L’arrêt était ferme, autoritaire, sans questionnement possible.
Cela dura quelques secondes, une éternité.

Le coq décolla, lâchant son cri métallique puissant, toute sa force vouée à prendre appui sur le souffle du vent. Une fraction de seconde plus tard, la poule a suivi la même trajectoire, les deux silhouettes fuyant dans l’obscurité naissante.

Le Paul n’a pas esquissé le moindre mouvement.
Les images se sont collées à sa mémoire, pour toujours.

Il en tremblait encore de bonheur, c’était comme dans un rêve, seul le regard du chien était insupportable.
Insupportable.
Alors il a caressé Toby, encore et encore.

Je crois bien qu’il a pleuré.

Toby n’a pas compris, il a laissé le Paul lui passer la grande laisse, ils ont traversé la grande route, ils ont monté le petit sentier.
C’est vrai : la garrigue est pauvre, les plaines sont pauvres, les bois sont pauvres mais le Paul est devenu l’homme le plus riche du monde, riche d’avoir couru la garrigue, les plaines et les bois et d’avoir enfin trouvé, au bout du bout,

le chemin de son bonheur.

Magnifique

super!

Merci Jean Paul, je serais moi aussi intéressé par ton livre.
Dis moi ce qu'il faut que je fasse pour l'obtenir.
Amicalement

comme toujours, un régal.

Encore une très belle histoire qui me fait m'évader.
Tu as un talent Jean-Paul. Merci de nous le partager.
Très belle fin.
Vivement le mois prochain.

Très belle histoire

nehru32 a écrit:Merci Jean Paul, je serais moi aussi intéressé par ton livre.
Dis moi ce qu'il faut que je fasse pour l'obtenir.
Amicalement

Dans un petit mois en principe... alors je vous donnerai les infos, j'ai signé le BAT ( bon à tirer), après délai pour l'édition et le référencement par l'éditeur, donc à ce moment là j'aurai moi même les infos.
Merci à toi, merci à vous, toujours un plaisir de partager avec vous
a+
jp

et toi tu nous fais un immense honneur à partager tes écrits avec nous.

Bon, là... putain con, j'en ai presque les larmes aux yeux de ce que tu me dis ! et honneur rime avec bonheur, c'est pour des petits moments comme ça qu'on écrit, merci mille fois !!!!!!!!.... elle est pas belle la vie ?
Des fois on s'énerve des enquiquinements des escrolos, des couillonnades, l'avantage qu'on a sur eux, c'est qu'ils ne savent pas vivre, ils sont tristes à mourir. Nous, même sans rien, ou pas grand chose, comme dans cette histoire, on a toutes les émotions de peu de choses, on vit !

Au top Parrain !
toujours un régal de te lire ...
moi j 'ai un petit avantage sur nos amis ici présents , c'est que je chasse avec toi

oh que si qu'elle est belle la vie, et continuons d'en profiter tant que la santé nous le permet.
Mes 2 passions que sont la chasse et le rugby m'ont fait passé d'inoubliables moment, ce sont 2 activités qui me parlent d'amitié et de convivialité, ces 2 mots doivent nous guider tout au long de notre vie, sinon, pour ce qui me concerne une personne qui ne les applique pas, je la laisse loin de moi, elle ne mérite pas d'être connue.
Pour résumer, ce que j'ai écrit plus haut, je le pense vraiment, c'est un honneur que tu nous fasses partager tes écrits.
Merci

Très beau récit... Merci pour nous le faire partager.
J'imagine le regard de Toby.... Parfois mon Corto (braque français des Pyrénées) quand je ne tirais pas un oiseau qu'il avait bloqué me regardait en ayant l'air de me dire...: "Ben a quoi ça sert que je me décarcasse...!"...

Alors caresses, caresses et félicitons... Mais bon... Il était toujours un peu déçu...

Merci pour ces bons moments , très agréable de vous lire.
Dites nous quand la parution sera disponible, Merci beaucoup

Très belle histoire avec une fin heureuse qui donne les larmes aux yeux. Je connais presque la même chasse sur le petit gibier, maintenant je ne met pas les cartouches dans le fusil mais dans ma poche, pour revivre ce moment de chasse (( la recherche, l'arrêt et le départ du gibier )) Merci pour cette belle histoire, j'adore.
La vie est belle avec tes histoires Jean-Paul 13.

Remington a écrit:Très belle histoire avec une fin heureuse qui donne les larmes aux yeux. Je connais presque la  même chasse sur le petit gibier, maintenant  je ne met pas les cartouches dans le fusil mais dans ma poche, pour revivre ce moment de chasse (( la recherche, l'arrêt et le départ du gibier )) Merci pour cette belle histoire, j'adore.
La vie est belle avec tes histoires Jean-Paul 13.

Elle est surtout diététique.

j-c a écrit:Merci pour ces bons moments , très agréable  de vous lire.
Dites nous quand la parution sera disponible,  Merci beaucoup

Voilà le lien pour l'accès au livre, j'ai eu des retours que c'est disponible rapidement après la commande, sinon vous me faites un MP et je vous le fais parvenir

https://librairie.editions-baudelaire.com/roman/1379-toine-des-garrigues-9791020313201.html?search_query=cappy&results=1

Magnifique

j'adore

Bonjour à tous ,

J ai reçu le livre de Jean Paul13, TOINE des Garrigues avec une très belle dédicace.

merci bien JP et ALLEZ L OM

JC

comment commander TOINE des Garrigues avec une dédicace ?

Demandes lui en mp ,je ne crois pas qu il refuse

Le souci pousse bois c'est que tu n'as pas activé tes messages privés, j'ai essayé sans résultats. ça marque que tu refuses les mp, ça doit pouvoir se modifier ! Si tu n'y arrives pas fais moi signe on se débrouillera d'une autre façon mais ça m'embête un peu de laisser mes coordonnées sur un site, pas par rapport aux collègues de PLC bien sûr, mais on est lu par d'autres cocos et certains sont pas gentils-gentils !!!